« Du mythe à la réalité » des migrations: à Marrakech, l’adoption d’un pacte mondial « non contraignant » propose des principes directeurs aux États Membres

MARRAKECH (Maroc), 10 décembre — « Jalon historique » pour certains, « meilleur compromis possible » pour d’autres, le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières a été adopté, ce matin à Marrakech, au Maroc, par 130 États Membres de l’ONU réunis à l’occasion d’une Conférence intergouvernementale « de consécration », présidée par le Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Maroc, M. Nasser Bourita.  La Conférence s’est déroulée en l’absence de plusieurs pays, indécis ou réfractaires à cet instrument pourtant juridiquement non contraignant. Son adoption coïncidait avec le soixante-dixième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, sur laquelle, entre autres, s’appuie ce document, à l’avenir appelé « Pacte de Marrakech sur les migrations ».

« Vous êtes ici parce que vous reconnaissez l’importance de ce Pacte en tant que feuille de route pour prévenir la souffrance et le chaos et proposer des stratégies de coopération bénéfiques pour tous », a déclaré, à l’ouverture, le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres.  Mais avant tout, le Chef de l’Organisation s’est attaqué aux « contre-vérités » concernant ce Pacte, objet de campagnes de désinformation et d’âpres débats politiques, comme celui qui a coûté le week-end dernier au Gouvernement de la Belgique sa majorité parlementaire, ce dont a témoigné aujourd’hui le Premier Ministre, M. Charles Michel, sous un tonnerre d’applaudissements.

« Mythe numéro 1 », a lancé le Secrétaire général: le Pacte permettrait à l’ONU d’imposer des politiques migratoires à ses États Membres, empiétant sur leur souveraineté.  « Faux », a-t-il tranché.  « Il s’agit d’un cadre de coopération internationale qui réaffirme spécifiquement le principe de souveraineté des États, nommément « [leur] droit […] de définir leurs politiques migratoires nationales et leur droit de gérer les migrations relevant de leur compétence, dans le respect du droit international ».

« Mythe numéro deux », a poursuivi M. Guterres, le Pacte établirait un nouveau droit de migrer permettant à chacun de choisir son pays de destination et le moment de s’y rendre, alors que le Pacte ne fait que réaffirmer que les migrants doivent voir leurs droits humains respectés, indépendamment de leur statut.

« Mythe numéro trois »:la migration serait pour l’essentiel un mouvement de population de l’hémisphère Sud vers l’hémisphère Nord.  « Faux », a répété le Secrétaire général, en expliquant que les migrations Sud-Sud excèdent nettement les migrations Sud-Nord.  Il y a ainsi davantage de migrants africains dans d’autres pays africains qu’en Europe, ce que le Président de la Commission de l’Union africaine, M. Moussa Faki, n’a pas manqué de rappeler de son côté.

Et « mythe numéro quatre »: les pays développés n’auraient pas besoin de migrations.  « Faux », là encore, a martelé le Secrétaire général, qui s’est appuyé sur un constat également dressé par plusieurs délégations après lui, à savoir que, dans de nombreuses régions du monde où les taux de natalité sont en berne et l’espérance de vie en hausse, la croissance démographique –et, partant, la croissance économique– est vouée à stagner en l’absence de migrations pour accroître et diversifier la main-d’œuvre.

Sur ce point précis, M. Erol Kiresepi, Président de l’Organisation internationale des employeurs (OIE), le plus important réseau mondial d’entreprises à travers le monde avec plus de 50 millions d’adhérents, a mis en garde les participants de la Conférence: d’ici à 2030, une pénurie estimée à 85 millions de personnes qualifiées pourrait coûter des milliards de dollars en termes d’opportunités économiques manquées.

« Si les compétences nécessaires sont indisponibles à l’échelle locale, et l’embauche de professionnels à l’étranger trop onéreuse, les entreprises, en particulier les petites et moyennes entreprises, ne seront pas compétitives et ne créeront plus d’emplois », a ajouté le représentant du secteur privé.  La Chancelière de l’Allemagne, Mme Angela Merkel, et le Ministre de l’intérieur de la Finlande, M. Kay Mykkanen, ont abondé dans le sens de cette analyse, en prenant pour exemples leurs propres pays, qui illustrent un tel scénario.  Le Pacte mondial repose sur deux idées simples, a résumé le Secrétaire général.  « Tout d’abord, la migration a toujours existé, mais dans un monde où elle est de plus en plus inévitable et nécessaire, elle devrait être bien gérée et sûre, et non irrégulière et dangereuse. »  Par ailleurs, les politiques nationales ont beaucoup plus de chances d’aboutir grâce à la coopération internationale.

Chef du Gouvernement du Maroc, M. Saad-Eddine El Othmani, a donné lecture d’un message du Roi Mohammed VI, témoignant l’intérêt de longue date de son pays pour la question migratoire, qui culmine aujourd’hui, près d’un an après avoir conduit l’Union africaine à adopter l’Agenda africain pour la migration.  Selon le souverain, il incombe à la communauté internationale de prouver maintenant que « le multilatéralisme n’est pas le parti de la chaise vide, de la désertion et de l’indifférence ».  À cet égard, l’Afrique, a-t-il assuré, ne sera pas le sujet du Pacte, mais un « acteur central » de sa mise en œuvre, doté de son propre Observatoire des migrations, et dont le siège sera au Maroc.

L’un des cinq Chefs d’État à s’être exprimés aujourd’hui, M. Azali Assoumani, Président des Comores –pays qui a justement coordonné la position africaine durant les négociations intergouvernementales à New York– a souligné que la mise en œuvre du Pacte était pour nombre de pays comme le sien conditionnée par le renforcement de leurs capacités.  Partenariats et financement sont en effet nécessaires aux « pays d’origine » pour réaliser les 23 objectifs du Pacte, qui vont de la collecte de données ventilées à la lutte contre les problèmes structurels qui poussent des personnes à quitter leur pays, en passant par le perfectionnement des compétences.

Le Président comorien s’est donc à ce titre réjoui de la création d’un « mécanisme de renforcement des capacités au sein du système des Nations Unies », prévu par le Pacte, de même que le Ministre de l’intérieur du Mozambique, M. Basilio Monteiro.  À condition, a plaidé le Premier Ministre de la Grèce, M. Alexis Tsipras, que ce mécanisme évite l’« excès de bureaucratie » et facilite les synergies avec tous ceux qui existent déjà.

Alors que son pays a été la porte d’entrée en Europe d’importants flux migratoires et de réfugiés depuis 2015, M. Tsipras s’est enorgueilli de la solidarité démontrée par les Grecs vis-à-vis des nouveaux arrivants, en dépit de leurs propres difficultés.

M. Jean Asselborn, Ministre des affaires étrangères du Luxembourg, a en revanche regretté les « retraits et désaffections » de plusieurs pays, dont des États Membres européens « qui ont empêché l’Union [de faire] entendre sa voix comme il sied dans un dossier qui la concernait tant », au risque « de vendre son âme et ses valeurs fondamentales ».  Mme Angela Merkel a renchéri, s’inscrivant en porte-à-faux par rapport à ceux qui tentent de discréditer le Pacte en disséminant des « informations fallacieuses » avant même son adoption.

Le Secrétaire général a donc proposé de passer « du mythe à la réalité », en précisant que, aujourd’hui, plus de 80% des migrants dans le monde se déplacent de manière sûre et ordonnée d’un pays à l’autre.  Mais le pourcentage restant a un coût humain énorme, qui a atteint le chiffre de 60 000 migrants morts au cours de leur périple, souvent en raison de l’exploitation dont ils sont les victimes par des passeurs sans scrupules.  Mme Cheryl Perera, fondatrice de l’organisation OneChild et représentante de la société civile, s’est longuement attardée sur le fait que les femmes et les filles étaient les plus vulnérables, que ce soit dans les pays d’origine, de transit, ou de destination.

CONFÉRENCE INTERGOUVERNEMENTALE CHARGÉE D’ADOPTER LE PACTE MONDIAL POUR DES MIGRATIONS SÛRES, ORDONNÉES ET RÉGULIÈRES

Résumé du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières (A/CONF.231/3)

Le Pacte mondial établit un cadre de coopération juridiquement non contraignant en matière de migration internationale, sur la base de la Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants de 2016 et des principes de la Charte des Nations Unies.  Il s’agit du tout premier accord global touchant à toutes les dimensions des migrations internationales.

Approuvé le 13 juillet 2018 lors de négociations intergouvernementales, son libellé affirme que les migrations constituent une réalité pluridimensionnelle d’une grande importance pour le développement durable des pays d’origine, de transit et de destination.  Il articule une vision et des ambitions communes aux États de même que les responsabilités partagées par ceux-ci dans le domaine des migrations.  Ses principes directeurs mettent l’accent sur la dimension humaine des migrations, la coopération internationale, la souveraineté nationale, la primauté du droit ou encore le développement durable.

Le Pacte mondial réaffirme la souveraineté des États en matière de migration ainsi que les obligations qui leur sont faites en vertu du droit international, tout en reconnaissant qu’aucun État ne peut gérer seul la question des migrations.  Il affirme en outre le droit pour les États de distinguer entre migrants réguliers et irréguliers dans la mise en œuvre de leurs politiques migratoires.

Le Pacte mondial comprend 23 objectifs définissant un cadre de coopération et de mise en œuvre, ainsi que des mécanismes de suivi et d’examen.  De la collecte de données ventilées à la lutte contre les problèmes structurels qui poussent des personnes à quitter leur pays d’origine, en passant par la réduction des vulnérabilités auxquels sont exposés les migrants, ces objectifs, accompagnés d’actions possibles, serviront à assurer des migrations sûres, ordonnées et régulières pour le bénéfice de tous.

Pour accompagner la mise en œuvre du Pacte par les pays, il est prévu la création d’un mécanisme de renforcement des capacités au sein du système des Nations Unies, composé d’un pôle de liaison, d’un fonds d’amorçage et d’une plateforme mondiale de connaissances.

La mise en œuvre sera aussi facilitée par l’initiative du Secrétaire général de créer un réseau des Nations Unies consacré aux migrations, dont les chefs d’État et de gouvernement se félicitent.

En adoptant le Pacte, les chefs d’État et de gouvernement décident de transformer le Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales en « Forum d’examen des migrations internationales » qui se réunira tous les 4 ans à compter de 2022.

Il est demandé au Secrétaire général de rendre compte tous les deux ans de la mise en œuvre du Pacte, tandis que la présidence de l’Assemblée générale devra ouvrir en 2019 un cycle de consultations intergouvernementales transparentes et ouvertes à tous, en vue de déterminer les modalités précises et les aspects organisationnels des forums d’examen des migrations internationales.

Quant au Forum mondial sur la migration et le développement, il est appelé à fournir chaque année un espace de débat informel sur la mise en œuvre du Pacte mondial.

Déclarations liminaires

Ouvrant les travaux de la Conférence intergouvernementale après avoir été élu à sa présidence par acclamation, M. NASSER BOURITA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Maroc, a rappelé que le Maroc n’avait ménagé aucun effort, ces dernières années, pour faciliter les réunions ayant permis d’arriver à la rédaction du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.  Le Maroc a assumé ses responsabilités en tant que membre actif de la communauté internationale dans le cadre de la responsabilité commune et partagée et le souci de la prise en compte et de la gestion de tous les facteurs des migrations, y compris la traite des personnes.  À ceux qui prétendent que le multilatéralisme n’est pas le meilleur moyen de s’atteler à cette question, M. Bourita a rétorqué que le multilatéralisme est à même d’apporter des solutions aux défis globaux, notamment la migration qui touche tous les pays et régions.  « La différence ne signifie nullement l’indifférence », a-t-il déclaré, en espérant que cette « conférence historique pour adopter un pacte historique » soit une conférence « de consécration » qui poursuive la Déclaration de New York et représente une action ferme, dans l’harmonie entre les intérêts des États et l’humanisme.

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a commencé son intervention en déclarant que le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières est le résultat d’efforts considérables et douloureux.  « Vous êtes ici parce que vous reconnaissez l’importance de ce Pacte en tant que feuille de route pour prévenir la souffrance et le chaos et pour proposer des stratégies de coopération bénéfiques pour tous ».  Mais beaucoup de « contre-vérités » circulent au sujet de ce document et de l’enjeu global que représentent les migrations, a-t-il déploré.

Aussi, le Chef de l’Organisation a-t-il souhaité dissiper quelques « mythes ».  Le premier d’entre eux, c’est celui selon lequel le Pacte permettrait à l’ONU d’imposer des politiques migratoires aux États Membres, empiétant sur leur souveraineté.  « Faux », a-t-il tranché, avant de rappeler que le Pacte n’est pas un traité, et qu’il n’est pas juridiquement contraignant.  « C’est un cadre de coopération internationale, ancré dans un processus intergouvernemental de négociations fondé sur la bonne foi, qui réaffirme spécifiquement le principe de souveraineté des États, notamment « le droit souverain des États de définir leurs politiques migratoires nationales et leur droit de gérer les migrations relevant de leur compétence, dans le respect du droit international ».

« Mythe numéro deux », a poursuivi M. Guterres, le Pacte établirait un nouveau droit de migrer permettant à chacun de choisir son pays de destination et le moment de s’y rendre, alors que le Pacte ne fait que réaffirmer que les migrants doivent voir leurs droits humains respectés, indépendamment de leur statut.  « Mythe numéro trois » :la migration serait pour l’essentiel un mouvement de population de l’hémisphère Sud vers l’hémisphère Nord.  « Faux », a répété le Secrétaire général, en expliquant que les migrations Sud-Sud excèdent nettement les migrations Sud-Nord.  Il y a ainsi davantage de migrants africains dans d’autres pays africains qu’en Europe.  Et « mythe numéro quatre »: les pays développés n’auraient pas besoin de migrations. Là encore, a assuré le Secrétaire général, c’est « faux ».  Dans les nombreux endroits où la fécondité est en déclin et l’espérance de vie en hausse, les économies stagneront et les populations souffriront de l’absence de migrations.  Le Secrétaire général en a voulu pour preuve le cas de sa mère, qui vit au Portugal, est âgée de 95 ans et a besoin de soins à domicile 24 heures sur 24.  « Lors de ma visite, je vois rarement une personne portugaise s’occuper d’elle.  Ce sont normalement les migrants qui répondent à ses besoins jour et nuit, et le Portugal n’est pas l’un des pays les plus riches du monde », a-t-il expliqué.

Il est clair, a dit le Secrétaire général, que la plupart des pays développés ont besoin de migrants pour des occupations de premier plan, allant de la prise en charge des personnes âgées à la prévention de l’effondrement des services de santé, pour ne citer que deux d’entre eux.  Il a donc proposé de passer « du mythe à la réalité », en précisant que, aujourd’hui, plus de 80% des migrants dans le monde se déplacent de manière sûre et ordonnée d’un pays à l’autre.  Mais la migration non réglementée a un coût humain énorme, a reconnu le haut fonctionnaire, en faisant état des pertes en vies humaines provoquées par les périlleux voyages à travers les déserts, océans et fleuves, et en dénonçant les passeurs, les employeurs sans scrupules et autres prédateurs.  « Plus de 60 000 migrants sont morts en déplacement depuis l’an 2000.  C’est une source de honte collective », a lancé le Secrétaire général.

Derrière chaque « chiffre » se cache une personne –femme, enfant, homme-, qui rêve simplement de ce que chacun de nous rêve: opportunité, dignité et vie meilleure.  « Mais que leur mouvement soit volontaire ou forcé, et qu’ils aient ou non pu obtenir l’autorisation officielle de circuler, tous les êtres humains doivent faire respecter leurs droits fondamentaux et leur dignité.  Nier cela –et dénigrer tout groupe de personnes– est le chemin qui conduira à la déshumanisation et à l’horreur », a mis en garde le Secrétaire général.  À mesure que les sociétés deviennent de plus en plus multiethniques, multiconfessionnelles et multiculturelles, les investissements politiques, économiques, sociaux et culturels dans la cohésion sociale sont essentiels, a préconisé M. Guterres: « Chaque membre, chaque groupe doit se sentir valorisé en tant que tel et avoir simultanément le sentiment d’appartenir à la société dans son ensemble.  C’est le moyen de lutter contre la vague de fond actuelle de racisme et de xénophobie ».

De manière plus générale et tout aussi urgente, nous devons nous attaquer aux racines du mécontentement dans de nombreux pays face aux changements rapides et aux inégalités croissantes.  « Le Pacte mondial repose sur deux idées simples, a relevé le haut fonctionnaire.  Tout d’abord, la migration a toujours été avec nous, mais dans un monde où elle est de plus en plus inévitable et nécessaire, elle devrait être bien gérée et sûre, et non irrégulière et dangereuse. »  Par ailleurs, les politiques nationales ont beaucoup plus de chances d’aboutir grâce à la coopération internationale.

Le Pacte procède d’une démarche qui doit permettre d’aider non seulement les migrantes et les migrants, mais aussi les communautés d’origine et d’accueil.  Il reconnait l’importance, du point de vue du développement, des envois de fonds.  Les sommes que les migrants envoient chez eux représentent le triple du montant de l’aide publique au développement, même si c’est dans leurs nouvelles communautés que les migrants dépensent 85% de ce qu’ils gagnent, a observé le Secrétaire général.  Le document adopté aujourd’hui insiste aussi sur la nécessité de proposer davantage de filières légales, pour mieux lutter plus efficacement contre le trafic et l’exploitation.

Autre point important, selon M. Guterres, le Pacte propose un cadre de réflexion sur les stratégies d’appui au développement dans les pays d’origine.  « La migration devrait être un choix et jamais un acte de désespoir. »  Le Pacte vient faire entendre les voix des femmes et des filles, qui sont particulièrement vulnérables et représentent près de la moitié des 260 millions de migrants à travers le monde.  Le Pacte, a-t-il poursuivi, offre un cadre pour mieux se préparer à des problèmes imminents, à savoir notamment les mouvements de population aggravés par les changements climatiques.  Il trouve son socle dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  « Je le répète: les principes et normes universellement reconnus, y compris la souveraineté de l’État, y sont réaffirmés. »  Dans le cadre de leur nouveau Réseau, les organismes des Nations Unies, et en particulier l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), s’efforceront d’appuyer au mieux les États Membres.

