Cette Saoudienne rêve de monter une sélection de football féminin

Depuis plus de 20 ans, Saja Kamal ne rêve que d’une chose : jouer au football sous pavillon saoudien. Un combat de toujours qu’elle mène ballon au pied

Le football féminin a encore des montagnes à gravir pour gagner en légitimité face à son pendant masculin. Qu’à cela ne tienne ! Les meilleures joueuses mondiales ont décidé de commencer par la plus insurmontable d’entre elles, le Kilimandjaro ! Et le 24 juin 2017, il y a un an tout juste, se jouait le match à l’altitude la plus élevée de toute l’histoire du football… féminin et masculin confondus !

Faire accepter le football féminin, une montagne à gravir

Ces 32 joueuses, âgées de 18 à 66 ans et venues de plus de 20 pays différents se sont affrontées à une hauteur de 5 729 mètres sur la montagne la plus élevée d’Afrique et sous les yeux experts d’arbitres féminines accréditées par la FIFA. Cet exploit, à l’initiative de l’ONG Equal Playing Field et inscrit au Guinness Book des records, vient effacer le précédent record établi à 3 500 mètres d’altitude en Suisse en 2016 par des joueurs exclusivement masculins.

Parmi ces joueuses et aux côtés d’autres représentantes du monde arabe – à l’instar de Yasmeen Shabsough, joueuse jordanienne ou encore Esraa Awad, sacrée meilleure joueuse d’Egypte en 2010 – se trouvait la Saoudienne Saja Kamal. Son combat à elle est national : elle rêve de former une sélection saoudienne de football féminin dans un Etat jusqu’ici très fermé à la pratique sportive féminine. Ce premier record pour Saja en appelait un second, quelques mois plus tard : celui du match joué à la plus basse altitude. L’exploit s’est tenu en avril dans la Mer Morte en Jordanie et était organisé par la même ONG.

Des sportives frustrées

Le football et Saja, c’est une histoire d’amour de plus de 20 ans, faite de tiraillements et de frustrations. Eprise du ballon rond depuis l’âge de 4 ans, elle a dû, toute sa vie, se contenter de jouer dans des équipes non officielles et souvent éphémère, parfois même sans entraîneur.

Saja a tout de même eu une chance que peu de ses concitoyennes ont connue, celle de grandir dans une résidence de la société pétrolière Aramco. Ces quartiers, où les mœurs sont plus permissives et où la culture est très occidentalisée, ont été le terrain favorable au développement de sa passion et de ses premières techniques. A l’adolescence, elle quitte l’Arabie saoudite pour le Bahreïn où elle parvient à intégrer le club de l’Arsenal et se faire ses premières armes au poste d’avant-droit de l’équipe. Elle part ensuite faire ses études aux Etats-Unis et joue, enfin officiellement, dans l’équipe féminine de L’université Northeastern à Boston, tout en obtenant avec succès un master en Sciences politiques et Gestion de projet.

Le monde professionnel et le football : un même combat

A son retour dans son pays d’origine, elle travaille durant 5 ans chez Aramco où elle essaie de lancer sa propre équipe, qui ne survivra malheureusement que deux ans. Plusieurs initiatives d’équipes féminines de football émergent parallèlement dans le pays et parviennent à se rassembler lors de championnats ou d’événements spontanés officieux. « La toute première fois que nous avons joué, c’était à la Coupe du Golfe des clubs champions en 2003, se remémore Saja dans les colonnes du quotidien émirati The National. Nous avons affronté l’équipe nationale de Jordanie, celle d’Irak et même celle de Palestine. »

Aujourd’hui consultante au sein d’un cabinet de conseil international basé à Dubaï, Saja profite des libertés que lui offre son emploi pour passer du temps à Riyad et œuvrer à la réalisation de son rêve : monter une équipe féminine de football saoudien. Un objectif qui passe par une lutte plus globale : celle du droits des femmes du Moyen-Orient à l’accès au sport. Elle est à ce titre investie dans les actions menées par Equal Playing Field en faveur de l’égalité entre sportives et sportifs.

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