Jean Pierre cardinal kutwa : la jeunesse catholique est une force…

 

la jeunesse catholique est une force avec laquelle il faudra désormais compter dans notre recherche de paix.

 

Que la grâce et la paix vous soient données de fa part de Jésus Christ, le témoin fidèle, le premier né d’entre les morts, le souverain des rois de la terre. Ces mots que vous venez d’entendre et que j’emprunte volontiers à la deuxième lecture de ce jour, c’est la prière que je forme pour chacun de vous tous ici présents : prêtres, religieux et religieuses, fidèles laïcs du Christ Puisque la paix est le préalable à tout développement, à tout épanouissement, je prie pour que le Christ qui est mort pour le salut du genre humain, vous apporte une paix profonde et que sa grâce ne cesse jamais de vous accompagner sur les chemins de vos vies. Cette prière, je la fais monter également vers le Père de toute bonté, pour les jeunes de notre Archidiocèse d’Abidjan qui ont démontré par leur dernier rassemblement au stade Félix Houphouët-Boigny. Mais aussi dans l’annonce de la Parole de Dieu. De tout cœur, j’espère que les effets de cette même paix rejoignent tous les jeunes de notre pays, la Côte d’ivoire, afin qu’ils comprennent qu’avec le Christ, nous ne perdons rien mais au contraire, que nous avons tout à gagner. Cette prière, enfin, je la prolonge à l’endroit des Ivoiriens et de tous ceux qui habitent notre cher pays, la Côte d’Ivoire, ce pays qui semble vivre des heures troubles avec le phénomène des enlèvements et des disparitions d’enfants, des crimes à caractère rituel, des attaques de tous genres contre les biens et les personnes; ce pays où l’insécurité a pris de nouveaux visages, toutes choses qui créent un climat délétère et éloignent de nous, de nos familles, de notre pays, la paix que le Christ nous offre par sa mort et par sa résurrection. Paix à toi Côte d’Ivoire, terre bénie de Dieu, notre pays bien-
aimé Oui, paix à toi Côte d’ivoire, toi dont les fils et les filles, année après année, me donnent l’impression de jouer à se faire peur et refusent d’emprunter le chemin que leur propose le Christ. Oui, Christ est Celui qui donne la paix : “Je vous donne la paix, je vous laisse ma paix bien plus, Christ est notre paix, cette paix qui n’est suivie d’aucun chagrin, d’aucun regret Côte d’ivoire, terre bénie de Dieu, notre pays bien- aimé, reviens à Jésus de toutes tes forces, de toute ton âme, car il est le seul qui puisse t’offrir la paix à laquelle tu aspires et sans laquelle, tout effort de développement est vain Christ est notre paix. Aujourd’hui, quand tu entendras le Christ te dire : “Je te donne la paix, je te laisse ma paix, non pas à la manière du monde”, ne ferme pas ton cœur, Révérends Pères, Cette paix à laquelle tous nous aspirons, celle que le Christ nous propose et nous offre, c’est celle dont nous nous sommes fait, d’une certaine manière, les intendants, les gérants pour son peuple et pour nous-mêmes. Et c’est bien pour cela qu’il nous donne son Esprit Saint, cette force qui procède du Père et du Fils et qui nous permet de réaliser plus que nous ne pouvons imaginer, à condition de l’accueillir et d’accepter d’œuvrer avec elle pour notre salut et pour la gloire Dieu L’Esprit du Seigneur est sur moi nous avons entendu.

En ce jour de la rénovation de nos promesses sacerdotales, je prie encore le Seigneur de vous donner à profusion son Esprit Saint, d’ouvrir large les portes de vos cœurs et de vos vies afin que ce même Esprit Saint vous configure davantage au Christ lui, l’unique médiateur et pasteur du peuple de Dieu vers qui vous êtes envoyés, pour lui donner à votre tour, la paix que Jésus nous a laissée. L’Esprit du Seigneur est sur moi, il m’a consacré par l’onction cette onction, celle que vous avez reçue le jour de votre ordination, c’est celle qui rend à même, qui qualifie comme on dit aujourd’hui, ceux et celles sur qui l’Esprit de Dieu repose pour impacter positivement le monde. Est-il besoin de rappeler combien il est urgent et important pour nous, au vu de la situation actuelle du pays que j’ai succinctement présentée plus haut, que notre pays soit impérativement impacté, infusé par les valeurs de l’Evangile du Christ.

