Côte d’Ivoire : le Conseil de politique économique désormais à pied d’œuvre

Le président ivoirien a officiellement installé, vendredi dernier, le Conseil national de politique économique (CNPE). Annoncé en janvier dernier, c’est un organe d’analyse stratégique et d’intelligence économique qui se chargera d’accompagner le pays sur la voie de l’émergence.

C’est une première en Côte d’ivoire qui confirme la volonté du pays de se donner tous les moyens pour atteindre ses ambitions économiques. Le Conseil national de politique économique (CNPE) qui a été annoncé en janvier dernier par le chef de l’Etat, a été officiellement lancé le vendredi dernier, à l’occasion d’une cérémonie en grande pompe au Palais de la présidence par Alassane Dramane Ouattara (ADO). Annoncé en janvier dernier, le CNPE est un organe d’analyse stratégique et d’intelligence économique créé au sein de la présidence ivoirienne. C’est ce qu’a indiqué le chef de l’Etat lors de la cérémonie à laquelle assistaient plusieurs personnalités dont le président de la BAD, Akinwumi Adesina, Après avoir rappelé sa vision de faire de la Côte d’Ivoire, un pays émergent à l’horizon 2020, ADO a relevé les réformes importantes qui ont été engagées depuis 2011 pour améliorer l’attractivité de l’économie ivoirienne, ce qui a fait d’elle, une des économies les plus «fortes» qui, en dépit des chocs et des aléas, notamment en 2017, avec la chute drastique des cours du cacao sur le marché mondial, est restée «résiliente, robuste et forte».

Selon le président, ces performances sont les résultats d’une ambitieuse politique de développement et de réformes courageuses ainsi que ceux d’une discipline budgétaire et d’une gestion macroéconomique saine, mises en œuvre par le gouvernement ivoirien, toutes choses qui ont valu à la Côte d’ivoire d’être classé “pays pré – émergent par le FMI et la Banque Mondiale. Selon un communiqué de la présidence, ADO a aussi estimé que ces résultats économiques sont «une réelle source de fierté pour ses compatriotes». Toutefois, a précisé la même source, ADO a reconnu que pour maintenir ces niveaux de performances sur le moyen et le long terme, il faudra relever un certain nombre de défis, notamment la question de la jeunesse, de son éducation, de sa formation et de son emploi, le phénomène du changement climatique, la question des défis sécuritaires et des mouvements migratoires, la diversification de nos économies et l’amélioration du climat des affaires ; la mobilisation d’importantes ressources financières pour financer nos économies par l’augmentation des épargnes publique et privée.

Prendre son «destin en mains»

C’est pour faire face à ces défis que la Côte d’Ivoire a décidé, a expliqué ADO, que le pays a décidé de prendre son «destin en mains» avec la ferme détermination d’être «l’acteur principal» de son développement. Pour cela, a-t-il ajouté, il faudra des orientations stratégiques à moyen et long terme pour nous permettre d’être au rendez- vous des défis à venir. C’est ce qui explique la création du CNPE qui aura, entre autres objectifs, d’identifier et de proposer des solutions aux grands défis économiques nationaux et internationaux. D’autant que comme l’a relevé, l’économiste et ancien directeur du FMI et de la BCEAO, «l’insuffisance de centres de recherche économique et sociale, publics ou privés performants dans nos Etats, réduit leur capacité d’anticipation, d’analyse stratégique et quelquefois la pertinence de certaines de nos décisions». La quasi-totalité des études disponibles sont produites par des centres de recherche en dehors de notre sphère géographique a ainsi fait remarquer ADO.

« Les statistiques montrent que sur un total de 7815 think tanks au monde en 2017, seuls 8.5% sont implantés en Afrique subsaharienne. C’est pour pallier cette situation que le Conseil National de Politique Economique (CNPE) a été créé au sein de la Présidence de la République. Au plus haut niveau décisionnel de l’Etat, en synergie avec l’action gouvernementale, il aura parmi ses objectifs d’identifier et de proposer des solutions aux grands défis économiques nationaux et internationaux, que le pays doit relever en vue d’atteindre son émergence. Les meilleures compétences au monde, en particulier ivoiriennes, seront sollicitées pour l’animer et conseiller nos choix stratégiques de politique économique ».

Ainsi et pour ce faire, les meilleures compétences au monde et particulièrement ivoiriennes, seront, selon le président, sollicitées pour animer et conseiller les choix stratégiques de politique économique. Selon le chef de l’Etat, les rapports entre le secteur privé et le CNPE seront très étroits d’autant que le secteur privé sera associé à ses travaux. Intervenant à cette occasion, le vice-président Daniel Kablan Duncan a abondé dans le même sens, soulignant que le CNPE vise à renforcer le cadre institutionnel du processus d’élaboration et de mise en œuvre des politiques économiques dans notre pays. Le président du CNPE, s’est engagé à faire en sorte que le Conseil s’érige en un véritable instrument d’accompagnement du chef de l’Etat et du gouvernement afin de leur permettre « d’anticiper les risques et défis que génère le contexte mondial, régional et national, mais aussi de tirer profit des niches économiques qu’offre le village planétaire qu’est le monde actuel ». Quant au président de la Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI), Jean – Marie Ackah, il a salué la création de cet organe qui vient à « point nommé, pour répondre à une attente forte » du patronat. Le patron des patrons ivoiriens a ajouté que le secteur privé prendra toute sa part dans cette structure.

Présidé par le vice-président, Daniel Kablan Duncan, le CNPE a comme vice-président, le premier ministre, Amadou Gon Coulibaly, alors que son secrétariat exécutif est assuré par le ministre, et secrétaire général de la Présidence, Patrick Achi qui sera secondé par la ministre chargé du Plan, Nialé kaba. Les ministres en charge des questions économiques sont aussi membres de droit du CNPE, et ses sessions pourront être élargies à différents acteurs du service public et du secteur privé en fonction des thématiques discutées a annoncé la présidence ivoirienne.

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