« Il est vrai que certains États ne sont pas avec nous aujourd’hui.  Je peux seulement espérer qu’ils verront la valeur du Pacte pour leurs propres sociétés et se joindront à nous dans cette aventure commune », a conclu le Secrétaire général.

À son tour, Mme MARÍA FERNANDA ESPINOSA GARCÉS, Présidente de la soixante-treizième session de l’Assemblée générale, a indiqué que la migration fait partie intégrante de l’histoire humaine, aucun pays ou peuple au monde n’ayant été transformé et façonné par ce phénomène.  Aucune personne ne laisse derrière elle sa famille, sa terre, son entourage, sans raison grave.  Les migrants sont des êtres courageux mais, surtout, ils sont des êtres humains, a insisté la Présidente.  Aujourd’hui, nous allons établir un accord pour apprendre des uns et des autres sur la question des migrations.  Le Pacte mondial est un instrument qui regroupe un ensemble de normes et constitue une référence pour les politiques publiques, a-t-elle expliqué.  C’est un pacte pour affronter les problèmes ensemble car la migration est un phénomène transnational.

Le Pacte représente une vision commune pour contrecarrer les discours xénophobes et discriminatoires et parer à des tragédies que nous ne voulons plus jamais, a continué Mme Espinosa Garcés, ajoutant que les gouvernements, la société civile, la communauté de la diaspora et les autres parties prenantes contribueront à sa réalisation.

Le Pacte ne remet aucunement en question la souveraineté des États, a encore précisé la Présidente de l’Assemblée générale: « Aucun pays ne saurait, à lui seul, répondre aux défis posés par la migration ».  Certes, les négociations ont été ardues et longues mais elles valaient la peine, a-t-elle reconnu, mettant en exergue « le grand travail, la ténacité et la diplomatie » des facilitateurs du Mexique et de la Suisse sous la houlette de l’ex-Président de l’Assemblée générale.  L’adoption du Pacte mondial est la meilleure façon de célébrer le soixante-dixième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, s’est félicitée la Présidente de l’Assemblée générale.  Une mère malienne immigrée, un médecin indien au Canada ou d’autres migrants cherchent tous à apporter une contribution aux pays d’accueil, a-t-elle ajouté.

Il s’agit aussi de trouver, aujourd’hui, des solutions au fléau de la traite des personnes dont plus de la moitié des victimes sont des femmes et des filles.  Il est impératif d’avoir une feuille de route commune, ce que le Pacte mondial offre précisément.  Aucun lieu n’est plus approprié que l’Afrique, et le Maroc pour adopter ce document unique.  « L’Afrique, le lieu d’origine de l’espèce humaine », a-t-elle conclu, avant de souhaiter « un espace pour tout un chacun ».

Mme CHERYL PERERA, Fondatrice de l’organisation OneChild, a dit « prêter sa voix aux millions d’enfants et de jeunes dont les vies ont été affectées par la migration », soit 1,8 milliard de personnes venant de toutes les parties du monde.  Elle a évoqué les 30 millions d’enfants forcés de quitter leurs familles par la violence ou les conflits, les 3 millions qui sont apatrides, et le million d’enfants détenus à cause de leur statut migratoire, en soulignant aussi que les enfants constituent le tiers des victimes du trafic d’êtres humains.

Mme Perera a raconté qu’à l’âge de 16 ans, en faisant des recherches pour un projet scolaire, elle était tombée sur une description du commerce sexuel d’enfants: des filles marginalisées des zones rurales vendues par leurs parents ou piégées par des fausses promesses de travail dans des hôtels ou des restaurants dans les villes.  Partie ensuite pendant 3 mois et demi à Sri Lanka pour mener une enquête sur ce sujet, elle avait alors coopéré avec l’Autorité nationale de la protection des enfants et la police, jouant le rôle d’une fille de 15 ans trafiquée dans une opération d’infiltration qui consistait à leurrer un homme suivi par la police pour ses activités sur un site pornographique d’enfants.  L’homme en question avait ainsi été appréhendé lors de l’opération.

« L’expérience m’a ouvert les yeux », a reconnu Mme Perera qui, depuis ce jour, a consacré sa vie à lutter contre le commerce sexuel des enfants en créant l’organisation « OneChild », qui incite les jeunes à agir contre ce trafic d’êtres humains par l’éducation, le témoignage, le soin et l’autonomisation des survivants.  « Notre organisation était la première à mobiliser le secteur privé au Canada sur la question du commerce sexuel des enfants. »  Mme Perera a donné des exemples de sensibilisation auprès d’Air Canada, d’hôtels, d’aéroports, d’agences de voyage, de tours opérateurs et de consulats.  Elle a aussi mentionné avoir levé des fonds pour bâtir un centre de réhabilitation pour 80 filles.  « En une année seulement, nous avons parlé à 74 écoles canadiennes sur la traite et l’exploitation sexuelle. »

Cette histoire, a indiqué Mme Perera, montre à la fois la vulnérabilité des enfants migrants et la solution que les jeunes peuvent apporter à la situation.  Quelque 160 jeunes du monde entier sont présents à Marrakech pour se pencher sur les questions de migration, partager leurs expériences, et planifier des actions créatives et puissantes dans leurs communautés respectives pour la mise en œuvre du Pacte, s’est-elle réjouie.

Elle a appelé la communauté internationale à protéger chaque enfant et à investir dans les jeunes du monde.  « Vous devez aussi répondre aux risques sous-jacents des migrations forcées et non sûres comme les changements climatiques, l’exclusion sociale et politique, les inégalités et les catastrophes.  Il vous faut également mettre fin à la détention d’immigrants, prévenir le commerce de migrants et protéger les victimes, arrêter de pénaliser les migrants, regrouper les familles, préserver la santé des enfants migrants et les scolariser.  Vous devrez agir contre la xénophobie, investir dans les enseignants, les médecins, former la police pour qu’elle puisse éduquer, soutenir et nous protéger. »

Le changement est possible, a conclu Mme Perera en invoquant le fait que les solutions existent.  Elle en a pris pour preuve ce que font déjà de nombreux États et villes.  Pour la mise en œuvre du Pacte, « vous pouvez compter sur nous », a assuré la fondatrice de « One Child » qui a demandé à ce que les États Membres travaillent, investissent et comptent avec et sur les jeunes.

M. EROL KIRESEPI, Président directeur général de Santa Farma Pharmaceuticals et Président de l’Organisation internationale des employeurs (OIE), une organisation présente dans 144 pays et regroupant 155 représentants du milieu des affaires qui, ensemble, représentent plus de 50 millions d’entreprises de toute taille, et forment le réseau mondial le plus important de cette sorte, a parlé au nom du secteur privé.  Pour lui, la question des migrations pose trois défis de premier plan au secteur privé: combler le fossé des compétences; assurer la stabilité sociale; et contribuer à la protection des travailleurs migrants les plus vulnérables.  Le représentant a rappelé que, presque partout dans le monde, les entreprises font face à une pénurie de compétences et de talents.  D’ici à 2030, a-t-il indiqué, un manque de 85 millions de personnes qualifiées pourrait coûter des milliards de dollars en termes d’opportunités économiques manquées.  Rien que l’industrie manufacturière pourrait connaître un déficit de presque 8 millions de travailleurs, a précisé M. Kiresepi.  Or, des politiques migratoires trop restrictives sont susceptibles d’entraver la croissance, a-t-il mis en garde.  « Si les compétences nécessaires ne sont pas disponibles à l’échelle locale, et que l’embauche de professionnels à l’étranger devient trop onéreuse, les entreprises, en particulier les petites et moyennes entreprises (PME), ne pourront pas se montrer compétitives et créer de nouveaux emplois », a-t-il analysé.

Les appels nationalistes à des approches migratoires simplistes découragent l’investissement dans de nouveaux capitaux et marchés et soulèvent des préoccupations au sein du milieu des affaires, a déclaré le Président de l’OIE.  Compte tenu de la complexité et de la confusion entourant la question des migrations, notre communauté, a déclaré le chef d’entreprise, veut se positionner de manière organisée, plutôt qu’individuellement.  « C’est la raison pour laquelle en 2016, nous avons établi un réseau dynamique d’entreprises engagées en faveur de politiques migratoires efficaces. »  Mais nous devons faire davantage, a assuré M. Kiresepi, avant d’annoncer la Déclaration des employeurs de Marrakech, qui présente les besoins immédiats des entreprises, suggère les nouveaux partenariats à établir avec le secteur privé, et formule des recommandations aux gouvernements.

M. SAAD-EDDINE EL OTHMANI, Chef du Gouvernement du Maroc, a donné lecture du message du Roi Mohammed VI du Maroc à la Conférence intergouvernementale.  Le Maroc, « terre d’immigration, de transit et d’émigration » reçoit les délégations en terre d’Afrique, « avec fierté et humilité ».  Le Roi a évoqué l’ampleur de la cause, du chemin parcouru et de l’œuvre qu’il reste à accomplir.  Il a salué le fait que l’adoption du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières coïncide avec la célébration du soixante-dixième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

« Notre vision, c’est d’anticiper l’avenir, pour construire une mobilité ordonnée », a lu M. Othmani, rappelant l’intérêt du Maroc pour la question migratoire.  « Notre approche, c’est de tendre avec constance vers un équilibre salutaire entre réalisme et volontarisme, entre intérêts légitimes des États et respect des droits humains des migrants. »  Ainsi, le Maroc a-t-il conduit l’Union africaine à adopter, en janvier 2018, l’Agenda africain pour la migration.

Selon le Roi, la question migratoire n’est pas et ne devrait pas devenir une question sécuritaire.  « Répressive, elle n’est nullement dissuasive. »  La question de la sécurité ne peut pas faire l’impasse sur les droits des migrants: ils sont inaliénables, a-t-il insisté.  La question de la sécurité ne peut pas nier la mobilité, mais elle peut la transformer en « un levier » de développement durable.

Poursuivant sa lecture, le Chef du Gouvernement du Maroc a dit que le défi de cette Conférence est de montrer que la communauté internationale a fait « le choix d’une solidarité responsable ».  Pour ce faire, il lui appartient de respecter pleinement le droit souverain de chacun de ses membres à déterminer et à mener sa propre politique migratoire.  Il lui incombe de prouver que « le multilatéralisme n’est pas le parti de la chaise vide, de la désertion et de l’indifférence ».

Le défi de cette Conférence, a résumé le Roi, est donc d’unir face aux populismes, de rassembler face à l’isolationnisme et d’apporter, par le dialogue et la coopération internationale, des réponses structurantes à un enjeu majeur de notre temps.  La Conférence de Marrakech est, avant tout, « un appel à l’action ».

À cet appel, a conclu le Chef du Gouvernement du Maroc, « l’Afrique répond dores et déjà présent! »  Elle n’entend pas être en marge.  L’Afrique ne sera pas l’objet du Pacte mondial, elle en sera un acteur central.  L’Observatoire africain des migrations aura son siège au Maroc, a précisé le Roi, en soulignant l’importance de répondre à la voix de la jeunesse.  « La page de l’histoire qui s’écrit aujourd’hui à Marrakech » porte la communauté internationale vers un nouvel ordre migratoire plus juste et plus humain.

Déclarations

M. JUAN CARLOS VARELA RODRÍGUEZ, Président du Panama, a rappelé l’attachement de son pays au débat relatif aux défis et aux opportunités qui se posent s’agissant des communautés humaines.  Face à des problèmes internationaux, des réponses internationales sont nécessaires, a-t-il estimé: la seule manière de garantir que les flux migratoires seront sûrs, ordonnés et réguliers pour tous les États Membres, c’est, selon lui, de partager les informations dans les domaines de la sécurité et du renseignement.

Des opérations de contrôle sont également nécessaires aux frontières, mais elles doivent aussi pouvoir garantir la sécurité des migrants eux-mêmes, a poursuivi le Chef de l’État.  C’est dans cet esprit que son gouvernement a lancé l’opération Flux Contrôlés, qui a permis de gérer les flux de migrants haïtiens et cubains, par exemple.  Il est nécessaire de poursuivre notre collaboration pour assumer nos responsabilités et de mettre en commun nos expériences en vue de mettre en œuvre le Pacte, a déclaré M. Varela Rodriguez.  La responsabilité partagée du fardeau des migrations doit s’enraciner dans les valeurs de justice, de solidarité et de compassion, a conclu le Président, en citant le pape François.

M. ILIR META, Président de l’Albanie, a déclaré que le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières résulte de la nécessité de trouver une réponse collective, dans le partenariat et la solidarité.  Tous les pays, qu’ils soient d’origine, de transit ou de destination, sont affectés par les migrations.  L’expérience nous a appris que nous ne pouvons faire face à ce phénomène complexe que dans un cadre multilatéral.  « Nous ne devons pas permettre à la mobilité humaine de nous affaiblir », a déclaré le Président.  Au contraire, « nous devons nous autonomiser nous-mêmes en créant un mécanisme sûr, humain et digne pour gérer les migrations ».  M. Meta a partagé l’avis de ceux qui avertissent que le Pacte ne doit pas être perçu comme un investissement encourageant les migrations.  Pour nous, a-t-il précisé, c’est une feuille de route qui reconnait que le respect du droit international, de la souveraineté nationale et de l’état de droit est fondamental pour réussir la gestion de tous les aspects de ce phénomène.

L’Albanie et les migrations ne sont pas inconnues l’une à l’autre, a continué le Chef de l’État.  C’est la raison pour laquelle son pays attache la plus grande importance à la question et promet d’honorer les objectifs du Pacte mondial.  En tant que pays candidat à l’Union européenne, l’Albanie a aligné ses politiques d’asile et migratoire sur les conventions de Genève.  M. Meta a assuré travailler étroitement avec les pays européens et les pays voisins dans la réponse aux défis des migrations.  À cet égard, l’Albanie vient de signer un accord avec l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes.  Enfin, le 18 décembre prochain, son pays lancera sa stratégie nationale sur la migration à l’occasion de la Journée internationale des migrants, a fait savoir le Président Meta.

M. AZALI ASSOUMANI, Président de l’Union des Comores, dont le pays a coordonné la position de l’Afrique durant les négociations intergouvernementales à New York, a souligné que le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières est un « important outil qui nous permettra d’apporter une réponse collective, responsable et robuste à l’un des plus grands défis de ce siècle, la question migratoire ».  La présence des délégations à Marrakech traduit selon lui non seulement l’attachement au multilatéralisme et aux principes de la Charte mais aussi « toutes nos ambitions collectives et notre vision globale pour le développement, la paix et la sécurité, notamment à travers la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ».  La mise en œuvre effective de ce pacte ne deviendra réalité que si nous faisons le choix du pragmatisme, de la responsabilité et de l’abnégation, a-t-il souligné, en affirmant endosser « pleinement et avec responsabilité » le Pacte mondial.

M. Assoumani a ensuite appelé à la mise en œuvre de ce document, y compris en renforçant les capacités des États Membres, en particulier les pays d’origine.  Il a particulièrement mis l’accent sur les dispositions du Pacte afférentes au partenariat, au dialogue, à la coopération internationale et au financement, qui reflètent, selon lui, les enjeux majeurs et apportent les réponses adéquates pour créer un environnement propice, ce qui est indispensable pour assurer la mise en œuvre des 23 objectifs du Pacte, le tout en synergie avec le Programme 2030 et le Programme d’action d’Addis-Abeba.

Le Président comorien s’est réjoui également de la création du mécanisme de renforcement des capacités au sein du système de l’ONU qui aura pour rôle d’appuyer les États, l’ONU et tous les autres acteurs concernés.  Ce mécanisme servira de base à la coopération multipartite pour aider les pays d’origine à concevoir et élaborer des projets viables visant à prévenir les migrations irrégulières et à renforcer les capacités à mettre pleinement en œuvre le Pacte mondial.

Ce Pacte, a poursuivi le Président, permettra d’éviter, sinon de limiter, les perceptions négatives et trompeuses.  Il permettra de prévenir les actes d’intolérance, de racisme, de xénophobie et toutes autres formes de discrimination contre les migrants et les diasporas.  « Nous comprenons donc l’impératif de respecter les droits humains des migrants, quel que soit leur statut migratoire », a-t-il affirmé, ajoutant que « l’apport des migrants dans l’émergence économique des grandes nations n’est plus à démontrer ».  Le Président comorien a constaté que certains pays se sont retirés du Pacte mondial alors que ce dernier vise à atténuer les facteurs négatifs et structurels qui empêchent les individus de vivre dans leur pays d’origine et alors qu’il ne promeut en aucun cas des migrations de masse.  Au contraire, ce Pacte vise à sauver des vies et à mettre les migrants à l’abri du danger, en permettant des migrations « sûres, ordonnées et régulières ».

M. Assoumani a dit attendre avec impatience les consultations intergouvernementales en 2019, qui détermineront les modalités et aspects organisationnels du Forum d’examen des migrations internationales, pour un suivi renforcé et efficace.  Il a mis l’accent sur le symbole fort du 10 décembre, jour où nous célébrons le soixante-dixième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, et appelé à affirmer davantage l’attachement aux valeurs universelles des droits de l’homme en acceptant, à l’unisson, ce Pacte, dont l’essence première est le respect des droits de l’homme.

M. JULIUS MAADA BIO, Président de la Sierra Leone, a rappelé que, lorsque les populations migrent soudainement et de manière incontrôlable, ou alors lentement mais avec persistance, elles le font pour toutes sortes de raisons, qu’il s’agisse de fuir des conflits prolongés, d’éviter les conséquences du changement climatique, de s’extirper de la pauvreté ou de trouver de possibles opportunités économiques à l’étranger.  En tant que nation, la Sierra Leone a fait l’expérience de ce problème sous tous ses aspects, a-t-il témoigné.  Aussi le Chef de l’État s’est-il déclaré convaincu que l’adoption unanime du Pacte est un effort inestimable pour répondre aux facteurs de la migration irrégulière, promouvoir les pratiques optimales pour encadrer les migrations internationales, prévenir les migrations illégales et ses conséquences et garantir une voie pour des migrations légales, productives et bénéfiques pour les migrants, ainsi que pour les pays d’origine, de provenance et de transit.  « Nous ne pouvons pas soigner une maladie sans s’en prendre aux causes de la contagion », a ajouté le Président.

