Helsinki: un face à face Trump-Poutine qui inquiète

Les deux présidents sont arrivés ce lundi 16 juillet 2018 à Helsinki, l’un d’Ecosse, l’autre de Russie, et débutent leur rencontre par un tête-à-tête. C’est la première fois que Vladimir Poutine et Donald Trump tiennent un sommet. Ces dernières années, les relations entre Moscou et Washington n’ont fait que se dégrader. Les motifs de brouille sont nombreux : l’Ukraine, la Syrie, l’ingérence supposée des Russes dans la présidentielle américaine. La rencontre inquiète.

La Finlande, Etat-membre de l’Union européenne, certes, mais pas l’Alliance atlantique. Plus grand pays limitrophe de la Russie en Europe. L’anti-modèle polonais en matière de relations avec Moscou. Et donc le lieu idéal, de longue date, pour une rencontre au sommet entre la Russie et les Etats-Unis. Les deux présidents sont face à face avec leurs seuls interprètes en vue d’un premier entretien prévu pour durer une heure et demie. Vladimir Poutine, fort de 18 années d’expérience du pouvoir, va-t-il avoir l’ascendant ? Pourrait-il convaincre Donald Trump de faire de concessions sur certains dossiers qui empoisonnent les relations ?

Juste avant le début de la rencontre, Vladimir Poutine et Donald Trump ont brièvement pris la parole. « Il m’est très agréable de vous rencontrer à Helsinki, sur cette terre très hospitalière qu’est la Finlande. Nos contacts avec vous sont réguliers. Ces derniers mois, nous avons parlé au téléphone, nous nous sommes rencontrés à plusieurs reprises en marge de réunions internationales, mais maintenant l’heure est venue de parler de nos relations bilatérales sur le fond, et d’évoquer divers points de tension dans le monde. Il y en a assez qui méritent que nous commencions à y prêter attention », a déclaré le chef de l’Etat russe.

MM. Trump et Poutine doivent ensuite être rejoints par leurs délégations respectives pour un déjeuner de travail russo-américain. Les discussions se déroulent dans le palais présidentiel finlandais, au bord de la mer Baltique, un bâtiment du XIXe siècle qui fut un temps une résidence des tsars lorsque ce pays nordique faisait partie de l’Empire russe, et qui a accueilli George W. Bush et Mikhaïl Gorbatchev puis Bill Clinton et Boris Eltsine. Leurs successeurs vont-ils parvenir à sortir de ce sommet avec des avancées concrètes ? Rien ne le dit.

Le couple Trump en compagnie de Vladimir Poutine, du président finlandais Sauli Niinistö et de sa compagne, Jenni Haukio. Helsinki, le 16 juillet 2018

« Nous possédons 90% des armes nucléaires, ça n’est pas une bonne chose »

Le président américain a émis le souhait de retrouver de bonnes relations avec Moscou. Il a félicité son homologue pour l’organisation du Mondial de football, et a évoqué plusieurs sujets qui seront sur la table : le commerce, les questions militaires, la dénucléarisation, la Chine. Il a parlé plus longuement que Vladimir Poutine : « Nous avons de bonnes choses à discuter. Je pense qu’une grande occasion nous est offerte. Nos deux pays ne se sont pas franchement bien entendus ces dernières années. Je ne suis pas là depuis très longtemps, mais ça va faire deux ans, et je pense que nous finirons par avoir une relations extraordinaire. »

« Je l’ai répété ces dernières années, et notamment durant ma campagne : bien s’entendre avec la Russie est une bonne chose et non pas une mauvaise chose. Je pense que le monde veut que nous nous entendions bien. Nous sommes deux grandes puissances nucléaires, nous possédons 90% des armes nucléaires, et ça n’est pas une bonne chose, c’est une mauvaise chose. Et j’espère que nous pourrons faire quelque chose pour ça, parce que ça n’est pas une force positive, c’est une force négative. Donc nous allons parler de ça, entre autres choses », a également diut M. Trump.

Ce sommet intervient trois jours après qu’un grand jury américain a inculpé 12 membres des services de renseignement russes pour avoir piraté les systèmes informatiques d’Hillary Clinton à la veille de la présidentielle de 2016. Donald Trump a promis d’en parler « fermement » avec son homologue. Mais il n’a pu s’empêcher de dénoncer sur Twitter avant la rencontre une « chasse aux sorcières ». « Nos relations avec la Russie n’ont JAMAIS été aussi mauvaises en raison de nombreuses années d’irresponsabilité et de stupidité des Etats-Unis », a écrit le président américain. Pas sûr que ce soit la meilleure entrée en matière pour négocier avec Vladimir Poutine.

Le premier somme entre les numéros un russe et américain à Helsinki (Finlande) ce lundi 16 juillet est placé sous haute sécurité.
RFI