Kunfabo : les ambitions d’un smartphone africain low-cost made in Guinée

99$ le smartphone. C’est le projet de la guinéenne Fadima Diawma, férue de nouvelles technologies. Le concept social et low-cost de la marque Kunbafo -Quoi de neuf depuis le temps ? en Malinké, l’une des langues nationale du pays- n’entend pas pour autant déroger au soucis de qualité du produit. Une page de lancement vient d’être créée pour attirer les investisseurs africains et financer le projet.

Favoriser l’inclusion numérique et proposer des produits à l’image de son continent, c’est l’ambition de Fadima Diawma, et c’est ce qui l’a poussé à se lancer dans la fabrication de téléphones mobiles. « Étant Africaine, je ne me vois pas utiliser un smartphone Apple ou Samsung. J’ai lancé Kunfabo car je me suis dit que les smartphones produits par les géants de la téléphonie mobile ne nous représentaient pas vraiment ». Une idée forte, qui s’accompagne de plusieurs innovations que Fadima souhaite développer. Pour démarrer la production des appareils en quantité, elle estime à 100 000€ le montant nécessaire. Un montant qu’elle peut espérer obtenir grâce au crowfunding si 1 000 personnes participent à hauteur de 99€. Sur sa landing page, 850 personnes sont encore attendues pour lancer sa campagne de collecte de fonds.

À la recherche d’investissements africains

Si Fadima Diawma mise sur une marque de téléphones mobiles africaine, « C’est parce que les fabricants de smartphones utilisent l’Afrique pour écouler leurs produits. Au Congo, tout le monde sait ce qu’il se passe. Pour le moment, j’avance sur mes fonds propres et il est très difficile de sortir de ce qui se fait en terme de batterie. Mais pourquoi ne pas les substituer à quelque chose de plus écologique ne provenant pas de cette souffrance là ? ».

Le smartphone Kunfabo sera doté d’un système d’exploitation Android 6 et disposera d’un grand écran et d’une couverture 4G dans un design sobre et fonctionnel. « Il sera en mesure d’accueillir une carte mémoire SD de 32 Go, bien plus utilisée que le cloud en Afrique. La mémoire interne sera comprise entre 8 à 15 Go et le smartphone sera débloquée », précise la CEO.

« Nous essayons d’obtenir un maximum d’inscriptions pour lancer notre crowdfunding. Nous sommes à la recherche d’investissements ; un investisseur africain serait beaucoup plus intéressant car il connaitra les réalités du marché, du terrain », explique Fadima Diawma. Le smartphone et la montre connectée Kunbafo seraient assemblés en Guinée, avec des pièces de provenance chinoise. C’est aussi en Guinée que Fadima Diawma souhaite installer le siège de Kunbafo pour envisager un déploiement vers le Sénégal, le Mali et le reste de la région ; « C’est une question de santé publique pour certains villages aux confins de la Guinée. Il est urgent que chacun puisse capter la connexion internet partout. Kunbafo a pour ambition d’inonder l’Afrique d’une téléphonie moins coûteuse, dont l’intérêt premier serait d’offrir un service numérique à la population », explique l’entrepreneure.

Smartphone social

Après ses études de droit à Conakry, Fadima Diawma s’installe en Espagne. À l’époque, elle n’a que 23 ans et cumule apprentissage de la langue et petits jobs. Après deux ans de formation en comptabilité, un poste chez Vueling et un job dans une entreprise de grossistes, elle démissionne et évoque son déclic ; « Je voulais faire quelque chose d’utile, qui peut aider d’autres personnes, me lancer dans l’entrepreneuriat social. En Espagne, les gens se sont beaucoup intéressé à mon projet. C’est une initiative qui pourrait dépasser les frontières africaines, car certains en ont marre de dépenser autant pour un téléphone », explique t-elle.

Avec Kunfabo, elle souhaite s’adresser aux détenteurs de smartphones ainsi qu’à ceux qui n’en ont jamais eu ; « Mon objectif, c’est que jusqu’au fin fond de l’Afrique, tout le monde puisse avoir accès aux technologies. Il est très important que chacun puisse avoir accès à la localisation de points médicaux ». Pour développer cette technologie, Fadima souhaite travailler main dans la main avec des « développeurs africains à l’énorme potentiel de création ». Elle compte aussi sur l’aide de ses deux collaborateurs ; « L’un est spécialisé en crowdfunding et en marketing réseaux, le second me soutien dans mes recherches de fonds auprès d’investisseurs privés ainsi que dans la mise en lèvre du business plan et de la viabilité du projet ». Mais une chose est sûre, pour Fadima Diawma, l’amélioration et la performance des appareils devront toujours garder l’esprit de la marque Kunfabo low-cost.

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