Après avoir reconnu la contribution de l’OIM, M. Bio a souligné l’importance de partenariats, des investissements et du commerce, plutôt que simplement recevoir une aide.  C’est seulement en développant leurs économies que les pays en développement pourront rendre les migrations irrégulières moins attractives pour les « essaims » de jeunes chômeurs, a-t-il établi.  Il a donc salué l’adoption du Pacte, qui témoigne d’un engagement renouvelé de la part des États Membres, des organisations internationales et des autres parties prenantes.  Le Président a donné l’assurance que son pays s’emploierait à atteindre les 23 objectifs.

M. JOSÉ MÁRIO VAZ, Président de la Guinée-Bissau, s’est félicité du choix du Maroc, en terre africaine sur la rive de la Méditerranée, pour tenir une conférence intergouvernementale mobilisatrice sur un sujet de portée stratégique et qui représentera, sans aucun doute, un nouveau jalon dans l’histoire de l’ONU.  Selon lui, le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières permettra non seulement de promouvoir et de renforcer les dispositifs existants en matière de réponse humanitaire pour continuer à assister les réfugiés, qui trop souvent, se déplacent au péril de leur vie ou sont exposés à des traitements dégradants, mais aussi de prendre en compte les réalités politiques, économiques, démographiques et culturelles de notre temps.

Il faut agir d’urgence et faire « beaucoup plus », a estimé le Président de la Guinée-Bissau.   L’objectif est de trouver une réponse mondiale, coordonnée et systémique capable de gérer les flux migratoires régionaux et internationaux « dans la dignité ».  Il a tenu à rappeler que le Maroc est situé dans le bassin méditerranéen, « espace géopolitique pilier de l’histoire universelle, espace d’échange mutuel et d’enrichissement entre les peuples, les cultures et les civilisations ».  Or, ces dernières années, la mer Méditerranée a été le théâtre macabre d’une tragédie humaine d’une grande ampleur.  « Des milliers de corps ont été engloutis par cette mer », sur laquelle se sont embarqués les migrants « en quête d’une vie meilleure », a rappelé M. Vaz.  Pour sa part, la Guinée-Bissau a accordé la citoyenneté à 10 000 migrants, dans le cadre d’une politique d’appui et d’intégration des migrants, conformément aux décisions de l’Union africaine, a précisé le Chef de l’État.

Mme ANGELA MERKEL, Chancelière de l’Allemagne, s’est félicitée de « l’échéance historique » que représente l’adoption du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, qui fixe 23 objectifs dont la réalisation ne pourra être atteinte que grâce à la coopération internationale selon elle.  Son pays, en tant qu’État membre de l’Union européenne, connaît bien le principe de circulation des personnes au sein d’une zone géographique et économique donnée, et, « compte tenu de la structure démographique actuelle en Allemagne, notre pays a intérêt à accueillir des migrants, à condition que leur arrivée soit règlementée », a-t-elle fait valoir.

Mme Merkel a donc dénoncé les migrations irrégulières et la traite d’êtres humains, les migrants encourant bien des dangers aux mains des trafiquants.  « Nous ne pouvons pas nous permettre que le franchissement des frontières soit laissé aux mains de ces individus », a insisté la Chancelière.  Elle a félicité le Maroc, qui a tant fait à ses yeux au sein de l’Union africaine sur la question migratoire, pour avoir pris la tête des efforts visant à définir des orientations en ce domaine.  Pour la dirigeante, il faut « donner à la migration un visage humain », en tablant sur des chances égales de développement.

Mme Merkel s’est inscrite en porte-à-faux par rapport à ceux qui s’opposent au Pacte en diffusant des « informations fallacieuses » dans les médias et ailleurs.  Elle a tenu à rappeler qu’elle représente un pays qui, en raison de l’idéologie nationale-socialiste qui a prévalu à un moment donné dans son histoire, a infligé d’indicibles souffrances au reste du monde.  La Chancelière s’est donc félicitée en conclusion qu’une majorité écrasante de parlementaires au Bundestag ait apporté leur soutien à ce document.

M. ANTÓNIO LUÍS SANTOS DA COSTA, Premier Ministre du Portugal, a souligné que la migration internationale avait été un moteur puissant du développement à travers l’histoire: des femmes et des hommes ont souvent fait de longues distances pour rechercher un avenir plus radieux.  Quelles que soient les motivations, aspirations économiques ou humaines, les êtres humains continueront à partir ailleurs, a-t-il prédit, d’où la nécessité de faciliter la migration.  Le Portugal en sait quelque chose, ce pays dont plus de 5 millions de ressortissants vivent aux quatre coins du monde.  Pour M. Costa, la migration peut favoriser la croissance économique et équilibrer les tendances démographiques dans les régions et continents.  Faute de régulation, on va vers plus de tensions et de conflits, a-t-il auguré.  Il a recommandé en conséquence de s’attaquer aux racines de la migration en mettant sur pied des mesures de lutte contre la pauvreté, en coopération avec les pays et régions.

Le Premier Ministre portugais a espéré que l’adoption du Pacte marque une nouvelle ère dans la gestion de la migration sur la base du développement durable et des droits de l’homme.  Ce Pacte est avant tout un engagement politique axé sur les êtres humains, a-t-il affirmé en soulignant qu’il crée un cadre global offrant des principes directeurs aux acteurs étatiques et non étatiques pour coopérer en matière de gestion de la migration.  Il a insisté sur les « vastes références aux droits de l’homme », en particulier pour les personnes les plus vulnérables.  À cet égard, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a un rôle clef à jouer en matière de coordination de la mise en œuvre du Pacte mondial.

Le Premier Ministre a conclu en paraphrasant le nouveau Directeur général de l’OIM, M. Antٕónio Vitorino, pour qui « aucun instrument, aucune politique et stratégie visant à gouverner la migration ne saurait être efficace tant que nous ignorerons que les migrations ont un visage, que les migrants sont des êtres humains très vulnérables, particulièrement les femmes et les enfants migrants, et qu’ils sont fréquemment victimes de la criminalité internationale.  Une approche concrète de la migration requiert des stratégies et des politiques d’intégration renforcées et renouvelées ».

Pour M. AMBROSE MANDVULO DLAMINI, Premier Ministre de l’Eswatini, cette conférence est la preuve que le multilatéralisme reste fort.  « Le Pacte mondial marque un début », a-t-il souligné, pour ensuite inviter les participants à le voir en tant que tel et rien de plus, estimant qu’on ne peut que l’améliorer à partir d’ici.  Notant que la migration est une question qui concerne tout le monde, il a estimé que cette conférence représente l’occasion de développer une « compréhension mutuelle » du Pacte à un moment où les mouvements de personnes sont devenus une nécessité et fréquents.  Ces discussions seront un jalon pour définir la voie à suivre pour garantir un traitement éthique des migrants, a-t-il présagé.  Pour le Premier Ministre, le fait que le Pacte ne soit pas juridiquement contraignant ne doit être entendu comme une invitation à ne pas le respecter mais, au contraire, à en faire un point de départ.

En dépit du fait que l’Eswatini soit l’un des plus petits pays au monde et l’un des plus vulnérables, il est à la fois pays d’origine, de transit et de destination de migrants, a ensuite expliqué le Premier Ministre.  « Fidèle au principe africain d’ubuntu, nous n’avons jamais fermé nos frontières, tout en veillant à leur sécurité et à l’intégrité territoriale du pays et de ses voisins », s’est-il enorgueilli.  La cohésion sociale et l’unité du pays s’expliquent, selon lui, par la « démocratie monarchique » qui promeut la liberté d’expression et l’égalité de tous devant la loi.  Le pays connait cependant des défis à relever et compte sur des stratégies d’investissement responsables pour poursuivre sur la voie du développement durable.

Mgr PIETRO PAROLIN, Cardinal Secrétaire d’État du Saint-Siège, s’est félicité de l’adoption du Pacte qui intervient à un « moment critique de l’histoire ».  Le pape François a dédié la plus grande partie de son pontificat à « l’urgence morale » de prendre soin de ceux qui ont été déplacés et de traiter les causes profondes de ces déplacements, a-t-il rappelé.  Mgr Parolin a plaidé pour entourer en particulier ceux en situation de vulnérabilité, y compris les enfants et les jeunes.  Il a résumé la vision du pape en quatre mots: accueil, protection, promotion et intégration.  Le Saint-Siège appelle les gouvernements et la communauté internationale à encourager les conditions qui favorisent le vivre-ensemble permettant aux communautés et aux individus de vivre dans la sécurité et la dignité.

Il a rappelé, à cet égard que le Saint-Siège avait d’ores et déjà lancé le processus pour identifier la manière la plus efficace avec laquelle les institutions de l’Église catholique et les organisations catholiques à travers le monde pourront faire usage du recueil des meilleures pratiques et recommandations du Pacte mondial.  Si certains ont choisi de ne pas participer au processus ou à la Conférence intergouvernementale, le Saint-Siège est « convaincu » que relever le défi de la migration ne peut se faire que par le biais d’un processus multilatéral, loin de toute politique isolationniste.  Pour finir, il a indiqué que si le Saint-Siège a voté en faveur du Pacte, et ce, en conformité avec sa nature et sa mission, il présentera ses réserves en temps opportun.  Celles-ci, a-t-il détaillé, sont relatives en particulier à une certaine terminologie, à des principes et directives, notamment certaines interprétations idéologiques des droits de l’homme qui ne reconnaissent pas la valeur intrinsèque et la dignité de la vie humaine à chaque étape de son évolution.

M. PEDRO SÁNCHEZ PÉREZ-CASTEJÓN, Président du Gouvernement de l’Espagne, a déclaré que « les migrations sont une partie de notre passé, et seront une partie de notre avenir ».  Elles ne sont pas un mouvement homogène, répondant à un facteur unique, mais une « réalité structurelle, et non conjoncturelle », et, comme les changements climatiques, c’est l’un des défis qui exige de la communauté internationale une responsabilité partagée.  C’est la raison pour laquelle l’Espagne considère que ce Pacte représente un « saut qualitatif », dans la mesure où il s’appuie pleinement sur ce principe.  Bien gérées, les migrations contribuent en effet à combler les déficits démographiques dans les sociétés dont la population est déclinante, a argué le Président du Gouvernement.

Estimant que l’Espagne est bien placée, en tant que pays d’origine, de transit et de destination, pour faire preuve de leadership sur la question des migrations, M. Pérez-Castejón a annoncé l’organisation, en 2019, d’une conférence sur les liens entre désertification et migration dans le sud de l’Espagne, dans la province d’Almeria, et le lancement d’un « plan stratégique de citoyenneté et d’intégration ».  Soulignant à quel point les migrations irrégulières mettent en péril les migrants, M. Pérez-Castejón a insisté sur le respect de la dignité humaine.  À cet égard, si les États ont le droit de fixer leurs propres politiques migratoires, a-t-il relevé, ils sont tenus de le faire dans le respect du droit international.  Il nous faut combattre le rejet des migrations au moment où d’aucuns « appellent à la haine ou à la peur de l’autre ».  « Ne faisons pas l’erreur du passé », a exhorté le Président du Gouvernement espagnol, en soulignant que les migrants sont souvent moins des coupables que des victimes.

M. ALEXIS TSIPRAS, Premier Ministre de la Grèce, a rappelé que lors de l’adoption de la Déclaration de New York sur les réfugiés et les migrants en 2016, l’Europe et d’autres régions étaient affectées par ce phénomène, et que les États s’étaient engagés à lancer un processus de consultation et de négociation devant mener à l’adoption d’un Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.  À présent, nous disposons du résultat de ce processus sous forme d’un cadre politique de coopération, lequel, bien que n’étant pas contraignant, énumère des principes et engagements communs en matière de migration et appelle à une action concrète.  « Dans ce sens, ce n’est pas la fin mais le début de la route », a résumé l’intervenant.

Le monde évolue rapidement, a constaté M. Tsipras; les inégalités à l’intérieur des pays et entre eux s’accroissent, tandis que persistent les défis à l’origine des mouvements migratoires, qu’ils soient liés à la croissance démographique, au manque d’éducation et d’emplois, à l’extrême pauvreté, aux changements climatiques ou aux effets des conflits dans le monde.  Parallèlement, l’information se propage à grande vitesse.  « Ces défis mondiaux exigent des réponses mondiales », a-t-il affirmé, soulignant que le Pacte mondial fait exactement cela.  Il fournit en effet à la communauté internationale un éventail de règles en vue de faciliter la coopération dans toutes les dimensions de la migration, en prenant en considération les capacités d’accueil et les besoins nationaux en matière d’emploi.  En outre, le Pacte facilite l’intégration des migrants réguliers; garantit un retour dans la dignité des personnes nécessitant une protection internationale; traite des causes de la migration irrégulière et combat les réseaux criminels axés sur le trafic des migrants.

Ce faisant, a ajouté le Premier Ministre, les États érigent en priorités absolues la protection de la vie des migrants, la préservation des droits de l’homme, l’application de mesures soucieuses de l’égalité des sexes et de l’intérêt de l’enfant, le respect de la souveraineté et des compétences nationales, et de l’état de droit.  Rappelant que « la Grèce a été largement affectée par un important flux mixte de migrants et de réfugiés depuis 2015 », il a mis en exergue le fait que, malgré les difficultés, les Grecs ont montré au monde comment traiter les personnes ayant besoin de solidarité.  Partant de cette expérience, il a jugé indispensable de comprendre les priorités, attentes et préoccupations tant des pays d’origine, que de transit et de destination.

« Nous sommes obligés de surmonter les différends en termes d’approche, comme ce fut le cas lors des négociations, et de reconnaître que nous avons l’obligation mais aussi le droit de réguler ce phénomène au niveau national », a expliqué le Premier Ministre.  Il faut aussi admettre qu’aucun pays ne saurait à lui seul gérer la migration de façon efficace, d’où la nécessité de réponses multilatérales reposant sur le droit international.  Selon lui, le Pacte reflète les attentes de tous les États Membres de manière juste, équilibrée et globale, et englobe les droits et obligations de tous, y compris des migrants eux-mêmes.  Il reconnaît également la migration en tant que processus centré sur la personne, ce qui est à la fois un défi et une opportunité pour le développement.  Tout en réitérant l’engagement de la Grèce en faveur du Pacte, l’intervenant a appelé à la mise sur pied d’un mécanisme concret de suivi et d’examen qui éviterait « un excès de bureaucratie » et améliorerait les synergies avec tous les mécanismes pertinents.

M. CHARLES MICHEL, Premier Ministre de la Belgique, a d’abord rappelé l’origine de la résolution de la communauté internationale de créer le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, que son gouvernement a décidé de soutenir dès septembre 2017.  Le Premier Ministre a ensuite dénoncé les tentatives de ceux qui s’opposent au Pacte en dénigrant les migrations et en vilipendant les migrants.  Ainsi a-t-il été obligé, la semaine dernière, de réagir après la volte-face de l’un de ses partenaires gouvernementaux qui a renoncé à son soutien au Pacte mondial.

« Je me présente devant vous aujourd’hui, certes sans majorité parlementaire, mais fier du soutien de la Belgique au Pacte mondial », a assuré M. Michel pour qui ce Pacte est un levier pour s’attaquer notamment aux trafics d’êtres humains et pour faire respecter les frontières.  Le Pacte, qui n’est pas contraignant, permet des coopérations efficaces entre les pays, a-t-il souligné.  Le Premier Ministre a aussi vigoureusement défendu le multilatéralisme qui est « le seul chemin » pour un monde meilleur, plus juste et plus solide, et pour relever ensemble les difficultés actuelles dans le monde.  « Ce Pacte est un pas en avant important, et la Belgique a toujours été du bon côté de l’histoire », a lancé le Chef du Gouvernement.

M. LARS LØKKE RASMUSSEN, Premier Ministre du Danemark, a relevé que les migrants représentent seulement 3,4% de la population mondiale, mais produisent 9,4% de la richesse mondiale.  Mais le côté le plus louche de la migration a connu une hausse ces dernières années, faisant que des millions de travailleurs migrants sont forcés de vivre dans « d’horribles conditions » à travers le monde, tandis que des migrants irréguliers risquent leur vie pour traverser la Méditerranée et arriver en Europe, pour y gâcher des années entières de leur vie, sans statut légal pour y rester et sans avenir.  C’est pour cela que le Pacte mondial arrive à point nommé et que le Danemark le soutient, en tant que cadre de coopération non juridiquement contraignant, a déclaré son représentant.

Le Premier Ministre a estimé que les migrants qui ont été invités doivent être traités de manière juste, dans tous les pays, tandis que les migrants en situation irrégulière doivent être « réadmis » dans leurs pays de manière effective et sûre.  Il a souligné que la migration n’est pas un droit, et qu’elle ne doit jamais être incontrôlée. Insistant sur l’aspect fondamental de la souveraineté nationale, il a appelé au respect des frontières et des peuples.  « Si nous échouons à mettre un terme à la migration irrégulière, a-t-il averti, si nous échouons à maintenir le contrôle, les populations du monde risquent de tourner le dos à la coopération internationale, et nous ne pouvons laisser faire cela. »

Le représentant a ensuite indiqué que lors de l’adoption du Pacte par l’Assemblée générale, le Danemark compte faire une explication de position dans laquelle il insistera, entre autres, sur le caractère non contraignant du texte.  Mon pays notera également que le Pacte ne crée pas de nouvelles catégories de migrants, et que la liste d’actions contenues dans le document constitue des exemples à suivre pour le mettre en œuvre, étant entendu qu’il revient à chaque État de décider si et comment il veut en tenir compte.