Révérends Pères, Frères et sœurs ,au vu de la situation actuelle de notre pays, je pense que nous serions bien avisés et dès à présent, de sortir de nos sommeils, de nous réveiller car, s’il y a des silences qui sont porteurs de la présence de Dieu, il y a en d’autres qui sont le signe de la complaisance six mois après la rentrée pastorale, j’ai envie de m’interroger avec vous “les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres et surtout de tous ceux qui souffrent…” trouvent-ils aujourd’hui encore un écho dans nos cœurs de chrétiens ? Chrétiens mes frères, le monde, notre pays et ses habitants crient vers nous entendons-nous encore les cris de tant d’hommes, de femmes, de jeunes qui croupissent dans une forme de misère qui ne dit pas son nom misère morale, misère spirituelle, misère matérielle… Chrétiens mes frères, entendons-nous les voix dans le vent, voix plaintives, voix suppliantes, voix au silence bruyant qui ne cessent de nous interpeller : où en êtes-vous de votre projet de partage et de solidarité ?

Révérends Pères, le thème de notre année pastorale qui nous invite au partage et à la solidarité, c’est aussi celui qui doit nous mettre en mouvement pour discerner les attentes profondes, de même que les aspirations légitimes du peuple que Dieu a bien voulu confier à notre soin pastoral.

Et vous que moi que nous ne pouvons apporter de solutions durables aux problèmes de nos concitoyens que si nous-mêmes, nous les comprenons véritablement et finalement, que nous conduisions nos frères et sœurs au Christ “L’Esprit du Seigneur est sur moi…. Il m’a envoyé porter la bonne nouvelle aux pauvres. Quelle est donc cette bonne nouvelle et qui sont les pauvres vous devinez bien que la bonne nouvelle ici est celle qui concerne l’épanouissement de l’homme et de tout homme, sans exclusion, sans parti pris si ce n’est celui de l’humain, créé à l’image et à la ressemblance de Dieu. Il s’agit pour nous de faire en sorte que le peuple de Dieu tout entier soit concerné par cette annonce de la bonne nouvelle.

Chers confrères dans le sacerdoce, a propos de l’annonce de la bonne nouvelle, le rôle des prêtres participe d’une fonction qui les intègre dans la lignée de ceux que le Christ a appelés en premier. En effet, participant, pour leur part, à la fonction des Apôtres, les prêtres reçoivent de Dieu la grâce qui les fait ministres du Christ Jésus auprès des nations, assurant le service sacré de l’évangile, pour que les nations deviennent une offrande agréable, sanctifiée par l’Esprit Saint.’’ (Presbyterorum Ordinis) En parlant de service sacré de l’évangile, il me plaît d’insister pour dire que nous avons l’obligation de veiller à ne pas édulcorer cette parole-bonne-nouvelle tout simplement parce qu’elle n’est pas nôtre Il s’agit pour nous, pasteurs du peuple de Dieu, d’être fidèles au dépôt de la foi telle que transmis depuis des générations, et rien que cela trop de personnes se sont arrogé ce droit et annoncent quelquefois un tout autre évangile notre responsabilité est grande pour la simple raison que le peuple de Dieu est rassemblé d’abord par la Parole du Dieu vivant qu’il convient d’attendre tout spécialement de la bouche des prêtres.” (Presbyterorum Ordinis) En effet, c’est par le ministère des prêtres que se consomme le sacrifice spirituel des chrétiens, en union avec le sacrifice du Christ, unique médiateur, offert au nom de toute l’Eglise dans l’Eucharistie par les mains des prêtres. Ainsi donc, nous devons reprendre la place qui est la nôtre dans l’annonce la bonne nouvelle qui porte sur le salut que le Christ offre à notre monde et particulièrement aux pauvres. Les pauvres, ce sont ceux qui sont dans une situation de manque.

Ici aussi, nous ne devons plus accepter que nos frères et sœurs soient trompés, désabusés par les chemins de facilité qui leur sont de plus en plus proposés.

