Affaire Khashoggi: le parquet turc demande l’extradition des suspects saoudiens

En Turquie, le parquet turc a lancé ce vendredi une procédure d’extradition contre 18 Saoudiens soupçonnés d’être impliqués dans le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi. Cette demande intervient alors que le procureur général saoudien est attendu à Istanbul ce dimanche.

Avec notre correspondante à Istanbul,Anne Andlauer

Le président turc Recep Tayyip Erdogan l’avait déjà suggéré verbalement, à deux reprises, en réclamant que les 18 suspects saoudiens du meurtre de Jamal Khashoggi soient jugés en Turquie. La demande d’extradition est désormais officielle.

Le parquet d’Istanbul, chargé de l’enquête, a remis les noms des 18 suspects au ministère de la Justice, qui les a à son tour transmis au ministère des Affaires étrangères, lequel doit adresser la demande aux autorités saoudiennes.

La police et les services de renseignement turcs avaient identifié très tôt 15 de ces 18 Saoudiens, arrivés à bord de trois avions la veille et le matin de la mort du journaliste. Ils s’étaient présentés aux douanes avec leurs vrais passeports et les caméras de surveillance avaient pu retracer toutes leurs allées et venues entre l’aéroport, leur hôtel, le consulat saoudien et la résidence du consul. Ils avaient quitté la Turquie le soir même.

Tous étaient des agents de la sécurité ou du renseignement saoudiens, dont certains connus pour être très proches du prince héritier Mohammed ben Salman. Parmi eux figurait aussi un spécialiste de médecine légale, ce qui a très tôt alerté les enquêteurs turcs sur le caractère prémédité du crime. Les trois autres Saoudiens étaient des responsables du consulat d’Istanbul, a révélé cette semaine Recep Tayyip Erdogan.

Gagner du temps

Dans cette affaire, le royaume saoudien semble chercher à gagner du temps alors que les pays occidentaux affichent une certaine réserve à s’opposer à leur puissant allié économique. Les Etats-Unis comme la France ont annoncé refuser d’interrompre la vente d’arme à l’Arabie saoudite. Riyad qui est également à la tête de la coalition internationale au Yémen à laquelle sont attribuées de nombreuses bavures. Pour Didier Billion, directeur adjoint de l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) et spécialiste de la Turquie et du Moyen-Orient, il ne serait pas étonnant que les Occidentaux tout comme l’Arabie saoudite attendent simplement que la pression redescende.

J’estime que le gouvernement français n’a pas fait montre d’un grand courage politique dans cette affaire ; les Etats-Unis pour leur part n’ont pas lâché leur allié.
RFI