M. SÜLEYMAN SOYLU, Ministre de l’intérieur de la Turquie, a imputé les migrations forcées à de nombreux facteurs, parmi lesquels, a-t-il affirmé, les conflits alimentés par les armes que certaines puissances étrangères vendent à des belligérants, en détournant le regard de l’usage qui en est fait.  Le terrorisme, le trafic de stupéfiants, la traite d’êtres humains sont les conséquences de ces mouvements massifs de population, a-t-il déploré.  M. Soylu a assuré que son pays ne cherchait pas à empêcher les migrations, mais à les contrôler, rappelant que 3 millions de Syriens vivent sur le territoire turc.  Il a ensuite indiqué qu’en 2018, plus de 53 000 personnes ont été renvoyées de Turquie, en particulier de nombreux Pakistanais et Afghans, et plus de 4 000 arrêtées.  En outre, au cours de l’année écoulée, plus de 800 000 personnes ont traversé illégalement la frontière.  « La Turquie n’est pas le pays le plus riche, mais celui qui a le plus aidé les migrants », a insisté le Ministre, en assurant que cette aide avait couté 33 milliards de dollars jusqu’à présent.  M. Soylu a ensuite dénoncé le fait que le Parti de l’Union démocratique (PYD), « un allié des États-Unis », aurait négocié pour obtenir un accès aux puits de pétrole de Daech.  Si nous coopérons et mettons en place des stratégies comme ce Pacte, des politiques migratoires humaines seront possibles, a-t-il insisté.  « Il n’est plus possible d’attendre.  Si nous échouons à faire preuve d’honnêteté, nous ne serons rien d’autre qu’un groupe de gens qui se sont rendus un jour à Marrakech », a-t-il prévenu.

Selon M. PATRICE CELLARIO, Ministre de l’intérieur de Monaco, le Pacte mondial est le résultat des engagements pris dans la Déclaration de New York du 19 septembre 2016.  L’accord obtenu sur ce document illustre d’une remarquable manière « le potentiel du multilatéralisme ».  Il démontre qu’en travaillant ensemble nous pouvons surmonter nos intérêts nationaux au service des peuples, a dit le Ministre.  « La conscience de l’enjeu que représente la gestion de la mobilité humaine n’est pas liée à la taille d’un État: elle y est à Monaco aussi vive qu’ailleurs ».  La sauvegarde des droits fondamentaux de la personne humaine nous a contraints à agir, de concert avec la société civile, a-t-il expliqué.  La Principauté est préoccupée par le sort des personnes vulnérables, en particulier les femmes et les enfants exposés aux violences et aux abus y compris sexuels.  Monaco se félicite de l’approche du Pacte qui réaffirme les droits de tous les enfants, quel que soit leur statut migratoire, et de la priorité donnée à des mécanismes adaptés à leurs besoins et à leur vulnérabilité.

« Il est de notre devoir collectif de ne jamais baisser la garde pour anéantir un esclavage moderne intolérable, lutter contre l’impunité et rendre justice aux victimes », a poursuivi M. Cellario.  La migration est au cœur des questions économiques et de développement.  Le tissu économique monégasque est la preuve tangible du bénéfice tiré de la diversité: plus des trois quarts de la population du pays est étrangère et représente 139 nationalités.  À Monaco, la loi de 2005 relative à la liberté d’expression comporte des dispositions répressives à l’encontre du discours de haine, de la diffamation, de l’injure en lien avec l’origine de la personne, sa religion ou encore son orientation sexuelle.  Pour combattre les effets négatifs des flux migratoires, le Pacte reconnaît le rôle clef de la jeunesse, a rappelé le Ministre.  La jeunesse est un atout et l’éducation s’avère le meilleur levier pour contrer la pauvreté et l’exclusion.  C’est pourquoi la promotion de l’accès à l’éducation des enfants migrants est un engagement prioritaire de Monaco.  En outre, les « migrants climatiques » apparaissent désormais comme le visage humain des changements climatiques.  La Principauté qui a rejoint le « Groupe des amis de l’initiative Nansen » soutient les engagements formulés dans le Pacte visant à élaborer des stratégies de préparation et d’adaptation aux changements climatiques.  La migration internationale a toujours existé et se renforcera dans les décennies à venir: l’enjeu n’est pas de l’endiguer mais de la gérer par le développement de la coopération internationale et de la promotion de voies légales.

L’adoption du Pacte mondial représente un « jalon historique » dans la gouvernance des migrations, a déclaré M. GOKARMA RAJ BISTA, Ministre du travail, de l’emploi et de la sécurité sociale du Népal.  Les vastes consultations qui ont précédé son adoption nous ont permis d’acquérir une meilleure compréhension des migrations et de leur contribution au développement des pays d’origine et de destination, ainsi que des défis qui subsistent.  Les droits de migrants se trouvent au cœur du Pacte mondial, s’est félicité le Ministre, en soulignant les objectifs liés au travail décent, au recrutement juste et à la réduction du coût des transferts de fonds.

Par cet accord, nous reconnaissons non seulement la réalité des migrations, mais nous renforçons également les fondations des objectifs de développement durable, a poursuivi M. Raj Bista.  Alors que la majorité des quatre millions de Népalais vivant à l’étranger sont des travailleurs migrants, le Népal a adopté des réformes afin d’assurer des migrations sûres et régulières.  Par ailleurs, la sixième consultation ministérielle du Processus de Colombo, qui s’est tenue le mois dernier, a permis l’adoption de la Déclaration de Katmandou, qui s’inspire du Pacte sur les migrations.

M. NASSER THANI ALHAMLI, Ministre des ressources humaines et de l’émiratisation des Émirats arabes unis, a indiqué que son pays accueille le nombre le plus important de migrants temporaires par habitant au monde et s’est engagé à améliorer les normes de gestion de la migration dans les années à venir.  Il a estimé que la nature non contraignante du Pacte, ainsi que le cadre de coopération qu’il établit, sera la garantie de son succès, ces principes étant, selon lui, à même de renforcer la confiance entre les gouvernements.  Le Ministre a également vu dans l’adoption du Pacte, le début et non la fin d’un processus, et a souligné que sa mise en œuvre permettra de réaliser une migration sûre, régulière et ordonnée à l’échelle mondiale.  De son côté, les Émirats arabes unis s’engagent à améliorer leur gouvernance en matière de travail des migrants et à appuyer les initiatives régionales.

M. AHMED HUSSEN, Ministre de l’immigration, des réfugiés et de la citoyenneté du Canada, a souligné que la diversité fait partie intégrante de l’identité nationale du Canada, avant de rendre hommage à l’influence positive que les migrants exercent sur son pays.  « Nous avons ainsi la ferme conviction que des systèmes de migration intégrés faisant l’objet d’une bonne gestion favorisent les contributions sociales, économiques et culturelles de tous les migrants », a-t-il dit.  À mesure que nous mettrons en œuvre le Pacte, nous rendrons les migrations plus sûres pour tous, en particulier les migrants en situation vulnérable, y compris des femmes et des filles qui sont souvent victimes de traite humaine, a poursuivi le Ministre.  Il a assuré que les préoccupations relatives au nombre croissant de migrants en situation irrégulière avaient été entendues et que son gouvernement s’engageait à faire reculer les facteurs qui poussent des personnes à quitter leur pays d’origine.  « Nous nous employons également à réduire les coûts liés aux envois de fonds, étant donné leur importance pour le développement », a-t-il ajouté.

Le Pacte, selon M. Hussen, expose les pratiques exemplaires dont nous pouvons tirer parti.  « Au Canada, nous sommes conscients que nous avons une marge d’amélioration, et nous comptons utiliser cet instrument pour réévaluer nos politiques et programmes migratoires. »  Ottawa a ainsi développé un projet pilote cherchant à améliorer les résultats sur le marché de l’emploi et à promouvoir les carrières de nouveaux venus et de femmes issues de minorités, a indiqué le Ministre.  En octobre dernier, le Gouvernement canadien a lancé un réseau de soutien aux travailleurs migrants en Colombie britannique, destiné aux travailleurs étrangers temporaires susceptibles d’être exploités ou abusés.  Il a en outre fait valoir que le Canada a amélioré la réunification familiale, en accélérant le parrainage d’épouses.

M. DIMITRIS AVRAMOPOULOS, Commissaire européen pour les migrations et la citoyenneté, a indiqué que l’objectif de l’Union européenne est d’empêcher des flux migratoires non contrôlés.  Aucun pays, aucune région ne peut isolément gérer les migrations, a averti le haut responsable.  « Le Pacte mondial offre un cadre unique de gestion des migrations. »  Il respecte la souveraineté des États, a assuré M. Avramopoulos.

Pour sa part, l’Union européenne a déjà mis en œuvre des politiques reflétées dans le Pacte, concernant la protection des droits de l’homme des migrants, notamment des enfants, la gestion des frontières, la facilitation du retour et de la réinsertion.  Une meilleure gestion des migrations nécessite de faire le lien entre les migrations et le développement, a poursuivi le Commissaire européen.  L’Union européenne a décidé de consacrer plus de 4 milliards d’euros à la lutte contre les sources des migrations irrégulières et vise à créer plus de 10 millions d’emplois dans les 10 années à venir en Afrique.  Elle continuera de travailler avec tous les partenaires car « nous vivons un chapitre bien particulier de notre histoire », a poursuivi M. Avramopoulos.  Il nous faut travailler ensemble pour aider tous les migrants et les réfugiés, a-t-il conclu.

M. TEODORO LOCSIN, Ministre des affaires étrangères des Philippines, a constaté que « certains amis dans la tâche qui nous réunit aujourd’hui se sont retirés suite aux pressions exercées par leurs électeurs.  Mais alors que « certaines lumières s’éteignent en Europe », a-t-il poursuivi, d’autres comme en Allemagne et en France, continuent de briller dans l’obscurité qui enveloppe l’expérience des migrants.  Les Philippines ne sont cependant pas découragés puisque le Pacte jouit d’un appui quasi universel, et que ceux qui ne sont pas encore prêts à s’engager reconnaissent la nécessité évidente de parler de la migration.  Il suffit de dire que nous avons vaincu la notion injustifiée que la « migration est mauvaise: c’est tout le contraire, a-t-il voulu.  Et nous l’avons fait à partir de faits et sans l’épouvantail de la perte d’emplois dont aucun Européen ne veut.

Le Pacte, a-t-il poursuivi, ne déroge aucun iota de souveraineté.  Critiquant ceux qui veulent procéder à une sélection des migrants, il a souligné que les migrants ne sont pas dans des stands aux enchères, à attendre impassiblement l’appel du commissaire-priseur.  Opérer une sélection parmi les flots mouvants de l’humanité ne peut être un processus linéaire.  Il a dénoncé les propos fallacieux véhiculés par ceux qui ont bénéficié de la migration mais qui la craignent, faisant observer que, sans migrants, les villes européennes seraient de véritables cloaques et que les matchs de la Coupe mondiale seraient d’une bien piètre qualité.  Et c’est cela à quoi se heurte la souveraineté : non pas à un obstacle à la liberté souveraine d’agir, mais à l’impératif moral d’honorer, de par ses actes, les principes de la décence.

Le Ministre philippin a, par ailleurs, commenté « l’ironie de l’opposition de deux grandes puissances: l’une d’un pays d’origine et l’autre, entièrement composée de migrants ».  Nous avons été encouragés par la conviction que dans la pire période de haine des migrants, nous avions l’occasion rêvée de produire le plus durable des documents.  Pour les Philippines, il n’y avait pas d’autre choix puisque tout échec aurait été celui de la décence.  Si nous traitons bien et protégeons tous les migrants en les traitant avec dignité et respect, a-t-il affirmé, nous élevons une norme morale et réalisons le plein potentiel de notre humanité.

M. MOUSSA FAKI, Président de la Commission de l’Union africaine, a indiqué que, faute de stratégie adaptée, la migration a fini par devenir illégale et que les changements climatiques n’ont fait qu’amplifier le phénomène.  D’après lui, le Pacte sera une réponse adéquate et dotera les États Membres d’un sens de la responsabilité partagée et d’un cadre efficace pour la réalisation des 23 objectifs qu’il contient.  « Mais comment réussir à effacer de nos mémoires le spectacle d’embarcations surchargées qui naviguent à tombeau ouvert à travers mers et océans? » s’est-il demandé.  « Allant de Charybde en Scylla, les survivants, parqués comme des bêtes de somme, ne savent plus à quel saint se vouer », a-t-il poursuivi.

La question morale se pose alors, selon le Président de la Commission, avec une extrême brutalité.  Le Pacte est certes en deçà de nos attentes communes et des espoirs de la jeunesse africaine, mais nous l’avons accepté par esprit de consensus, a-t-il déclaré.  La stratégie de l’Union africaine reste conforme au cadre de mobilité intra-africain, a précisé M. Faki.  Les vertus du Pacte sont dans ses défauts, a-t-il estimé, en priant les pays qui ne l’ont pas approuvé à le faire sans tarder, et en encourageant à dépasser les « simplifications illusoires » et les « propos réducteurs ».  L’Afrique est ici aujourd’hui pour plaider en faveur de l’action collective, elle ne veut pas construire « des murs et des barrières », mais des « passerelles » entre les éléments de notre humanité partagée.

M. RETNO L. P. MARSUDI, Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie, a souligné trois points.  Premièrement, la protection des droits de tous les migrants quel que soit leur statut est vitale.  Deuxièmement, le Pacte devrait servir de référence pour la promotion et la protection des droits des migrants, en particulier des travailleurs migrants.  À ce sujet, le mécanisme destiné à promouvoir l’aide consulaire à tous les migrants doit être créé.

Troisièmement, a poursuivi M. Marsudi, les actions nationales, régionales et mondiales doivent fonctionner en synergie.  Des efforts concertés à tous les niveaux sont nécessaires pour assurer la mise en œuvre efficace du Pacte, dans la mesure où celui-ci crée un environnement favorable pour réaliser une migration de travail sûre, ordonnée et régulière.  Pour sa part, a précisé le Ministre, l’Indonésie a adopté une loi sur la protection de ses travailleurs migrants.

Pour Mme SANDRA JOVEL PALANCO, Ministres des affaires étrangères du Guatemala, les migrations internationales ont toujours fait partie de la réalité du Guatemala, que ce soit à titre de pays d’origine, de transit ou de destination.  L’adoption du Pacte mondial est l’occasion de reconnaitre la contribution des migrations au développement des sociétés, tant d’origine que de destination, dans le respect des droits des migrants et de leur famille.

Bien que ce document ne soit pas juridiquement contraignant, ses principes de non-discrimination des migrants doivent être respectés.  À cette fin, le Guatemala a mis en place le mécanisme d’action conjointe TRICAMEX, avec le Mexique, El Salvador et le Honduras, qui a pour objectif d’assurer la sécurité nationale tout en protégeant les droits des migrants.  Le Guatemala s’efforce également d’élaborer avec ces pays un plan de développement intégral prenant notamment en compte le retour des migrants et les causes des migrations.  Enfin, la Ministre a réitéré l’engagement de son pays à combattre la traite des personnes dans le contexte des migrations et à protéger les droits des enfants.

M. BASILIO MONTEIRO, Ministre de l’intérieur du Mozambique, a noté que le Pacte reconnait le fait que la migration est un facteur de développement et illustre la volonté de la communauté internationale à répondre aux déséquilibres démographiques et économiques, aux conflits, ainsi qu’aux catastrophes naturelles liées aux changements climatiques.  Il a affirmé que son adoption marque un moment historique.  Cet instrument, s’est-il félicité, fournit à la communauté internationale l’opportunité d’établir un mécanisme de gestion des migrations axé sur une plus grande coopération, une harmonisation des approches et une humanisation du phénomène de la migration.  Il y a vu un moyen d’insister sur la dignité humaine des migrants, de réitérer la nécessité d’une plus grande coordination et coopération internationale dans la gestion du phénomène de la migration, en tant que responsabilité partagée.  Il s’agit, enfin, d’améliorer les structures de gestion de la migration à tous les niveaux et d’en tirer les meilleurs bénéfices, mais aussi de renforcer l’état de droit à tous les niveaux.

Le représentant a par ailleurs souhaité que les réformes en cours au sein du système des Nations Unies soient à même de dynamiser la mise en œuvre du Pacte sur la migration.  Il a aussi expliqué que la proximité géographique, les liens socioculturels et linguistiques entre les États membres de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) font de la migration un facteur incontournable des efforts visant à promouvoir le développement économique régional.

Mme HELÉNE FRITZON, Ministre de l’immigration de la Suède, a exprimé le soutien de son pays au Pacte qui marque la fin d’un processus historique et présente une vision globale partagée d’une coopération internationale en matière de migration.  Elle a indiqué que lors de sa négociation, il y a deux ans, la Suède tout comme plusieurs pays européens, étaient en pleine crise de migration et de réfugiés.  « Nous avions hâte de trouver des moyens de renforcer la gouvernance globale et le dialogue international sur la migration. »  Depuis, il s’avère évident, à ses yeux, que la communauté internationale a besoin plus que jamais d’une coopération internationale, régionale et bilatérale en matière de migration.  Alors que plus de 200 millions de migrants ont traversé les frontières de manière ordonnée et régulière pour travailler, rejoindre leurs familles ou étudier, elle a estimé qu’aucun signe ne laisse penser que ce phénomène connaitra une tendance à la baisse.  Bien au contraire, l’économie mondiale, la démographie, la persistance des inégalités au plan économique et l’impact des changements climatiques pousseront les peuples à la migration.  C’est pourquoi, elle a jugé important de ne pas s’interroger sur les bienfaits ou les méfaits de la migration ou s’il faut la stopper.  La migration est là pour rester, a-t-elle martelé, avant de souligner que le Pacte représente une vision partagée équilibrée entre les besoins des migrants et les intérêts des États à contrôler et réguler la migration sur leur territoire.

Devant la rapidité, le volume et l’intensité des flux migratoires, notre réponse ne peut être improvisée, a déclaré M. CARLOS HOLMES TRUJILLO GARCÍA, Ministre des affaires étrangères de la Colombie, pour qui ce phénomène mondial exige une réponse globale.  En tant que pays d’origine et de destination des migrants, la Colombie a le devoir de protéger et d’améliorer le sort de ses ressortissants vivant hors de ses frontières.

Le représentant a ensuite indiqué qu’au cours des trois dernières années, plus d’un million de Vénézuéliens sont entrés en Colombie à la recherche d’un meilleur avenir.  Pour faire face à cet afflux, la Colombie s’est donnée pour tâche de mettre en place un modèle de gouvernance des migrations fondé sur l’accès des migrants aux services sociaux de base et leur intégration économique.  Ce système privilégie aussi l’échange d’informations au niveau régional, notamment par le biais du Processus de Quito, ainsi que la reconnaissance du caractère transnational des migrations.

