Assassinat de Jamal Khashoggi : Nadal et Djokovic iront-ils jouer en Arabie saoudite ?

Iront, iront pas à Djeddah, en Arabie saoudite, le 22 décembre prochain, pour se produire lors d’un match d’exhibition sur un terrain de tennis… des plus glissants ?

Telle est la question qui se pose avec acuité aux deux têtes d’affiche du tournoi de Bercy, les champions Rafael Nadal et Novak Djokovic, et tient actuellement en haleine le microcosme médiatique, et pas uniquement sportif, à l’heure où le royaume wahhabite est entaché du sang du supplicié Jamal Khashoggi.

Il y a quelques semaines de cela, avant que MBS, le prince héritier réformateur, ait perdu de sa superbe aux yeux d’un monde qui voit désormais en lui un bourreau impitoyable, la monarchie saoudienne se réjouissait d’accueillir prochainement sur son sol les deux stars du tennis mondial, avec d’autant plus d’ostentation que l’un et l’autre se disaient alors « impatients de jouer et visiter ce magnifique pays ».

Mais depuis, la fin atroce de Jamal Khashoggi a considérablement terni l’image idéalisée de l’Arabie saoudite vantée par ses deux ambassadeurs de choix, grassement rémunérés pour endosser le rôle (à hauteur de 1 million de dollars chacun), et c’est avec la plus grande circonspection que Rafael Nadal et Novak Djokovic se sont prononcés, en conférence de presse, quant à leur venue à Djeddah, sur un terrain qui paraît de plus en plus miné…

« Personnellement, j’essaie de rester apolitique et de ne pas m’impliquer dans les échanges ou situations politiques », s’est justifié Djokovic, renchérissant au sujet de la disparition tragique du journaliste saoudien : « Quand on voit quelque chose de ce genre, bien entendu, on a un ressenti. Mais je ne peux pas vous en dire davantage. Mon équipe est en contact avec les gens d’Arabie saoudite. Il en va de même pour celle de Rafa. On essaie de mieux comprendre la situation, de mieux la capter. Parce que, pour l’instant, on n’a pas assez d’informations. Il faut étudier cela de près » (source L’Equipe). 

Abondant dans son sens avec la même prudence, Rafael Nadal a déclaré : « Je suis au courant de la situation mais je m’étais engagé à jouer un an auparavant. Mon équipe leur parle afin d’analyser les choses. Quand un tel fait se produit, c’est absolument terrible. Un journaliste a perdu la vie. Je sais que des choses horribles se sont passées à l’intérieur (du consulat d’Arabie saoudite à Istanbul, ndlr). Nous sommes en train d’évaluer la situation et j’espère que les choses seront clarifiées le plus vite possible ».

Pas encore mise au ban des nations (realpolitik oblige…), la monarchie saoudienne est en tout cas plus que jamais sur le banc des accusés, suscitant l’effroi sur tous les terrains ainsi que de forts remous diplomatiques.

Amnesty International et Luca Lotti, l’ex-ministre italien des Sports devenu député, exhortent à l’unisson, chacun de leur côté, à ne pas disputer la Super-coupe d’Italie à Riyad, en janvier 2019. Il faut à tout prix éviter au football italien « d’écrire une des pages les plus sombres de son histoire », met en garde Luca Lotti. Une page qui s’écrirait à l’encre de sang.

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