Chine : au moins un million d’Ouïghours internés dans des camps

« Nous parlons réellement ici d’une urgence humanitaire. » L’appel d’Adrian Zenz, spécialiste du Xinjiang, qui enseigne à l’Ecole européenne de culture et de théologie de Berlin, est alarmiste. Il dénonce une politique chinoise qui « cherche à changer l’identité fondamentale et le système de croyances de tout un peuple. » Une répression « sans précédent » que dénoncent des experts des Nations Unies. Vendredi, ces derniers ont affirmé que la Chine aurait arrêté un million, voire plus, de membres de la communauté ouïghoure dans l’ouest du Xinjiang — parqués dans des camps — et forcé jusqu’à deux millions de personnes à suivre un programme de « rééducation. »

Des musulmans « traités comme des ennemis de l’Etat »

C’est une nouvelle fois sous couvert de lutte contre l’extrémisme religieux que les autorités chinoises ont transformé le Xinjiang en « quelque chose qui ressemble à un camp d’internement géant », une « sorte de zone sans droits », déplorent les membre du Comité pour l’élimination de la discrimination raciale des Nations unies. Ils étaient réunis pendant deux jours à Genève pour évoquer ce problème. Pour ce faire, ils se sont basés sur des compte-rendus prouvant que les musulmans chinois « sont traités comme des ennemis de l’Etat uniquement sur la base de leur identité ethno-religieuse », écrit notamment Mme McDougall, citée par le New York Times.

L’ambassadeur de Chine auprès des Nations unies à Genève a lui aussi été invité à s’exprimer. Sans surprise, il a bien entendu salué la politique de la Chine envers les minorités et affirmé que les progrès économiques dans la région avaient permis de sortir 20 millions de personnes d’une pauvreté extrême depuis cinq ans. La Chine explique sa répression en expliquant que le terrorisme et l’extrémisme religieux sont très présents dans le Xinjiang. C’est la première fois que le pays asiatique doit répondre de ses actes envers les Ouïghours devant la communauté internationale. Mais le diplomate est resté très vague alors que les militants chinois veulent que l’ONU agisse.

Torture et impossibilité de prendre des avocats

Car les chiffres ne mentent pas : plus de 20 % des arrestations en Chine en 2017 ont eu lieu au Xinjiang alors que la population de cette région représente 2 % de la population totale de la Chine, indique l’ONG China Human Rights Defenders. Selon des universitaires et des activistes, un million de personnes sont actuellement détenues dans des centaines de camps de « rééducation » dans le Xinjiang. « Il n’y a aucune base légale, aucune, pour que les gens soient détenus de cette manière », peste Sophie Richardson, directrice de la Chine pour Human Rights Watch qui reproche à la Chine de ne pas laisser les personnes arrêtées pouvoir appeler un avocat ou ne serait-ce que leur famille. Plusieurs Ouïghours seraient morts dans ces centres et auraient été torturés, affirment des militants chinois.

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