La Colombie, a poursuivi le Ministre, adopte le Pacte mondial car aucun pays n’est en mesure de gérer seul la question des migrations, qui a un impact à tous les niveaux.  En outre, cet accord se veut un cadre de coopération juridiquement non contraignant et la manifestation d’une volonté politique commune.  Il s’agit là, a conclu M. Trujillo, d’un « nouvel acte de foi dans le multilatéralisme ».

M. RIMBINK PATO, Ministre des affaires étrangères et du commerce de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, a déclaré que l’adoption du Pacte marque non seulement un tournant pour l’humanité sur la question de la migration internationale, mais établit également un fondement pour traiter cette problématique comme jamais auparavant.  Il représente une voie tangible pour la coopération internationale sur un sujet à caractère transfrontalier, a-t-il indiqué.  Le Ministre a ensuite mis en exergue la nécessité, soulignée dans le Pacte, d’assurer l’accès à l’éducation des enfants réfugiés et migrants en transit et dans les pays d’accueil, notant que celle-ci exigerait des moyens novateurs.

M. Pato a salué, par ailleurs, la clarté du principe de souveraineté étatique s’agissant de la législation, des règles et politiques nationales relatives à la migration.  Notant que la Papouasie-Nouvelle-Guinée est un petit « État très vulnérable aux changements climatiques et aux catastrophes naturelles, il a fortement appuyé le lien entre la migration et les changements climatiques qui figure dans le document, ainsi que l’importance de l’atténuation et l’adaptation aux répercussions des changements climatiques.  M. Pato a en outre évoqué l’expérience récente de son pays concernant le centre de traitement de migrants sur l’île de Manus, et apprécié l’appel fait, dans le Pacte, pour améliorer l’assistance humanitaire et de développement aux pays touchés de même que la reconnaissance du travail de l’OIM.  Un appui ciblé pour renforcer les capacités des institutions nationales chargées de la gestion de la migration serait fortement apprécié par mon pays, a-t-il indiqué.

M. STEPHEN KAMPYONGO, Ministre de l’intérieur de la Zambie, a déclaré que son pays avait démontré sa volonté et son engagement politique à améliorer la gouvernance de la migration, à travers diverses initiatives, actuellement mises en œuvre.  Il est par exemple en train de revoir sa loi sur les statistiques nationales, dans le but d’améliorer ses processus de collecte, d’analyse et de désagrégation de données.  Le but poursuivi est de développer de meilleures politiques pour répondre non seulement aux objectifs du Programme 2030 mais aussi à ceux du Pacte mondial sur les migrations.

La Zambie a également lancé un institut pour améliorer la gouvernance en ligne, dont l’une des tâches est de gérer la gouvernance des données liées à la migration.  Un profil de la migration est en cours d’élaboration, avec l’appui de l’OIM.  La gouvernance de la migration est en outre incorporée dans le septième plan national de développement, pendant que la stratégie de la migration est alignée sur les objectifs du développement durable.  Cette stratégie met un accent particulier sur les groupes vulnérables, dont les femmes et les enfants, afin de s’assurer que personne n’est laissé sur le côté, a déclaré le Ministre.

Afin de répondre aux défis posés par le trafic d’êtres humains, la Zambie a par ailleurs établi des mécanismes de coordination transfrontaliers avec ses pays voisins.  Elle a également développé un plan d’action national, en ligne avec les plans d’action régionaux centrés sur l’immigration irrégulière.  Dans sa Constitution, le pays autorise la double citoyenneté et cherche à créer un environnement propice à la diaspora, afin que celle-ci contribue au développement durable.  Dans ce contexte, la Zambie restera engagée à s’assurer que la migration demeure sûre, ordonnée et régulière, dans le but de lutter contre le trafic d’êtres humains ou d’autres crimes apparentés, a conclu le Ministre.

M. GEBRAM BASSIL, Ministre des affaires étrangères et des émigrants du Liban, a dit que son pays avait toujours eu comme politique d’accueillir l’autre notamment comme politique de lutte contre le terrorisme.  Une migration non réglementée entraine le chaos et les conflits, a-t-il remarqué en invitant à distinguer les migrations régulières et non régulières.  Il a aussi voulu faire la distinction entre les intérêts des États et le bien-être des peuples.  « Accepter les réfugiés est une obligation », a-t-il martelé.  Le Ministre a expliqué que le Liban avait toujours fait la distinction entre les cas de réfugiés et de migrants.  « C’est la raison pour laquelle nous avons milité pour que le Pacte soit non contraignant. »  Le Ministre a précisé que le Liban accueille plus de 400 000 Palestiniens et plus de 1,5 million de Syriens, soit 200 réfugiés au km².

Les conflits régionaux qui ont poussé vers le Liban des millions de réfugiés ont coûté au pays plusieurs milliards de dollars, a poursuivi M. Bassil tout en soulignant que le Liban faisait preuve d’humanité par rapport aux autres pays.  « Nous avons ouvert nos portes, nos écoles, et nos églises aux réfugiés Syriens.  Cela mérite le respect. »  Le Liban paie un lourd tribut à cause de cette situation, a-t-il fait remarquer.  « Je suis chrétien, je refuse les politiques de division.  Je suis en faveur de l’intégration mais je n’approuve pas la politique migratoire de l’Église », a affirmé le Ministre qui s’est dit favorable à « une politique individuelle ».  Selon lui, la solution à la crise des réfugiés est le retour sûr des Syriens déplacés dans leur pays.  Toute autre solution ne fera que retourner le couteau dans la plaie du Liban, a-t-il dit avant de souligner que beaucoup de Syriens souhaitent rentrer chez eux pour ne pas rester dans la situation misérable actuelle.

Le Liban est aussi un pays d’origine, a ajouté le Ministre en parlant de plusieurs millions de Libanais installés dans de nombreux pays.  Des mesures ont été prises à leur égard, notamment la loi sur la nationalité, pour que les membres de la diaspora puissent récupérer leur nationalité libanaise.  Le Liban est fier de ses migrants, a-t-il conclu en soutenant le principe de migrations sûres, ordonnées et régulières et en s’opposant aux migrations masquées.

M. NICOLA RENZI, Ministre des affaires étrangères et de la justice de Saint-Marin, a déclaré que la migration était un phénomène complexe qu’aucun pacte ne pouvait ni couvrir ni résoudre.  « C’est la raison pour laquelle nous devons continuer d’être proactifs afin de nous adapter aux forces en constante évolution qui sont en jeu. »  Aujourd’hui, nous devons aussi promettre de ne jamais cesser de compter sur la coopération internationale afin d’assurer une réponse fondée sur le respect des droits de l’homme, de la sécurité, de la dignité de chaque individu.  Le Ministre a ajouté que l’histoire de Saint-Marin ne fait pas exception.  La migration caractérise l’essence et l’existence de cette ancienne République.  « Marino », le fondateur de la République, est venu de Dalmatie, actuellement la Croatie, il y a 1 718 ans.  Plus encore, durant la Seconde Guerre mondiale, Saint-Marin a accueilli 100 000 réfugiés des pays voisins sur un territoire de 61 km² alors que la population était de 10 000 habitants.

Dans le même esprit, a poursuivi le Ministre, Saint-Marin observe les événements actuels en Méditerranée, devenue « le théâtre de la souffrance humaine ».  Saint-Marin accueille les migrants en joignant ses efforts à ceux de la Communauté de Sant’Egidio dans le cadre du projet humanitaire « Couloirs humanitaires ».  Dans l’autre sens, a poursuivi le Ministre, depuis la fin du XIXe siècle, un grand nombre de nos citoyens de tous âges ont quitté le pays pour chercher une vie meilleure en Italie, aux États-Unis, en Argentine, en France et en Belgique.  Dans certains cas, ces migrants ont décidé de rester.  Dans d’autres, ils ont décidé de revenir, enrichissant leurs communautés d’origine.  C’est aussi pour cette raison que le pays reconnaît l’importance du multilatéralisme qui a renforcé ses institutions démocratiques, promu le développement durable et fait entendre sa voix en offrant une contribution concrète au concert des nations.  « Ma présence aujourd’hui est la confirmation de notre engagement continu au dialogue », a insisté le Ministre qui a annoncé que Saint-Marin a apporté sa contribution au fonds pour les migrants et les réfugiés de la Banque du développement social en Europe.

M. RICHARD SEZIBERA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Rwanda, a salué l’adoption du Pacte en tant qu’étape importante sur la voie d’une action concertée sur une question qui exige une approche collective.  Historiquement, les migrants ont été à l’origine de l’édification de sociétés et pays dynamiques, étant une source d’innovation, de dynamisme et de vitalité économique pour leurs pays d’accueil.  De plus, les migrations ordonnées ont sauvé des populations du danger de l’extinction tout en bénéficiant à leurs sociétés, a-t-il poursuivi, indiquant que les fonds envoyés en Afrique subsaharienne par les migrants représentent quelque 39,2 milliards de dollars par an.

Notant que la migration internationale a lieu le plus souvent entre États de la même région, il a estimé qu’il s’agit, dès lors, d’une « véritable aubaine » pour la croissance et non un « dilemme sécuritaire insoluble ».  Il a toutefois averti qu’une intégration inachevée peut déboucher sur des conflits sociaux et générer une peur « exagérée », d’où l’importance, selon lui, d’un bon leadership aux niveaux national et international.  Un monde marqué par des inégalités enracinées donnera lieu à une migration incontrôlée, tandis que la fermeture des frontières ne fera qu’exacerber le problème.

S’appuyant sur l’exemple du Rwanda, il a expliqué que les bénéfices de frontières ouvertes dotées de systèmes de surveillance de qualité ont transformé la migration en capital, citant notamment la création du Marché unique du transport aérien africain, la Zone de libre-échange continentale et du Protocole sur la libre circulation des personnes et des biens.  Le démantèlement des barrières vise à créer davantage d’emplois et de richesses pour la population africaine et donc à sonner la défaite de la migration insécurisée et dangereuse. De telles mesures méritent tout l’appui nécessaire et une mise en œuvre rapide, a-t-il souligné.

M. KAY MYKKÄNEN, Ministre de l’intérieur de la Finlande, a déclaré qu’il n’était pas possible d’avoir un monde sans migration et fait valoir que celles-ci avaient toujours existé.  En Finlande, a-t-il indiqué, nous voulons doubler le volume des travailleurs migrants réguliers et des étudiants.  Conformément aux engagements du Pacte, le pays procède à des réformes qui permettraient des entrées rapides et une intégration réussie.  De l’avis de la Finlande, le Pacte est une « tentative honnête de la communauté internationale » de trouver une solution aux questions qui concernent tout le monde et qui, si elles ne sont pas résolues, accentueront les difficultés de la migration internationale.

Ce n’est pas possible d’avoir un monde où la migration serait sans contrôle, a ajouté le Ministre.  « Si nous nous trompons, la migration sera une source de désunion, de peur, d’insécurité, d’exclusion et de racisme. »  Il a plaidé pour que la migration soit gérée de manière à bénéficier à tous, dans l’esprit du Pacte.  Non contraignant, le Pacte devrait être vu comme un effort de la communauté internationale à faire plus, a analysé le Ministre en précisant qu’il n’enlève rien à la souveraineté des États de décider de ceux qui peuvent entrer sur leur territoire.  Le Pacte ne cautionne pas les migrations illégales et irrégulières; il ne donne à aucun d’entre nous le droit de décider librement de l’endroit où l’on souhaite vivre, a-t-il ajouté tout en précisant que les migrants doivent avoir « le droit aux mêmes droits de l’homme que tout le monde ».

Le Pacte n’établit ni un droit de l’homme de migrer ni ne crée une nouvelle catégorie de migrants ou de droits associés, a insisté le Ministre.  En Finlande, nous ferons en sorte que les décisions sur les questions de migration soient fondées sur la loi, les faits et les connaissances.  Le Ministre a également souligné l’importance de bonnes relations de travail avec les pays de destination sur le terrain des réadmissions.  « Nous devons reconnaître qu’il n’existe pas de solution rapide pour les défis migratoires. »  Le Pacte parle de solution durable et de solutions fondées sur les règles, a-t-il souligné.

M. JEAN ASSELBORN, Ministre des affaires étrangères et européennes, Ministre de l’immigration et de l’asile du Luxembourg, a dit avoir soutenu, dès le départ, la négociation du Pacte, initiative phare des Nations Unies qui ne pouvait survenir à un moment plus propice et plus urgent: inutile de dire que la pression migratoire, qui n’a cessé de s’accroître de façon parfois dramatique au cours de la dernière décennie, réclamait une approche internationale conséquente, a-t-il commenté.  Il a regretté que ce texte ait pu donner lieu à des interprétations erronées, partielles ou malveillantes, qui ont tenté d’amoindrir sa portée ou de donner une image fausse de son objectif.  Il a tout autant regretté les retraits et désaffections de certains pays, notamment européens, « qui ont empêché que l’Union européenne fasse entendre sa voix comme il sied dans un dossier qui la concernait tant ».

« L’Union européenne n’a pas le droit de vendre son âme et ses valeurs fondamentales en ce qui concerne les droits de l’homme, encore moins en ce jour où nous célébrons le soixante-dixième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme », a déclaré M. Asselborn.  « L’Union européenne ne saurait être fière d’avoir dans ses rangs pratiquement un tiers des États qui se sont distanciés du Pacte », a-t-il reproché, déçu par ceux « dont le gouvernement s’est exposé au chantage de partis et de politiciens qui prônent des solutions nationalistes pour empêcher l’accord de contribuer à une solution multilatérale onusienne ».  Il a par contre félicité le courage et l’engagement du Premier Ministre de la Belgique, M. Charles Michel, qui a, d’après lui, « résisté de façon magistrale ».  Par ailleurs, le Ministre luxembourgeois s’est dit confiant que l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) pourra rapidement proposer des feuilles de route pour engager un dialogue plus serré sur la gestion des situations de crise les plus pressantes.

M. CHARLES FLANAGAN, Ministre la justice de l’Irlande, a estimé qu’en dépit de son caractère non contraignant, le Pacte mondial fournissait un cadre de coopération solide pour promouvoir le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a tenu à rendre un hommage appuyé aux pays qui ont connu des flux migratoires et de réfugiés plus importants que n’importe quels autres, en citant l’Éthiopie, le Kenya et l’Ouganda, ainsi que la Jordanie, le Liban, le Bangladesh et la Turquie.  Le représentant a déclaré que son pays a une longue histoire de migrations, ce qui lui donne une responsabilité particulière pour veiller à ce que la vision contenue dans le Pacte mondial, d’entente commune, de responsabilités partagées et d’unité de vision soit mise en œuvre.  « 17% d’Irlandais vivent à l’étranger.  S’y ajoutent les 70 millions de descendants irlandais à travers le monde », a rappelé M. Flanagan.  Et plus récemment, nous avons été un pays de destination, avec plus d’un résident sur six originaire de l’étranger, a-t-il encore souligné.  Aujourd’hui, l’Irlande profite de la contribution –économique, sociale et culturelle– de ces « nouveaux Irlandais », s’est-il félicité.  Le délégué a, en conclusion, rappelé que, dans la mesure où 73% des migrants à travers le monde travaillent, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) doit continuer de jouer un rôle de premier plan dans la protection sociale, la lutte contre les inégalités sur le marché du travail, l’exploitation et la traite humaine.

Mme MARÍA DOLORES AGUERO LARA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de l’Honduras, a souligné que la migration était un droit et a estimé que l’on ne pourra aboutir à une bonne gouvernance en la matière qu’en déployant des efforts conjoints sur la base de la responsabilité partagée mais différenciée.  Les actions individuelles ne seront jamais suffisantes pour faire front à un défi mondial, a-t-elle déclaré, soulignant qu’une coopération multilatérale était nécessaire pour réduire les effets adverses et structurels des changements climatiques, de l’insécurité générée par la criminalité organisée, et des autres causes qui obligent les personnes à quitter leur pays.

Elle a ensuite fait état de la création, au Honduras, d’unités municipales spécialisées dans l’accueil de migrants qui rentrent au pays.  Les migrants originaires d’autres pays bénéficient également d’une attention dans des centres spécialisés créés pour fournir une assistance humanitaire.  Elle a cependant pointé les nouveaux défis posés par la récente mobilisation migratoire, « atypique et irrégulière » dans les pays du triangle nord d’Amérique centrale, phénomène qui requiert, selon elle, des mesures novatrices tout en veillant à la protection des droits de l’homme, notamment de l’intérêt supérieur de l’enfant.  Elle a aussi insisté sur le fait que les efforts de la communauté internationale resteront insuffisants à moins de combattre la traite des personnes et le trafic des migrants.  Elle a exhorté à redoubler d’efforts en matière de prévention et de lutte contre ces délits qui occasionnent tant de souffrances, à commencer par la séparation des familles et la mort à des milliers d’êtres humains.  Elle a ensuite parlé de l’établissement du premier Plan de développement intégral de quatre pays d’Amérique centrale, en partenariat avec la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC).  Ce plan, a-t-elle expliqué, vise à créer des opportunités de développement au niveau local contribuant ainsi à la prévention de la migration irrégulière.

M. YOUSUF MOHAMMED FAKHKROO, Ministre du développement administratif, du travail et des affaires sociales du Qatar, a déclaré que l’adoption du Pacte est « bel et bien une étape historique », d’autant qu’il contient des objectifs dont tout le monde peut s’inspirer pour la gouvernance de la migration.  C’est pour cela que le Qatar a soutenu la rédaction de ce Pacte, compte tenu des avantages de la migration et dans le cadre des objectifs de développement durable.

Le représentant a également indiqué que le Qatar reconnaissait le rôle positif de la main-d’œuvre migratoire, d’autant que cette dernière a été partie prenant du développement du pays.  C’est pour cela qu’il accorde, y compris dans sa constitution, une protection à la main-d’œuvre migrante.  Il ne ménagera par ailleurs aucun effort pour appuyer tous les processus du Pacte, a-t-il assuré.

« La migration a été et sera toujours une réalité de l’expérience humaine », a déclaré le Ministre des affaires étrangères du Mexique, M. MARCELO EBRARD CASAUBÓN.  En tant que pays d’origine, de transit et de destination, le Mexique aborde la question des migrations sous différents angles tout en s’efforçant de gérer ce phénomène de manière globale.  Pour cette raison, le Gouvernement du Mexique nouvellement élu entend s’attaquer aux causes structurelles des migrations, à l’intérieur comme à l’extérieur de ses frontières, comme le démontre la signature d’une déclaration conjointe à cet effet avec El Salvador, le Guatemala et le Honduras.  En vertu du Plan de développement intégral mis en place avec ces trois pays, le Mexique aborde la question des migrations par le biais d’une approche régionale tenant compte des cycles migratoires, des principes de responsabilité partagée et du respect des droits de l’homme.

