Misrata: Fin de la révolte des migrants par la violence.

Hier, des unités libyennes armées sont intervenues pour débarquer des dizaines de migrants, originaires de la corne d’Afrique (Ethiopie, Soudan, Erythrée) et de l’Asie du sud (Pakistan, Bangladesh), interceptés par un navire panaméen, Le Nivin, qui les avait conduit au port de Misrata, à l’ouest de la Libye, d’où ils refusaient de débarquer.

Les conditions de leur périple.

Le jeudi 8 novembre, des migrants (entre 80 à 95)  embarqués dans un zodiac, pour se rendre à Malte, ont été interceptés par un navire commercial panaméen. Joint au téléphone par le journal LeMonde, un migrant soudanais, Mohammed, raconte leur rencontre :  » ils nous ont crié, montez, montez, on va vous prendre. Au lieu de nous conduire à Malte ils nous ont ramenés en Libye « .

Depuis que les navires humanitaires ont été chassés de la Méditerranée, certains cargos se plient aux ordres des gardes-côtes libyens et pratiquent le « refoulement » vers la Libye. Ces pratiques de « refoulement » sont contraires au droit international régissant le traitement des demandeurs d’asile. Amnesty international  dénonce une «  violation flagrante des lois internationales étant donné que la Libye n’étant pas un lieu sûr pour les ďébarquer ». Depuis leur arrivée à Misrata, les migrants refusent de débarquer. Seuls des représentants du Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) et de Médecins Sans frontières (MSF) ont pu rendre visite aux migrants, et ont constaté  leurs conditions à bord : la situation sanitaire devient critique, des soins médicaux sont nécessaires voir urgents, des vivres ont pu être livrés lundi.

Malgré la dégradation de la situation, leur détermination  à rester à bord reste intact :  » Nous ne descendrons jamais. C’est trop dangereux. Une fois à terre, ils (les libyens) nous tueront «  a déclaré Mohammed.

Le système de détention libyen n’est soumis à aucun règlement, pas d’enregistrement ni de suivi de dossier des migrants. Une fois entré dans un centre de détention, il est impossible de savoir ce qui leur arrive par la suite. Selon MSF, les migrants font parfois face à des abus, tortures et privations. Les conditions de détention sont inhumaines: manque d’accès aux soins médicaux, violences et mauvais traitements, malnutrition, manque d’infrastructure sanitaire. Ils sont obligés de travailler sans rémunération  pour acheter leur liberation, les femmes sont sexuellement exploitées. L’ Union Européenne est la première responsable de cette situation. En effet, pour pallier à la hausse des traversées irrégulières de la Méditerranée, celle-ci se décharge de toutes responsabilités dès lors que des réfugiés se retrouvent en détresse et ainsi les empêche de venir en Europe. La seule option officielle proposée aux navires ayant porté secours aux migrants est de les refouler en Libye, sans que l’UE n’offre de solution .

La révolte se termine dans la violence.

Après 10 jours de résistance pacifique, les forces de sécurité  libyennes, armées et cagoulées, sont intervenues hier pour déloger les migrants. Ils ont fait usage de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc. Au moins 8 migrants ont été blessés et hospitalisés. Quant aux autres, ils ont été placé en détention.

Le sort de ces derniers inquiète, à juste titre, les ONG et les Nations Unies .

 

Par leur révolte, les migrants voulaient alerter la communauté internationale. Ils préféraient mourir à bord, plutôt que de subir des violences sans fin en Libye.