Pourquoi le monde musulman résiste à l’Occident

Quatre facteurs géopolitiques pour comprendre ·Certains ont parlé de « l’arc de crises », d’autres, des « frontières sanglantes de l’islam ». Mais qu’est-ce qui explique cette volonté du monde musulman, dans sa diversité, de ne pas se soumettre au modèle occidental qui semble s’imposer partout ?

Beaucoup de gens se demandent pourquoi ce sont surtout les musulmans qui semblent en conflit avec l’Occident, alors que bien d’autres groupes ont historiquement souffert sous sa coupe. C’est une question légitime, à laquelle il n’y a de réponse ni unique ni facile. Beaucoup d’observateurs préfèrent botter en touche en dénonçant l’islam comme intrinsèquement « violent ». Fin de l’histoire, et fin de la pensée.

Il y a tout d’abord une longue histoire de résistance et de rébellion non musulmanes contre l’Occident. C’est un autre sujet de discussion, mais il est frappant de constater que même selon les statistiques d’Europol1, le terrorisme d’inspiration islamique ne représente qu’une petite part du terrorisme en général sur le territoire européen. Par exemple, le rapport pour l’année 2011 ne décompte que trois attentats terroristes d’inspiration islamique sur un total de 249. Dont 160 perpétrés par des mouvements séparatistes non musulmans et 45 par des groupes anarchistes ou d’extrême gauche. Mais on constate aussi une augmentation graduelle des attaques de groupes islamiques ces dernières années. Pourquoi maintenant ?

Laissons de côté l’histoire des interventions et des invasions militaires occidentales, que tout le monde devrait maintenant bien connaître, même en Occident… C’est déjà une bonne explication. Mais au-delà, comment comprendre cette tendance à l’affrontement entre « l’Est » et « l’Ouest » sur de longues périodes ? Est-ce simplement parce que « les musulmans détestent nos libertés » ou qu’ils « haïssent le monde chrétien » ? Examinons plutôt quatre facteurs géopolitiques majeurs.

La proximité entre l’Occident et le Proche-Orient. Quand les armées européennes se mettent en marche, elles peuvent se répandre vers l’est en Russie, champ de bataille bien connu, ou vers le sud et le sud-est, c’est-à-dire directement sur le Proche-Orient ou l’Afrique du Nord. En d’autres termes, le monde musulman est la cible la plus proche de l’expansionnisme militaire occidental. Autrement, il faut s’embarquer et parcourir les océans à la recherche de conquêtes — ce que l’Occident a également fait ;