Le crime organisé transnational, le trafic des migrants, la traite des personnes de même que la xénophobie sont autant de menaces qui guettent les migrants, a rappelé M. Ebrard Casaubón.  L’adoption du Pacte mondial, réponse globale de la communauté internationale à ce phénomène, doit donc être suivie d’actions concrètes visant à mettre en place des politiques migratoires globales et humaines.  À ce titre, le Ministre a invité les pays qui ont refusé d’entériner le Pacte à revenir sur leur décision.

M. FERNANDO ELÍSIO FREIRE, Ministre d’État de Cabo Verde, a rappelé qu’une des principales sources de revenus de son pays repose sur les envois de fonds des émigrés.  De plus, les indices de développement du Cabo Verde ont attiré des citoyens venus d’autres pays, transformant ainsi son pays en pays d’origine, de destination et parfois de transit.  « Nous vivons à une époque où le phénomène migratoire a généré une profonde méfiance dans les sociétés du Nord, et conduit à la fomentation du populisme » dans certains pays, a-t-il déploré.  Toutefois, a-t-il, nuancé, il convient de garder à l’esprit que la dimension Sud-Sud du phénomène migratoire dépasse la dimension Nord-Sud.  Les migrations intra-africaines sont considérables et ont souvent pour causes profondes la pauvreté, les changements climatiques et les conflits.

Cabo Verde est fermement résolu à œuvrer pour réduire les causes profondes des migrations irrégulières, a poursuivi M. Freire.  Cette approche passe par la création d’un environnement propice où tous auraient des opportunités dans leur pays d’origine, et où ceux qui souhaitent aller dans d’autres pays puissent le faire en toute sécurité et dans le strict respect de leurs droits.  Tout en disposant de plusieurs mesures visant à reconnaître le droit des migrants, Cabo Verde s’engage, dans le contexte du Pacte, à promouvoir « une nouvelle diplomatie dirigée vers les communautés émigrées ».  Il s’agit également, a-t-il détaillé, d’élaborer le statut spécifique de l’investisseur migrant et de reconnaitre la diaspora comme élément clef de l’économie, de la connaissance et de l’investissement.  Quant aux communautés résidant dans le pays, son gouvernement, a-t-il conclu, a pour objectif notamment de renforcer les mécanismes d’accueil et de régularisation et d’inclusion sociale des immigrés.

M. CARMELO ABELA, Ministre des affaires étrangères et de la promotion du commerce de Malte, a déclaré que le Pacte est « une occasion à ne pas manquer » susceptible de « changer la donne » en matière de migration, et a invité à ne pas sous-estimer la valeur d’un accord mondial sur le sujet.  Étant aux premières lignes dans ce domaine, Malte est bien placé pour témoigner du profit qu’on peut tirer d’une approche régionale, par rapport à une approche unilatérale.  Le Ministre a fait part de sa conviction qu’une approche mondiale dans la gestion sûre et ordonnée de la migration est un pas en avant dans la bonne direction.  Plus encore, a-t-il assuré, le Pacte contribuera à édifier une nouvelle architecture de gouvernance globale de la migration qui permettra de réagir résolument et de gérer, collectivement et avec responsabilité, les questions migratoires sur la base du principe de la solidarité internationale.  Convaincu que la migration devrait être un choix et non une nécessité, M. Abela a appelé à créer des emplois et à faciliter l’investissement pour fournir des perspectives d’emplois, notamment aux jeunes, afin qu’ils ne se voient pas obligés d’abandonner leurs pays d’origine pour partir à la recherche d’un avenir meilleur.

Le Ministre a plus particulièrement exhorté à lutter contre les trafiquants en vue de l’élimination des réseaux de criminalité.  À cet égard, il s’est félicité de l’engagement tendant à la prévention, à la lutte et à l’éradication de ces réseaux, et à traiter des vulnérabilités particulières en recourant à une approche reposant sur les droits de l’homme, l’égalité des sexes, les droits des personnes handicapées, qui soit également soucieuse du bien-être de l’enfant en fonction de l’âge.  Le Pacte offre également la possibilité de s’écarter des approches qui consistent à réagir à la migration et de les remplacer par une gestion sûre, ordonnée et régulière.  Il s’est en outre déclaré satisfait que le Pacte invite à se servir des structures existantes et à éviter le double emploi des ressources tout en cherchant à rendre la migration « plus gérable et prévisible ».  Il faut, a-t-il affirmé, veiller à ce que ces efforts soient soutenus et traduits par des actions de la part de tous les pays, qu’ils soient d’origine, de transit ou de destination.

M. ALLY COULIBALY, Ministre de l’intégration africaine et des Ivoiriens de l’extérieur, a déclaré que dans la recherche de réponses adéquates au défi posé par les questions migratoires, la Côte d’Ivoire a fait depuis, longtemps, le choix d’une nouvelle approche visant à promouvoir une gouvernance à la fois, rénovée et adaptée aux enjeux du moment.  Sur une question d’une telle gravité, les débats théoriques et idéologiques sont inévitables, a—t-il reconnu.  Cependant, la priorité et l’urgence restent à la concertation et à l’action autour des solutions globales et communes, au lieu des décisions unilatérales.  Il a salué ce « changement de paradigme », estimant que cette approche ouvre de « nouvelles perspectives » dans la prise en charge d’une question aussi sensible.  Que certains pays aient fait défection n’enlève rien à la pertinence d’une démarche qui porte, à ses yeux, une ambition que « nous partageons », à savoir faire place au multilatéralisme sur l’un des enjeux essentiels du monde d’aujourd’hui.

Dès lors, il s’agit, pour lui, d’être capable de « s’approprier » le Pacte en posant des actes concrets.  En la matière la Côte d’Ivoire montre l’exemple, s’est-il enorgueillit, notant que 6 millions d’étrangers y vivent sur une population estimée à 23 millions d’habitants.  Ces populations sont intégrées et la Côte d’Ivoire a déjà pris une « avance sérieuse dans la réalisation des 23 objectifs assignés à cette démarche ».  Pour finir, il a indiqué que son pays, qui exerce actuellement la présidence du Conseil de sécurité, travaillera d’arrache-pied, au renouveau de la gouvernance mondiale des questions migratoires.

M. ALISTAIR BURT, Ministre d’État pour le développement international du Royaume-Uni, a déclaré que le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières est « dans l’intérêt de tous ».  Il peut apporter une grande prospérité aux pays d’origine et de destination ainsi qu’aux migrants eux-mêmes.  Toutefois, a-t-il averti, les migrations irrégulières érodent la confiance du public, détériorent l’économie, et obligent les gens à se déplacer dans des situations de grande vulnérabilité.  Le Gouvernement britannique s’est engagé à lutter contre les migrations irrégulières et à s’assurer « que nous avons une approche nationale et mondiale des migrations qui fonctionne pour tous ».  À cette date, a précisé le représentant, nous avons donné 2,7 milliards de livres en réponse à la crise en Syrie.  Le Royaume-Uni a également dépensé 900 millions de livres dans des programmes bilatéraux sur les migrations et 33 millions de livres, en 2018 et 2019, dans le cadre du programme « Support and Solutions » pour venir en aide aux migrants qui traversent le Sahel pour se rendre d’Afrique de l’Ouest en Afrique du Nord.  De plus, le pays renforcera sa coopération dans cinq pays d’Afrique du Nord pour lutter contre le trafic de migrants.

La phase de mise en œuvre venue, le Royaume-Uni mettra l’accent sur l’appui à la communauté internationale en vue d’intégrer l’utilisation et la collecte de données dans les programmes sur la migration, améliorer la gestion des migrations et œuvrer pour exploiter le potentiel de développement économique de la migration.  Le Royaume-Uni soutient le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières en ce qu’il peut « nous aider à respecter nos engagements afin d’atteindre ces objectifs mondiaux ».

M. PAUL ROBERT TIENDREBEOGO, Ministre de l’intégration africaine et des Burkinabè de l’extérieur du Burkina Faso, a souhaité qu’au-delà des mots, le « visage humanisant » que le Pacte veut donner à la migration soit traduit en actes concrets dans le but de protéger davantage les migrants et d’assouplir leurs nombreuses souffrances tout au long de leurs parcours.  Ce serait, à son sens, une nouvelle manifestation de cette solidarité internationale, qui doit toujours être au cœur de l’action des Nations Unies.  Pays d’origine, de transit et de destination, le Burkina Faso, qui assure, par ailleurs, la présidence du Processus de Rabat, compte s’inscrire dans cette dynamique collective.

Près de 10 millions de Burkinabè vivent à l’extérieur, dont la majorité en Afrique de l’Ouest, a expliqué M. Tiendrebeogo.  C’est pourquoi son pays a fait de la question de la migration un axe important de ses politiques et programmes de développement.  Il a rappelé, à cet égard, la Stratégie nationale de migration, un cadre politique de référence et un instrument de coopération à la disposition de tous les acteurs intervenant dans le domaine de la migration.  Pour finir, le Ministre a indiqué que la migration est une source de richesse et un vecteur de développement, aussi bien pour les migrants que pour les pays d’origine et de destination, c’est pourquoi il a appelé à une « mutualisation des efforts », pour mieux en exploiter le dividende, en particulier la mise en œuvre des objectifs de développement durable.

M. DAVOR BOŽINOVIĆ, Ministre de l’intérieur de la Croatie, a indiqué qu’en 1951, lorsque la Convention relative au statut des réfugiés a été adoptée, il ne s’était pas avéré nécessaire, à l’époque, d’établir une distinction claire entre réfugiés et migrants.  À présent, a-t-il estimé, cette distinction s’impose et il convient en conséquence de faire de définir les différentes catégories de personnes en mouvement, et ce faisant, de séparer clairement migrations régulière et irrégulière et d’investir dans les efforts indispensables à la lutte contre l’irrégulière.

M. Božinović c a jugé fondamental de préserver les valeurs universelles fondées sur l’état droit, le respect de la dignité humaine et la protection des droits et des libertés fondamentales et a insisté sur l’importance de la coopération et du dialogue aux niveaux international, régional et bilatéral.  Il a souligné, entre autres, que le Pacte ne cherche pas à établir de lois coutumières internationales, ni à interpréter les obligations nationales ou traités en vigueur.

Le Ministre a ensuite indiqué qu’au niveau national, la Croatie est actuellement confrontée à la migration irrégulière et aux réseaux de trafic des personnes, ajoutant que c’est dans ce contexte que sont commises les violations massives des droits de l’homme, de là l’importance de la lutte contre les trafiquants.  Il a aussi insisté sur l’importance de fournir à tous les migrants une preuve de leur identité légale et des documents de voyages valables, notant que cela les aidera aussi lors des procédures de rapatriement.  Il a affirmé que la Croatie entend également protéger sa frontière, « la plus longue d’Europe », et a déploré qu’un certain nombre de pays voisins n’acceptent pas le Pacte, mettant en garde contre les conséquences que cela implique pour la mise en œuvre de cette dimension particulière du texte.

M. EIMUTIS MISIŪNAS, Ministre de l’intérieur de la Lituanie, a souligné que la migration est un phénomène mondial qui exige des mesures globales.  Pour aller de l’avant, l’unique voie est la responsabilité partagée, le multilatéralisme et l’engagement, et le Pacte mondial représente une étape importante vers une gestion plus complète et coordonnée de la migration.  Il a insisté sur l’importance d’une approche centrée sur la personne et la protection des droits des plus vulnérables.  Le représentant a ensuite appelé à maintenir l’équilibre entre l’élargissement des voies de migration légale, la gestion des causes de la migration et la prévention de la migration irrégulièrement, sans oublier la lutte contre la traite et le trafic d’êtres humains.  Le contrôle effectif des frontières et la mise en œuvre d’une politique migratoire souveraine sont également importants.

Pour obtenir des résultats concrets, le Pacte doit être un consensus « gagnant-gagnant », a poursuivi le délégué.  Il a estimé que les engagements juridiques non contraignants devraient être fondés sur un esprit de compromis et de confiance mutuelle et que les politiques nationales migratoires devraient être partagées et transformées en occasion pour le développement humain.  M. Misiūnas a aussi jugé nécessaire d’intensifier la communication avec la société civile afin d’améliorer les processus d’intégration sociale et de tenir compte des besoins des communautés.  Rien n’est parfait dans ce monde mais nous espérons que l’esprit du Pacte pourrait nous aider tous à faire face à ce phénomène de façon structurée et bien gérée, a-t-il ajouté.

M. BAZOUM MOHAMED, Ministre d’État et Ministre de l’intérieur du Niger, a estimé que le Pacte représente une base solide pour améliorer la gouvernance et la compréhension internationale de la migration.  Il a indiqué que le Niger a déjà initié la mise en œuvre de l’objectif 2 du Pacte qui vise à lutter contre les facteurs négatifs poussant les personnes à quitter leur pays en instaurant l’initiative « 3N » ou « les Nigériens nourrissent les Nigériens » afin de réduire l’insécurité alimentaire.  Une stratégie d’adaptation au changement climatique a aussi été développée pour prévenir les déplacements liés à la désertification et à la dégradation des sols.

Le Niger a aussi adopté en 2015 une loi relative à la lutte contre le trafic illicite des migrants qui a réduit de 90% les flux irréguliers transitant par la région d’Agadez en direction de la Libye.  Des postes de police mobile ont aussi été établis le long des 6 000 km de frontière du Niger pour contrôler les flux.  Par ailleurs, en l’espace d’un mois, en décembre 2017, le Gouvernement du Niger a facilité le retour de plus de 3 000 de ses ressortissants depuis la Libye et en 2018, plus de 12 000 nigériens ont été rapatriés depuis l’Algérie.  Le Ministre a également parlé de la tenue, en mars 2018, à Niamey, d’une « réunion importante » de coordination pour la lutte contre le trafic illicite de migrants et la traite des êtres humains.  À terme, a-t-il ajouté, le Niger compte transposer dans sa législation les priorités d’actions du Pacte et fera en sorte que sa politique nationale de migration s’inspire largement des objectifs du Pacte.

Alors qu’il existe actuellement plus de 250 millions de migrants dans le monde, tous les États, qu’ils le veuillent ou non, participent à ce phénomène et partagent des responsabilités, a noté le Ministre des affaires étrangères du Paraguay, M. LUIS CASTIGLIONI.  La fermeture des frontières, le rejet des plateformes multilatérales et l’adoption de perspectives unidimensionnelles ne sauraient freiner, ni endiguer ces déplacements, a continué le Ministre, mais auraient plutôt pour effet d’exacerber la vulnérabilité des migrants.  Il s’est félicité des progrès réalisés sur cette question « complexe et sensible » malgré les forces politiques qui prêchent le racisme et la discrimination.

Pour sa part, le Paraguay reconnait la contribution positive des mouvements migratoires aux communautés d’origine, de transit et de destination, et a participé activement aux négociations qui ont permis l’adoption du Pacte mondial.  M. Castiglioni a réitéré l’engagement de son pays à poursuivre les discussions afin de résoudre les questions sensibles en suspens avec une « vision » inclusive, ouverte et solidaire, tout en assurant le respect des droits des migrants.  Notre présence à cette conférence démontre l’engagement du Paraguay envers la création de canaux sûrs et dignes de la mobilité humaine.  « Ceux qui tiennent entre leurs mains la mission sacrée de conduire la destinée des nations vers un avenir meilleur doivent se rappeler qu’ils sont aussi des agents d’une communauté; mondiale toujours plus interconnectée et interdépendante », a conclu le Ministre, en réitérant son engagement envers la coopération internationale.

Pour M. CARLOS CASTANEDA, Ministre des affaires étrangères d’El Salvador, le consensus international qui a permis l’adoption du Pacte mondial constitue une avancée « énorme » pour la communauté internationale.  Il a souhaité que le Pacte ait un impact similaire à celui de la Déclaration universelle des droits de l’homme, adoptée il y a 70 ans cette année, fruit d’un consensus universel qui a engendré des transformations profondes aux niveaux national, régional et international.  El Salvador dispose déjà d’un mécanisme de mise en œuvre nationale du Pacte, a précisé le Ministre, ainsi que d’une feuille de route mobilisant les secteurs et institutions clefs.  Le pays compte également harmoniser les modalités du Pacte mondial avec celles du Programme 2030 et du Consensus de Montevideo.

Pour ce faire, El Salvador aura besoin de ressources techniques et financières adéquates, a reconnu M. Castaneda, en soulignant l’importance d’instaurer un mécanisme de suivi et d’examen du Pacte afin d’en mesurer les progrès.  Il s’est félicité à cet égard du « nouveau rôle » octroyé à l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et au système de développement des Nations Unies afin de traduire les intentions de la communauté internationale en actions concrètes.

Le Ministre a toutefois déploré l’omission, dans le texte du Pacte, d’une référence précisant que l’entrée irrégulière sur le territoire d’un État ne constitue pas un crime mais une faute administrative.  Le Pacte devrait également inclure le principe de la non détention des enfants migrants et présenter des engagements visant à régulariser la situation des migrants.  Au cours des derniers jours, des voix ont tenté de discréditer le Pacte et les efforts consentis par la communauté internationale, a regretté M. Castaneda, mettant en garde ces États contre la tentation de promouvoir leur propre programme politique.

M. EZECHIEL NIBIGIRA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Burundi, a déclaré que personne dans l’audience ne doute que les déplacements forcés massifs de populations constituent aujourd’hui une crise mondiale qui appelle une action collective, sous la bannière des dirigeants de ce monde.  La réalité est que la migration est présente depuis que le monde est monde et elle le sera pour d’autres siècles à venir, a-t-il affirmé.  « Tout comme l’arbre et l’écorce, la mobilité humaine restera inévitablement avec nous, comme elle l’a toujours été », a-t-il constaté, soulignant qu’aucun pays ne peut y échapper et qu’il vaut donc mieux s’organiser pour le gérer collectivement à travers le renforcement de la coopération.

