L’Europe étouffe sous la canicule

Le mois de juillet dernier s’est révélé particulièrement chaud, surtout en Europe du Nord où les records de températures ont été pulvérisés. Dans la péninsule ibérique, les fortes chaleurs ont déjà fait deux victimes. Tour d’horizon d’une Europe qui suffoque.

La canicule s’installe en France, et ce pour plusieurs jours. Au total, 66 départements ont été placés en vigilance orange par Météo-France, avec des températures dépassant par endroits les 40° C.

Pour Olivier Proust, prévisionniste chez Météo-France interrogé par l’AFP, « c’est une canicule intense et durable, particulièrement sur le Sud-Est ». Une situation compliquée que partage la France avec ses voisins, certains étant peu habitués à de telles températures.

Du Nord au Sud

Toute l’Europe est en ébullition, même dans les pays que l’on pensait épargnés par les pics de chaleur. En Suède, plus de 25 000 hectares sont partis en fumée depuis la mi-juillet. En cause, la vague de chaleur intense qui frappe la Scandinavie avec des températures de 30°C relevées dans la capitale suédoise Stockholm, au lieu des 15 à 20° habituels. La Suède a ainsi enregistré son plus chaud mois de juillet en plus de 250 ans.

Des records absolus ont été battus au niveau du cercle polaire arctique avec par exemple 25,2°C le 18 juillet à Makkaur, au bord de la mer de Barents, soit 15°C de plus que les normales saisonnières. Des températures similaires ont été également relevées en Sibérie et dans les pays baltes, provoquant de grands incendies qui ont ravagé les forêts de Lettonie.

A l’autre bout de l’Europe, la Grèce a payé le plus lourd tribut humain avec au moins 88 morts dans les terribles feux de forêt qui ont carbonisé les alentours de la capitale Athènes le 23 juillet. Attisé par des vents violents et facilité par un temps sec et très chaud, le feu s’est propagé à grande vitesse.

L’une des nombreuses maisons qui ont brulé lors de l’incendie qui a eu lieu dans le village de Mati en Grèce, le 28 juillet 2018.
Jusque-là relativement épargnée, la péninsule ibérique souffre à son tour des fortes chaleurs avec des températures qui pourraient grimper jusqu’à 47°C ce week-end en Espagne et au Portugal. La température la plus élevée à avoir été enregistrée au Portugal remonte à 2003 avec 47,3° dans la province de l’Alentejo (sud).

Dans la région de Murcie, dans le sud-est de l’Espagne, deux décès ont d’ores et déjà été attribués à cette vague de chaleur. Il s’agit d’un ouvrier qui travaillait sur un chantier d’autoroute et d’un retraité de 78 ans.

Une femme se rafraîchit dans une fontaine à Séville, en Espagne, frappée de plein fouet par la canicule le 1er août 2018.
Cette situation qui alarme l’Organisation météorologique mondiale (OMM), agence de l’ONU qui standardise les mesures météorologiques. Comme le déclare sa secrétaire générale, Elena Manaenkova, dans un communiqué, « 2018 s’annonce comme l’une des années les plus chaudes jamais enregistrées, avec des records de températures dans de nombreux pays. Il ne s’agit pas d’un scénario futur, mais de la situation actuelle ».

Lourdes conséquences

Ces mois de sécheresse et de températures élevées pourraient se ressentir pendant des mois. Le secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas, dont les propos ont été rapportés dans le même communiqué, a notamment déploré qu’« outre la chaleur, la sécheresse simultanée a entraîné de graves problèmes dans l’agriculture : 30 à 50 % du rendement devrait être perdu » en Norvège.

Même problème en Allemagne, où les fortes températures associées à une sécheresse persistante devraient réduire de 20% environ la récolte 2018 de céréales, a déclaré mercredi 2 août la confédération allemande des agriculteurs, la DBV. Plus à l’Est, les pluies torrentielles de cet été nuisent à la qualité des récoltes, notamment sur les rives de la mer Noire et en Ukraine.

Dans une étude publiée le 17 juillet, l’ONG World Weather Attribution a conclu que la probabilité de la vague de chaleur qui sévit actuellement en Europe du Nord est « deux fois plus élevée aujourd’hui que si les activités humaines n’avaient pas modifié le climat ». Une remise en question qui s’impose, à l’heure où les conséquences du changement climatique deviennent de plus en plus visibles.

La vague de chaleur suscite l’inquiétude en France

La vague de chaleur suscite l’inquiétude en France

En France, Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, multiplie les messages de prévention comme par exemple s’hydrater même quand la soif ne se fait pas sentir ou éviter de sortir entre 11h et 18h, les heures les plus chaudes et les plus dangereuses aussi bien pour les personnes âgées que les enfants.

Les personnes âgées font justement l’objet d’une surveillance particulière. L’objectif est d’éviter de reproduire l’erreur de 2003, quand le gouvernement n’avait pas anticipé l’ampleur de la canicule. Près de 20 000 Français avaient perdu la vie à la suite de coups de chaud ou de déshydratations. Des mesures concrètes ont été prises dans plusieurs villes, au-delà de la seule prévention. La mairie de Paris prévoit d’ouvrir des salles climatisées dans tous les arrondissements.

La ministre a aussi fait part de son inquiétude dans le contexte du chassé-croisé des vacanciers sur les autoroutes. La journée du 4 août est classée « noire » dans le sens des départs. Le gestionnaire de l’autoroute A7, surnommée « l’autoroute du soleil » qui relie Lyon à Marseille, a stocké 8 000 litres d’eau potable sur les aires d’autoroutes. La production d’énergie est par ailleurs réduite à la centrale nucléaire de Fessenheim en Alsace.

RFI