Notre silence ici, correspondrait à un accord tacite avec ceux qui mettent des obstacles sur le chemin de l’aveugle et cela n’est pas tolérable. L’option fondamentale que le Christ fait des pauvres est celle-là même qui doit nous guider et décupler nos efforts pour faire en sorte qu’ils sortent de leur pauvreté Il s’agit plus simplement pour nous, par l’annonce de la Bonne Nouvelle, de bâtir un monde où règnent la justice, la paix, la vérité, la liberté et la solidarité afin que tous les hommes considèrent que la dignité de la personne humaine faite à l’image de Dieu est suprême. Frères et sœurs, l’Esprit du Seigneur est sur moi… il m’a envoyé annoncer aux captifs leur libération, remettre en liberté les opprimés.” Cette annonce, c’est celle qui appelle au changement pour ceux qui ploient, consciemment ou pas, sous le poids d’un quelconque fardeau : je pense ici à tous les assoiffés de sang, le sang des innocents et qui, jamais, n’accepteront de verser le leur oui, j’invite tous ceux-là à comprendre qu’il n’y a que le sang de Jésus qui est capable de nous sauver et de nous apporter ce que nous désirons. Sachez que vous rendrez compte du sang que vous versez en parlant de fardeau, je pense aussi à toutes les nouvelles formes d’esclavages que nous imposent les nouvelles technologies.

Avez-vous remarqué que lorsqu’un drame survient, un voyeurisme morbide tend à exposer des photos choquantes sur les réseaux sociaux ?

La mode consiste à tout filmer, peu importe les circonstances de temps et de lieu. On court dès lors que son téléphone sonne ; on rebrousse chemin quand on s’est rendu compte que nous ne l’avons pas avec nous on se promène avec fierté en ayant des écouteurs dans les oreilles, ce qui nous coupe davantage des autres et du monde.

De cette mode, notre monde est devenu captif et de plus en plus opprimé : pour s’en convaincre, il suffit de voir comment tous, nous nous pressons sur ces gadgets une fois nos célébrations achevées avec vous encore une fois, je voudrais m’interroger : qu’est-ce qui m’opprime ? De quoi suis-je captif ? La proposition du Seigneur de me libérer trouvera-t-elle un écho dans mon cœur ? “L’Esprit du Seigneur est sur moi… il m’a envoyé annoncer une année favorable accordée par le Seigneur.”

A mes frères prêtres, vous savez bien que par la rénovation des promesses sacerdotales, nous nous rappelons, aujourd’hui spécialement, que nous avons été appelés, mis à part et consacrés le jour de notre ordination sacerdotale avec tout ce que cela implique. C’est en prenant davantage conscience que cette consécration nous rend intendants des mystères du Christ à travers les sacrements que nous devons célébrer avec foi et dignité, sacrements dont la bénédiction des huiles est le symbole que nous parviendrons à rendre concret cette année favorable accordée par le Seigneur.

Rendons grâce à Dieu de nous avoir appelés et mis en mission pour lui et disons-lui merci particulièrement pour notre doyen, le Père Pascal Acafou-Grah qui célèbre son 55ème anniversaire d’ordination sacerdotale. Avec lui et pour lui et comme un seul homme, chantons : “ Tu es sacerdos, in eternum, Révérend Père Pascal, de tout cœur, je vous dis : Ad multos et faustissimos annos. Frères et sœurs en Christ, Je ne cesserai jamais de rendre grâce à Dieu à votre sujet. Encore une fois, vous êtes venus nombreux soutenir vos prêtres et leur traduire votre attention et votre affection. Si nous comprenons que les bienfaits du Seigneur n’enlèvent rien à personne mais ont cela de particulier d’enrichir tout le monde, alors, mettons tout en œuvre afin que le thème de notre année pastorale devienne réalité dès lors, vivre de partage et de solidarité devient pour nous un impératif réalisable. Je sais que la distance qui nous sépare de la fin de l’année est plus courte que celle que nous avons déjà parcourue. Mais je veux être optimiste car rien n’est impossible à Dieu si nous savons lui faire confiance “L’Esprit du Seigneur est sur moi… il m’a envoyé annoncer une année favorable accordée par le Seigneur.” Qu’il en soit ainsi pour chacun de nous et pour notre pays.

 

SOURCE : Le nouveau Réveil

03/04/18