Africa CEO Forum : « Si Mark Zuckerberg était né à Abidjan, aurait-il créé Facebook ? »

Les débats sont lancés à Abidjan, dans le cadre de la 6e édition de l’Africa CEO Forum, qui s’est ouverte ce lundi. Un premier panel composé de chefs d’entreprises et du président de la Banque africaine de développement s’est interrogé sur l’appropriation par l’Afrique des révolutions technologiques actuelles.

Les débats sont lancés à Abidjan, dans le cadre de la 6e édition de l’Africa CEO Forum, qui s’est ouverte ce lundi. Un premier panel composé de chefs d’entreprises et du président de la Banque africaine de développement s’est interrogé sur l’appropriation par l’Afrique des révolutions technologiques actuelles.

Dans la foulée de la cérémonie d’ouverture et des allocutions des présidents zimbabwéen, ghanéen et ivoirien, un premier débat de l’Africa CEO Forum s’est ouvert sur le thème central de l’édition de cette année : « Comment l’Afrique peut-elle s’approprier les révolutions technologiques actuelles ? »

Le consultant marocain Amine Tazi-Riffi, spécialiste des politiques d’industrialisation, a appelé chefs d’entreprises et gouvernements à unir leurs forces pour créer des filières industrielles efficaces en s’appuyant sur le digital. « C’est un impératif pour les économies africaines, tant l’industrialisation est structurante pour elles, créatrice de valeur ajoutée et d’emplois. Désormais, pour attirer les investisseurs pour bâtir des usines sur le continent, la question des salaires n’est plus aussi cruciale. En revanche, celle de la maîtrise des technologies – en particulier de la robotique et de la gestion des données – devient majeure », a-t-il averti, appelant les pouvoirs publics à investir dans la formation d’ingénieurs africains, pour ne pas rater le coche.

Le président de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina, a quant à lui rappelé la nécessité de travailler à la création d’écosystèmes industriels, dotés de toutes les infrastructures nécessaires, y compris éducatives. « À Dakar, Luanda et Kigali, où nous appuyons l’émergence de zones économiques spéciales, la coexistence d’usines et de leurs sous-traitants, d’incubateurs économiques et de centres de formation voire d’universités crée une dynamique », a-t-il expliqué.

Optimisation de la distribution

Pour faire émerger des filières industrielles locales, le Nigérian Alhaji Abdulsamad Rabiu, patron du groupe industriel BUA, a quant à lui rappelé la stratégie réussie du Nigeria, qui, par un contrôle graduel des importations de ciment et d’engrais et le soutien fiscal aux entrepreneurs industriels locaux, a permis la floraison de cimenteries et d’usines de fertilisants sur tout le territoire du géant ouest-africain.

Des productions dont la distribution est optimisée grâce à des applications sur téléphones mobiles. « Près de 100 000 emplois ont été créés dans la filière ciment au Nigeria grâce à cette politique. Et chaque jour, ce sont 9 000 tonnes de ciments qui sont produites localement. Il est possible de poursuivre cette alliance entre chefs d’entreprises locaux et gouvernements dans d’autres pays et secteurs », a-t-il fait valoir.

« Reste à savoir si l’Afrique sera capable de faire éclore en son sein les génies entrepreneuriaux du digital de demain, s’est interrogé le Sud-Africain Kuseni Dlamini, président de la chaîne de distribution sud-africaine Massmart. Si Mark Zuckerberg était né à Abidjan, aurait-il créé Facebook ? Elon Musk, né en Afrique-du-Sud, aurait-il fondé Tesla s’il n’était pas parti aux États-Unis ? Nous devons créer un environnement favorable pour les start-up sur notre continent », a-t-il affirmé aux participants de l’Africa CEO Forum.

Par jeuneafrique