Le représentant a vu dans l’adoption du Pacte un moment historique qui sera gravé en lettres d’or dans l’histoire du multilatéralisme car, s’est-il félicité, c’est la première fois que les États Membres négocient et adoptent un accord couvrant toutes les dimensions de la migration internationale d’une manière globale.  Le document est innovant et bénéficie d’un consensus quasi universel à l’exception de quelques désengagements de dernière minute qu’il a regrettés.  « Le potentiel de ce document de 41 pages et 54 paragraphes est énorme », a assuré le Ministre burundais.  Aujourd’hui, le Pacte devient officiellement le premier cadre global sur la migration et constitue une base pour améliorer la gouvernance et la compréhension internationales de la migration.  Il permettra de relever les défis associés à la migration et de renforcer la contribution des migrants et des migrations au développement durable pour tous.

M. WINSTON FELIX, Ministre de la citoyenneté du Guyana, a indiqué que son pays, comptant une diaspora aussi importante que la population locale, est conscient du rôle unique que les migrants peuvent jouer dans la transformation des sociétés.  Nous sommes conscients des contributions des migrants au développement et de l’importance d’intégrer les communautés de migrants au processus de création politique lors de la mise en œuvre du Pacte mondial.  Il a estimé que le Pacte jouera un rôle crucial dans la réalisation du Programme 2030, notant que les cibles des deux documents vont main dans la main.  Notre aptitude à résoudre les questions comme la pauvreté, la santé et l’éducation aidera les pays en développement tout en s’attaquant aux problèmes qui entraînent souvent le mouvement transfrontalier des personnes.

Il a reconnu les défis auxquels font face les personnes contraintes de faire de la migration irrégulière et a indiqué que son pays s’est engagé à fournir une aide humanitaire aux migrants qui y ont trouvé refuge.  Il a affirmé que la coopération internationale en matière de gestion migratoire est inévitable et a appelé à renforcer la compréhension commune du processus migratoire.  Pour les pays en développement, l’importance des partenariats ne peut être exagérée, a-t-il poursuivi.  Notre capacité à travailler avec les États qui accueillent de grandes communautés de la diaspora guyanaise et qui partagent leurs expertises et connaissances est la clef de nos efforts pour faire face à nos nombreux défis.  Ceci est particulièrement vrai en ce qui concerne les envois de fonds, puisque la réduction des coûts dans ce domaine peut contribuer de manière notable au développement.

M. SIYABONGA CWELE, Ministre de l’intérieur de l’Afrique du Sud, a appelé tous les États à renforcer leur appui et coopération afin d’assurer des migrations sûres, ordonnées et régulières qui respectent pleinement les droits de l’homme et les libertés fondamentales.  À cette fin, l’Afrique du Sud, a ajouté le Ministre, reconnaissant le lien entre la migration et le développement, a adopté « un livre blanc sur la migration internationale » en 2017.  Cette vision englobe les migrations internationales au service du développement tout en respectant les principes fondamentaux de la souveraineté nationale, de la paix et de la sécurité.  Pour que la migration soit un choix et non une nécessité, les causes de la migration involontaire comme le sous-développement, la pauvreté et le chômage doivent être complètement résolues.

M. Cwele a donc exhorté la communauté internationale à s’engager collectivement à éradiquer les causes des migrations forcées.  De plus, il est important que des ressources prévisibles et durables soient disponibles afin de faire progresser les principes fondamentaux de la coopération internationale ainsi que le partage du fardeau et des responsabilités, conformément au niveau de développement des États, tel que stipulé dans la Déclaration de New York.  En plein processus de consultation avec toutes les parties prenantes nationales sur le Pacte mondial et ses implications en particulier sur son développement économique et social, l’Afrique du Sud fera connaître sa position finale à New York, le 19 décembre prochain.

M. MEVLUDIN NUHODŽIĆ, Ministre de l’intérieur de Monténégro, a déclaré que son pays était pleinement engagé avec la communauté internationale dans ses efforts pour sécuriser efficacement la migration, et a estimé que le Pacte mondial représente « un signe politique clair », destiné à unir les efforts et activités des pays d’origine, de transit et d’accueil.  Compte tenu du fait que, de par le monde, le nombre de migrants n’a cessé de croître ces dernières années, l’adoption du Pacte contribuera à la bonne gestion des questions liées au phénomène.

En tant que pays responsable, le Monténégro a adopté des mesures pour mieux règlementer la migration, notamment à ses frontières et à l’intérieur de son territoire.  Grâce à l’adoption de la stratégie de gestion des frontières couvrant la période 2017-2020, toutes les mesures ont été prises pour l’hébergement des migrants et des réfugiés, en cas d’un éventuel afflux, en conformité avec les normes internationales.  Le Monténégro a aussi adopté une loi sur la protection temporaire des étrangers et une autre sur les étrangers, qui traitent de leurs conditions d’accueil, d’intégration et de réadmission dans les pays d’origine.

Le Monténégro, très engagé dans le domaine de coopération régionale estime aussi qu’une approche responsable des questions liées à la migration exige des activités conjointes entre tous les pays, pour en gérer les aspects complexes, partant de la gestion des frontières à la fourniture de l’aide aux personnes en souffrance.  Pour cette raison, il souligne l’extrême importance pour tous les pays des Balkans d’aligner et harmoniser leurs politiques et pratiques avec les normes et directives de l’Union européenne, notamment en matière de partage des données, d’informations, d’expériences et de réponses communes.

M. ABUBAKAR MALAMI, Ministre de la justice du Nigéria, a formé l’espoir de voir, dans un futur proche et grâce à une mise en œuvre coopérative, le Pacte évoluer et devenir par la suite un instrument juridiquement contraignant.  En tant que pays d’origine, de transit et de destination, le Nigéria demeure engagé dans la promotion et la protection des droits de l’homme de tous les migrants quel que soit leur statut ou origine.  Il a, de même, promis d’œuvrer pour l’établissement de canaux de coordination transnationaux à même de contribuer à une migration sûre, ordonnée et régulière.

Le Ministre a souligné que certaines priorités contenues dans le Pacte sont essentielles à la réalisation du Programme 2030, citant notamment la cartographie de la diaspora et la différentiation entre l’envoie de fonds et l’aide publique au développement (APD).  Il s’est également félicité de l’intégration de l’impact des changements climatiques parmi les facteurs qui poussent les populations à quitter leur pays.

M. MARK HARBERS, Ministre de l’immigration des Pays-Bas, a affirmé que chacun doit faire en sorte que « la migration marche » et a estimé que les problèmes qui en découlent, comme l’immigration irrégulière, doivent être abordés par des solutions transfrontières.  « Avec le Pacte, nous avons identifié, pour la première fois, des objectifs communs et des directives sur la gouvernance mondiale de la migration », s’est félicité le représentant, assurant que son pays continuerait d’appuyer le développement et de débloquer les ressources nécessaires pour répondre aux causes premières de la migration.

Au plan national, les Pays-Bas disposent d’opportunités pour la migration régulière, y compris en matière d’emplois, d’éducation ou de réunion familiale.  Des efforts ont été déployés pour intégrer les migrants réguliers, prévenir les séjours irréguliers et combattre l’exploitation, le trafic des êtres humains, ainsi que pour assurer le retour et la réintégration des migrants.  C’est pour cette raison que les Pays-Bas saluent le cadre de coopération instauré par le Pacte, d’autant que, comme tous les pays de destination, nous faisons face à un grand nombre de demandeurs d’asile ou de migrants qui, après avoir épuisé toutes les voies légales, ne peuvent rester vivre aux Pays-Bas.  Pour cette raison-là, les Pays-Bas estiment qu’il est crucial que les pays d’origine réintègrent leurs ressortissants, dans l’esprit de coopération du Pacte.

M. JORGE ARREAZA MONTSERRAT, Ministre des affaires étrangères du Venezuela, a salué l’adoption du Pacte qui, même s’il n’est pas parfait, a le mérite de représenter une feuille de route pour guider le dialogue entre États et les sociétés.  « Nous avons réalisé un grand pas dans l’histoire de la migration », s’est-il réjoui, soulignant que la migration est un droit fondamental qu’il faut protéger et respecter.  Il a vu dans le Pacte une occasion en or à saisir pour lutter contre les politiques unilatérales, dénonçant le fait que le système socioéconomique et financier spéculatif génère de plus en plus d’inégalités.

Il a cependant mis en garde contre toute utilisation du Pacte pour le transformer en instrument au bénéfice d’un seul État ou du risque qu’il soit pris en otage par ceux-là même qui le rejettent.  Il a aussi appelé à lutter contre toute tendance à utiliser la migration comme prétexte pour ne pas relever les défis qui touchent les sociétés, pointant notamment les « courants xénophobes » qui manipulent le thème de la migration.

À cet égard, il s’est notamment élevé contre l’utilisation de la liberté d’expression pour véhiculer des discours haineux.  Il est revenu sur l’histoire de son pays, terre d’accueil d’immigrants du monde entier, y compris en provenance de pays européens, d’Asie et du Moyen Orient et tout particulièrement de l’Amérique latine et qui n’ont jamais été victimes de xénophobie ou autres traitement dégradants.

M. RADHOUANE AYARA, Ministre chargé de la migration et des Tunisiens à l’étranger de la Tunisie, a affirmé que la migration remonte à la nuit des temps et a toujours favorisé l’échange et le rapprochement entre les peuples.  Elle se manifeste au cours des dernières années sous une forme jamais connue auparavant en raison de la persistance des crises, et de l’émergence de conflits armés qui ont mené à des drames humains, à un ralentissement du développement et à la pénurie de moyens décents de subsistance.  Il n’en reste pas moins, a-t-il poursuivi, que la migration reste un des facteurs d’échange positif entre les sociétés, d’enrichissement et de rapprochement mutuel, de créativité et de développement aussi bien pour les pays nantis que pour les nations en développement.

Le Ministre tunisien a affirmé, à cet égard, qu’il est impossible de citer un seul pays au monde qui serait « exempt de migrants », s’agissant en particulier de l’économie, notant que cela est prouvé par la volumineuse littérature sur la contribution des migrants aux économies des pays d’accueil et d’origine.  Au sujet de la responsabilité partagée, il a souligné que la protection de la vie, de la dignité et des droits des migrants relève, sur un pied d’égalité, de la responsabilité des pays industrialisés et en développement.  Il a plaidé en outre en faveur du principe de proportionnalité puisque certains pays en développement, en dépit de leur manque de ressources et difficultés économiques, accueillent, proportionnellement à leur population, un nombre bien plus élevé de migrants et de réfugiés que leurs homologues industrialisés.  Le bassin méditerranéen auquel appartient la Tunisie a eu dernièrement son lot de tragédies en raison des hostilités, du recul du développement et des disparités grandissantes au sein des pays, ainsi qu’entre le Sud et le Nord, a-t-il ajouté.

M. ALOYSIO NUNES, Ministre des affaires étrangères du Brésil, a déclaré que les États sont réunis ici pour « faire en sorte que la migration soit un choix libre et responsable et non pas le résultat d’un manque d’options ».  Le Brésil, qui a été « formé par des migrants », a accueilli des millions de personnes venues d’Europe, du Moyen-Orient, d’Asie et d’Amérique latine, reçoit aujourd’hui des Syriens, des Haïtiens, des Vénézuéliens, des Congolais et des ressortissants d’autres pays et régions.

Il y a un peu plus d’un an, a expliqué le Ministre, le Brésil a promulgué une nouvelle loi sur la migration qui représente un changement de paradigme dans la manière dont le sujet est traité.  Tenant compte de la valeur ajoutée de la migration, la loi traite celle-ci comme un vecteur de développement et de croissance économique d’une importance stratégique pour le pays.  Cette loi « moderne » protège les droits de l’homme des migrants et des membres de leur famille et cherche à les intégrer dans la société brésilienne.  Elle permet de régulariser tous les migrants sur le territoire brésilien quelle que soit leur situation et sans qu’ils aient à quitter le pays.  Dans les cas de déportation, elle leur offre une protection juridique, moyennant un simple déclaration d’absence de revenus, a précisé le représentant, ajoutant que le Brésil a fait de son expérience un atout d’enrichissement économique et culturel.

M. BOCCHIT EDMOND, Ministre des affaires étrangères et des cultes d’Haïti, a affirmé que le changement climatique avec ses corolaires engendrant des « réfugiés climatiques » ne devrait laisser personne indifférent.  Aujourd’hui, a-t-il poursuivi, « les violations des droits de l’homme des migrants n’en finissent pas d’interpeller la conscience du monde », et la communauté internationale ne peut continuer de fermer les yeux sur le sort fait à ces personnes fuyant la violence, en quête d’emplois ou de mieux-être, ni assister dans l’indifférence aux abus dont elles sont victimes, tandis que la montée du racisme et de la xénophobie accentue les menaces contre leurs droits fondamentaux.

Avec l’adoption du Pacte, a-t-il poursuivi, la communauté internationale s’est dotée d’un cadre précis de coopération qui fait une place centrale aux droits, aux besoins, aux capacités et aux contributions des migrants, et engage les États et les parties prenantes concernées à œuvrer ensemble pour garantir leur sécurité, leur dignité et leurs droits fondamentaux, et faciliter des solutions concertées, novatrices et efficaces.  Il a signalé que son pays a été, dès son indépendance, une terre d’accueil pour nombre de ressortissants étrangers.  Haïti est depuis devenu, depuis le siècle dernier, un important foyer d’émigration dans les Caraïbes et l’un des pays les plus touchés par l’exode des cerveaux, ainsi que l’un des pays les plus « brutalement secoués par des catastrophes naturelles ».

Le Ministre a par ailleurs rappelé l’expérience de son pays quant au coût élevé de l’absence ou du manque de coordination internationale sur les questions multidimensionnelles liées aux migrations internationales.  Il a aussi appelé à reconnaître que la question des migrations était également révélatrice de la fracture entre le Nord et le Sud et qu’elle reflète l’écart grandissant entre riches et pauvres.

M. HERMANGILD FRANCIS, Ministre des affaires intérieures, de la justice et de la sécurité nationale de Sainte-Lucie, a déclaré que le Pacte mondial est une initiative audacieuse permettant de réagir de façon coordonnée aux crises migratoires dans le monde.  Il s’est félicité des efforts consentis par la communauté internationale afin de parvenir à un accord global sur les migrations.  Si les migrants sont contraints de se déplacer parce que les risques qu’ils encourent sont supérieurs aux bénéfices de rester dans le pays d’origine, alors il faut nous attaquer aux causes profondes des migrations, telles que le chômage, la violence et l’instabilité, a-t-il expliqué.  Dans les Caraïbes, a-t-il ajouté, les changements climatiques représentent un grand défi qui entrave notre croissance, et ont un impact quotidien sur la vie de nos ressortissants.

Le Ministre s’est félicité de la démarche pluridimensionnelle adoptée par les États, ainsi que des partenariats qui seront adoptés à l’issue de ce Pacte.  Il faut trouver des solutions plutôt que de contribuer aux problèmes migratoires, a insisté le Ministre, notamment par le biais de la coopération internationale.  Il s’est, à cet effet, félicité de la tenue de différents dialogues sur les migrations et la protection des réfugiés qui se sont récemment tenus dans la région des Caraïbes, ainsi que de la mise en place, par les États de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) d’un plan d’action régional en matière de migrations conforme au Pacte mondial.

Le Ministre du travail, de l’emploi, des anciens combattants et des affaires sociales de la Serbie, M. ZORAN ĐORĐEVIĆ, a déclaré que la situation des migrants est complexe et demande une plus grande solidarité et efficacité de la part de tous les acteurs pertinents afin de parvenir à des solutions « permanentes ».  La crise migratoire demeure en effet un problème urgent qui présente des défis humanitaires, politiques et sociaux.  Nous ne devons pas perdre de vue le fait qu’il est impossible pour les communautés locales d’absorber le flux « énorme » de migrants et de réfugiés arrivés aux frontières de l’Europe sur une courte période, a noté le Ministre, notant que cela a provoqué une montée de la xénophobie dans de nombreux pays.  Il s’est félicité de l’adoption, en 2016, de la Déclaration de New York afin de trouver une solution à la plus importante crise migratoire en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.  Au-delà de ces textes, a-t-il ajouté, seule une action coordonnée et des efforts conjoints par les organisations internationales et les États Membres permettront de réaliser des progrès durables sur ces questions de portée mondiale.

Le Ministre a ensuite indiqué que, depuis l’arrivée « massive » de réfugiés et de migrants à ses frontières par la route des Balkans occidentaux, la Serbie a dû consentir des efforts humains et financiers importants, en plus de fournir des soins de santé ainsi qu’une aide alimentaire aux réfugiés et aux migrants.  Il n’existe pas de solutions simples aux problèmes des réfugiés et des migrants, a-t-il ajouté.  Nous devons trouver des façons nouvelles d’utiliser les migrations afin qu’elles profitent, dans la mesure du possible, aux sociétés d’accueil.  Il a prôné l’adoption d’approches régionales communes et de concepts partagés entre les États, notamment avec l’appui de l’OIM.  Il s’est dit confiant que la présente Conférence permettra de réaliser des progrès en termes de politiques migratoires dans la région.

M. MAMADI TOURÉ, Ministre des affaires étrangères et des Guinéens de l’étranger de Guinée, a souligné que cette Conférence se tient dans un contexte international marqué par la nécessité de renforcer le multilatéralisme au centre duquel se trouvent les Nations Unies.  À l’ère de la mondialisation, la migration est à prendre en compte dans toutes ses dimensions afin de bâtir des sociétés pacifiques et prospères, a-t-il dit, indiquant que sa présence à cette Conférence traduit l’engagement et le soutien de son gouvernement en faveur du Pacte et des « instruments juridiques existants ».  Le Pacte représente une avancée significative en ce qu’il constitue, à ses yeux, le premier cadre holistique qui traite de la migration, fondé sur le Programme de développement durable à l’horizon 2030, la troisième Conférence internationale sur le financement du développement et l’Accord de Paris.

