Siny Samba, pionnière de la nutrition infantile made in Sénégal

Siny Samba, 26 ans, a préféré rentrer dans son pays d’origine, le Sénégal, après une expérience réussie en France au sein du leader de l’alimentation infantile Blédina. Ingénieure en agroalimentaire, elle a co-fondé le Lionceau, une entreprise spécialisée dans l’alimentation pour bébé.

Face à un marché local inondé de produits importés en tout genre, Siny Samba propose une alternative locale qui permet d’améliorer l’état de santé nutritionnelle des enfants tout en contribuant au tissu économique du pays et d’aider les producteurs.

Comment vous est venue l’idée de créer des aliments pour bébé au Sénégal?

Au Sénégal, 19% des enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition et les parents manquent cruellement d’informations autour de la nutrition infantile. Sur le marché des purées pour bébé, il n’y a que des produits importés. C’est pour cela que j’ai fait le choix de rentrer pour créer cette entreprise.

Est-ce que vous pensez toucher un plus grand marché sur le continent hormis le Sénégal?

Oui, absolument. Par exemple, dans les autres pays d’Afrique de l’Ouest, ce sont les mêmes problématiques: un fort taux de malnutrition, que des produits importés, et beaucoup de pertes agricoles. Nous ambitionnons de dupliquer notre modèle dans ces pays. Aujourd’hui, plus que jamais, il est vraiment temps pour nous de valoriser nos ressources locales, qui sont vraiment des trésors du point de vue nutritionnel, et de les mettre au profit des enfants du continent.

Comment vous différenciez-vous par rapport à la concurrence étrangère?

Dans toutes nos recettes, on utilise que des matières premières locales à haute valeur nutritionnelle, comme le fruit du baobab, le fonio, ou encore le mil. Et en plus de cela, on a construit une communauté avec les mamans en étant plus proche de la clientèle. On a des parents qui nous appellent pour des conseils.

Est-ce que ces mamans sont prêtes à payer un peu plus cher pour soutenir vos produits?

Au Sénégal, les gens sont de plus en plus ouverts d’esprit. Ils commencent à prendre conscience du consommer local. Il faut avouer que le prix reste un facteur déterminant dans l’acte d’achat. Mais désormais ils font plus attention à la qualité et à l’innovation des produits. Je pense qu’aujourd’hui, c’est à nous, transformateurs, de leur proposer des produits qui répondent à des standards internationaux.

Quel est le principal obstacle auquel vous êtes confrontée?

C’est surtout l’accessibilité aux matières premières donc l’approvisionnement. Du côté des producteurs, il y a beaucoup de perte agricoles: 50% de la production de mangues est perdue aux champs, parce qu’ils n’arrivent pas à les acheminer en ville. Il n’y a pas beaucoup de transformateurs locaux. Si on regarde au niveau des infrastructures routières, c’est compliqué d’accéder à certaines zones, cela engendre des pertes aux champs également. Les transformateurs n’ont pas encore les moyens, ni la capacité d’aller chercher cette matière première dans les régions.

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