En dépit de l’espoir suscité par l’élaboration du Pacte, il a jugé préoccupant de noter la persistance, dans le monde, d’actes de xénophobie et de racisme qui aggravent la situation des réfugiés et des migrants, en particulier les femmes et les enfants.  C’est pourquoi sa délégation se réjouit du vif intérêt accordé par le Pacte aux questions de résilience des pays de départ, de transit et d’accueil ainsi que la nécessité du renforcement de la coopération sous-régionale, régionale et internationale.  Pour finir, il a souligné l’importance que revêt, pour son pays, la diaspora guinéenne dans le cadre du processus de développement économique et culturel.  Des politiques publiques ont d’ailleurs été mises en place par son gouvernement pour permettre aux Guinéens de l’étranger d’investir en toute quiétude et de retourner dignement dans le pays.

M. ABDOU LATIF COULIBALY, Ministre de la culture du Sénégal, a insisté sur les acquis et les valeurs éthiques dans le domaine de la migration tels que le non-refoulement, la non-discrimination, la régularisation, le regroupement familial et une meilleure accessibilité aux visas d’entrée afin de réduire les tentatives d’immigration irrégulière.  Ces mesures devront apporter un atout supplémentaire qui intègre davantage la solidarité, l’intégration des migrants dans leurs pays d’accueil et l’accès à un emploi décent ainsi qu’aux services de base, a-t-il estimé.

« Entendons-nous bien, la migration africaine se passe avant tout à l’intérieur du continent », a-t-il souligné, déplorant que le phénomène migratoire soit amplifié à l’excès par les médias qui suscitent et exacerbent ainsi la xénophobie, faisant de ce fait le lit d’un populisme en mal de repères.  L’Afrique, a-t-il insisté, n’a point pour vocation de lancer ses enfants à l’aventure périlleuse de l’immigration clandestine et les voir périr dans le désert du Sahara ou les abysses de la Méditerranée.  Au contraire, nos ambitions et notre volonté sont de créer les conditions d’un développement inclusif, par et pour les Africains, afin que l’Afrique puisse retenir ses enfants sur le sol du continent.

Le Ministre a ensuite mis en relief certaines des mesures prises par le Sénégal, avec le concours de ses partenaires, notamment en matière de territorialisation et de création d’emplois en milieu rural.  Ainsi, l’opération « Terre ferme » vise à associer des milliers de jeunes autour de l’exploitation de plusieurs structures à vocation agricole et à forte intensité de main-d’œuvre, comme les fermes aquacoles ou les domaines agricoles communautaires.  D’autres actions tendent à la réinsertion économique et sociale des migrants et à la mobilisation des compétences et des capitaux de la diaspora en faveur du développement socioéconomique des localités d’origine des migrants, afin d’y fixer de potentiels candidats à la migration irrégulière.

Il a aussi cité le lancement par le Maroc et le Sénégal, le 16 novembre 2016, à Marrakech, de l’Initiative africaine 35 « Soutenabilité, stabilité et sécurité » qui vise à stabiliser les zones à risque.

Mme SEKAI IRENE NZENZA, Ministre du service public, du travail et du bien-être social du Zimbabwe, a appelé à agir de concert afin de gérer la migration internationale, soulignant qu’aucun pays ne peut à lui seul faire face à ce défi.  Elle a estimé que la mise en œuvre du Pacte doit faciliter la levée des barrières pour permettre la participation des migrants dans le discours de développements nationaux.  Pour elle, il s’agit, en outre, d’asseoir un environnement favorisant les migrants dans leur communauté locale en vue de réduire les tensions.

Citant le cas de son pays et son expérience unique en la matière, elle a indiqué que son gouvernement a mis en place un plan d’action national (2017-2022) en faveur de la diaspora en vue de lui permettre de contribuer au développement national.  Car la diaspora est le moteur même du changement et du développement durable, a-t-elle affirmé.  Pour finir, elle a indiqué que la pleine mise en œuvre universelle du Pacte nécessite une réaction collective pour en faire un phénomène bénéfique à tous.

M. HASSAN OMAR MOHAMED BOURHAN, Ministre de l’intérieur de Djibouti, a souligné que son pays s’est attelé à prendre des mesures concrètes afin de développer et consolider la stratégie nationale de gestion de la question migratoire dans son ensemble.  C’est ainsi que Djibouti a organisé des assises avec la diaspora afin de l’intégrer dans les stratégies de développement national, mais également en vue de disposer d’une cartographie concrète en la matière. Convaincu de la qualité de la valeur ajoutée de la diaspora, son pays a abrité le quatrième forum panafricain sur les migrations (PAFOM), au cours desquelles les discussions se sont articulées sur les moyens de tirer parti des avantages du régime de la libre circulation des personnes pour le développement durable en Afrique.

Le Ministre a aussi abordé la question des réfugiés, indiquant l’engagement sans faille de Djibouti à devenir l’un des pays pilotes pour la mise en œuvre du cadre d’action global pour les réfugiés.  Il est revenu sur l’approche adoptée par son pays, grâce à laquelle Djibouti a renforcé la condition du statut du réfugié et la garantie d’un accès inconditionnel à l’éducation et aux services de santé plaçant ainsi les enfants de réfugiés au même niveau que ceux djiboutiens.

M. SIMEON OYONO ESONO ANGUE, Ministre des affaires étrangères et de la coopération de la Guinée équatoriale, a reconnu que les migrations ne sont pas un phénomène conjoncturel récent mais plutôt la poursuite de mouvements de populations qui ont cours depuis plus de deux siècles, au bénéfice de certains et au détriment d’autres.  Il est impossible de parvenir à une solution durable sans s’attaquer aux causes profondes des migrations telles que la faim, le sous-développement et l’instabilité politique dans les pays d’origine.  Pour le délégué, le Pacte mondial adopté aujourd’hui est le fruit de la volonté et du compromis politique des États afin d’assurer la sécurité, la dignité et le respect des droits des migrants.  Le moment est venu de faire en sorte que les États comprennent les migrations internationales afin qu’elles profitent à chacun.

Mme KAMISSA CAMARA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Mali, a déclaré que le Pacte constitue une opportunité unique pour optimiser l’ensemble des avantages de la migration, mais aussi pour contenir ses effets pervers dans l’intérêt supérieur des pays de départ, de transit et d’accueil.  « Ce Pacte n’est certes pas parfait.  Peut-être l’aurait-il été s’il avait été contraignant », a commenté la représentante, avant de déplorer le retrait de certains États Membres dudit pacte, « fruit pourtant de compromis dynamiques entre les différentes sensibilités ».

Citant le rapport du Secrétaire général, qui chiffre à 466 milliards de dollars le montant des fonds envoyés par les migrants vers les pays à faible revenus ou revenus intermédiaires, la Ministre a déclaré que ces fonds ont permis de « tirer de la pauvreté des millions de personnes » et ont concouru à des améliorations considérables dans les domaines de la sécurité alimentaire, de l’éducation, de la santé, du bien-être et du logement au profit des familles résidant dans les pays d’origine.  Prenant l’exemple de son pays, elle a indiqué qu’avec quatre millions de ressortissants à l’étranger, le Mali recevait chaque année plus de 700 millions de dollars de fonds en provenance de la diaspora.

Pays de départ, de transit et de destination des migrants, le Mali reste opposé à la migration irrégulière et dispose depuis 1992 d’un Ministère des Maliens de l’extérieur, et de plusieurs autres structures et programmes nationaux destinés à assurer un meilleur encadrement des questions migratoires.  Le Mali reste donc déterminé à poursuivre les actions en faveur de la création de conditions politiques, économiques et sociales et environnementales qui permettent de protéger les populations de migrants et la jeunesse contre le terrorisme, et autres formes de criminalité transnationale organisée.

M. FAIZEL MOHAMED NOERSALIM, Ministre des affaires intérieures du Suriname, a constaté que la migration est une réalité multidimensionnelle, porteuse de bénéfices et de défis, qui nécessite d’adopter une approche holistique afin, notamment, de combattre de manière effective la migration illégale.  Il a vu dans l’adoption du Pacte le signe que la communauté internationale a pris conscience de l’importance de déployer des efforts conjoints.  Après avoir indiqué que différentes populations ont migré vers le Suriname depuis 1630, il a fait savoir que son pays s’est doté d’un plan de développement pluriannuel pour la période 2017- 2021 qui tient compte de la petite taille de sa population et de l’ouverture de son économie.  La migration, a-t-il expliqué, est considérée comme un facteur capable de changer la donne en matière d’évolution démographique.  Il a relevé que la perception, selon laquelle la migration peut être un moteur de développement, est toujours considérée comme un nouveau concept.  Or, pour les pays ayant de faibles capacités institutionnelles ou humaines, les migrants peuvent apporter une main-d’œuvre hautement qualifiée et nécessaire.

Outre l’intégration des politiques migratoires aux stratégies de développement, il importe de tenir compte de l’importance de la diaspora, a poursuivi le Ministre.  Conscient de la contribution de la diaspora au développement socioéconomique du Suriname, le Gouvernement a promulgué, en 2014, une loi à l’intention des personnes d’origine surinamienne.  Un projet de cartographie de la diaspora a aussi été lancé en 2017 et l’évaluation du déficit de compétence des Surinamiens qui travaillent à l’étranger est en cours de finalisation.  M. Noersalim a par ailleurs insisté sur l’importance de la collecte de données sur les mouvements migratoires.  Le Suriname améliore en outre son système d’enregistrement de ses ressortissants qui résident à l’étranger, qu’ils soient en situation régulière ou irrégulière, afin de leur fournir des papiers.

M. NOUREDDINE BEDOUI, Ministre des affaires intérieures de l’Algérie, a déclaré que son pays, jadis connu comme étant un pays d’origine, est devenu depuis quelques années, un pays de transit et de destination.  Conformément à sa tradition, l’Algérie a, sur son sol, « toléré » le phénomène de la migration.  Il a accueilli des « milliers, si ce n’est des centaines de milliers » de migrants légaux et illégaux, arrivés par « flux importants et continus.  Ces flux ont eu des répercussions et ont fait peser des risques sur la sécurité et la stabilité de l’Algérie », a dit le représentant.

Dans ce contexte, les autorités ont pris toutes les mesures nécessaires pour mieux accueillir les migrants réguliers, tout en veillant au retour, dans des conditions prévues par le droit international, des illégaux dans leurs pays d’origine, a insisté le représentant.

S’agissant du Pacte lui-même, le représentant a déclaré que son pays l’appuyait dans ses grands principes généraux, notamment la souveraineté des États, le caractère non contraignant, l’appel aux respect des droits de l’homme, à la coopération et au développement.  L’Algérie appuie également les appels à sauver les vies humaines et à lutter contre le trafic des êtres humains.

Cependant, a-t-il fait savoir, d’autres aspects du texte ne jouissent pas de son soutien, notamment le manque de distinction entre les catégories de migrants.  Selon le représentant, « un tel manquement dans un texte international est dommageable ».  Dans ce contexte, l’assistance apportée par l’Algérie aux migrants ne devra pas être interprétée comme une obligation.  L’Algérie estime aussi que l’on ne pourra pas régler la question de la migration si l’on n’aborde pas la question de ses causes profondes.  Elle estime aussi que tout processus d’examen du Pacte devra se faire sur une base volontaire des États et non comme une base contraignante.

M. EMMANUEL FABIANO, Ministre des affaires étrangères du Malawi, a souligné l’appui de son pays au Pacte qui constitue un cadre et une boussole pour garantir une gouvernance mondiale et une coopération internationale en matière de migration.  Le dialogue constant et le partenariat sont, à ses yeux, le sceau même de ce Pacte.  La gestion des flux des mouvements migratoires n’est pas possible à l’échelle d’un seul pays, a-t-il relevé.  Dès lors, la coopération internationale est particulièrement essentielle pour une gestion sûre, ordonnée et régulière.

Le Malawi, en tant que pays d’accueil de transit et de destination, accueille actuellement quelques dizaines de milliers de réfugiés, a poursuivi le Ministre.  Il a salué l’initiative de l’Union africaine illustrée dans le Protocole sur la libre circulation des biens et des personnes, estimant que cela dénote que l’Afrique avance à grands pas dans ce domaine.  Le Malawi, a-t-il poursuivi, souscrit aux 23 objectifs du Pacte qui couvrent différents aspects de la migration.  De même, a-t-il fait observer, l’utilité de ce Pacte dépendra de la volonté des États Membres de développer et mettre en œuvre ces politiques sur le plan national.

M. KHAMPHAO ERNTHAVANH, Vice-Ministre des affaires étrangères de la République démocratique populaire lao, a indiqué que son pays, seul État sans littoral et le moins développé de l’Asie du Sud-Est, est considéré comme originaire et destinataire de la migration.

C’est pourquoi il accorde une grande importance aux questions relatives à la migration et estime que traiter des causes profondes de la migration doit être une priorité de la mise en œuvre du Pacte.

Il a, dans le même temps, appelé à accroître les efforts pour réduire l’impact négatif des migrations irrégulières par le biais de la coopération internationale.  Le Vice-Ministre a aussi réaffirmé l’engagement de son pays à continuer de soutenir les efforts de la communauté internationale pour relever le défi de la migration à travers ses politiques et législations nationales ainsi qu’à travers sa collaboration active avec les États voisins.

M. SHAHIDUL HAQUE, Secrétaire des affaires étrangères du Bangladesh, a rappelé que le Premier Ministre du Bangladesh avait formulé l’idée d’un pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières lors de son discours à l’Assemblée générale en 2016, augurant du fort engagement politique du pays pour cette cause.  « Aujourd’hui, nous exprimons notre soutien entier pour son adoption », a-t-il dit, avant de rappeler que celle-ci n’est pas une fin en soi: c’est plutôt le début d’une nouvelle phase.  Le représentant a rappelé que le Pacte est ancré dans le Programme 2030 et dans la Déclaration de New York, des documents qui doivent donc en guider l’application.  Il a affirmé que le processus du Pacte est mené par les États et leur appartient.

Le Bangladesh, a-t-il témoigné, a déjà finalisé son projet de stratégie nationale sur la gouvernance de la migration, en consultation avec toutes les parties prenantes et avec l’aide de l’OIM.  M. Haque a souligné la valeur des partenariats pour trouver des solutions, citant l’accord trouvé avec l’Union européenne pour le retour des Bangladais dans des conditions humaines et de façon mutuellement bénéfique.  Cela veut dire que même les aspects les plus difficiles du cycle migratoire peuvent être résolus par la consultation et le partenariat, ce que la proposition de pacte du Bangladesh de 2016 envisageait.  Le représentant a ensuite cité les problèmes de déplacements causés par la violence, l’extrémisme et l’ultranationalisme, avant de plaider pour une coopération à tous les niveaux pour mettre en application le Pacte, et notamment avec la société civile et le monde des affaires.

M. ADOUM GARGOUM, Ministre délégué auprès du ministre des relations extérieures chargé de la coopération avec le monde islamique du Cameroun, a souligné le caractère précieux de ce Pacte qui contribuera d’abord à l’amélioration de la perception du migrant, « africain surtout ».  Contrairement à une idée reçue, tous les Africains ne veulent pas quitter leur pays d’origine pour se rendre en Occident au péril de leur vie.  Non! s’est-il exclamé.  De fait, sur les 258 millions de migrants internationaux enregistrés dans le monde en 2017, seuls 14% sont africains, soit 36 millions de personnes.  Et cette diaspora africaine, a-t-il poursuivi, ne constitue elle-même que 3% du 1,2 milliard de la population du continent.  L’Afrique est principalement une destination des migrants dont le nombre a augmenté de 67% en 10 ans.  La grande partie des migrations africaines est en Afrique, a-t-il martelé.  Le Cameroun, en tant que pays d’origine, de destination et de transit de migrants en est une claire illustration.  En effet, il compte à son actif près de cinq millions d’étrangers dont 94,9% constitués d’Africains.

Le Ministre délégué a par ailleurs estimé que ce Pacte constituera une meilleure garantie des droits de l’homme.  Il a souligné, à cet égard, que son pays, fier de sa tradition d’hospitalité et de fluidité migratoire, ne pratique ni exactions, ni expulsions massives à l’encontre des migrants.  Pour finir, il a appelé, en tant que « pays d’accueil », à adopter une approche moins sécuritaire et protectionniste vis-à-vis des migrants et à favoriser l’accompagnement dans la réinsertion socioéconomique.

M. PATRICK OLE NTUTU, Secrétaire au Ministère de l’intérieur et de la coordination du Gouvernement du Kenya, a déclaré que son pays était disposé à partager son expérience en matière de gestion de la migration, conformément au principe de coopération institué par le Pacte.  En effet, le Kenya dispose d’une expertise dans ce domaine, acquise notamment par le biais de diverses politiques mises en place et de partenariats tissés avec des organisations internationales comme l’OIM ou l’Agence allemande de coopération, entre autres.

Le Gouvernement kényan a en outre mis en place une approche globale de la gouvernance de la migration, basée sur un mécanisme de coordination qui fonctionne comme une plateforme interministérielle, dont l’objectif est de réunir en un seul endroit, tous les acteurs de la migration.  Le Kenya a par ailleurs revu sa politique de visas, afin notamment de permettre aux citoyens de l’Afrique de l’Est d’aller et venir librement au Kenya et même à pouvoir s’y installer, dans le but de réduire l’immigration irrégulière.

S’agissant du Pacte à proprement parler, le Kenya comprend les préoccupations exprimées par nombre de pays.  Il estime toutefois qu’avec ce Pacte, la communauté internationale est mieux armée pour faire face à la question de la migration.

Pour M. OSAMA FAISAL ALSAYED ALI, Vice-Ministre des affaires étrangères du Soudan, la tenue de cette Conférence reflète l’attention qu’accorde la communauté internationale aux migrations, à la paix et aux droits des personnes, y voyant autant d’aspirations de la communauté internationale et d’éléments de référence qui permettront d’améliorer la gestion des migrations au niveau international.

Il a expliqué que l’histoire de son pays a été marquée par l’accueil des migrants, puisque le Soudan est à la fois pays d’accueil, de destination et de transit.  « Nous avons contribué, aux côtés de la communauté internationale, à la naissance de ce Pacte avec la volonté de réduire les risques sur les pays tout en améliorant les valeurs humaines », a-t-il indiqué.

Le Soudan, a-t-il poursuivi, accueille quelque deux millions de réfugiés dont il couvre plus de 70% des besoins.  Notant la pression considérable que cela exerce sur les communautés, il a appelé les Nations Unies et l’Union européenne à aider le Soudan à faire face à ce phénomène.