Tout le Monde peut-il être Candidat à l’élection Présidentielle ?

En Côte d’Ivoire, tout le monde se prend pour politicien. C’est un sport national dont les matchs se terminent souvent de façon dramatique hélas. On peut probablement se poser la question de savoir pourquoi nos matchs politiques se sont dramatiquement terminés depuis la mort du premier Président de la Côte d’Ivoire?

A l’analyse, l’une des raisons principales est liée à la personnalité des Présidents successifs. La Paix ou la guerre dépend en grande partie du Chef de l’Etat en fonction. On l’a vu avec Feu Félix Houphouet Boigny, Premier Président de notre pays: 40 ans de vie paisible et de vivre ensemble avec en plus le développement. Ici, deux axiomes sont vrais : 1. Le choix du Président donc du candidat à l’élection présidentielle est capital. En votant, le citoyen fait le choix entre la paix, la stabilité, l’instabilité et l’insé- curité ; 2.

En votant, le citoyen choisit pour sa propre sécurité, pour la sécurité de ses enfants et de ses petits-enfants. Donc voter, c’est prendre des risques pour soi-même, pour les siens et pour le pays. Dès lors, il ne faut pas voter n’importe comment. Il ne faut pas non plus voter pour n’importe qui ? Surtout quand il s’agit du Président de la République. Car, par exemple quand vous avez des problèmes de gynécologie, pour une femme, cette dernière, si elle est lucide, elle va se diriger naturellement vers le meilleur gynécologue qu’elle peut s’offrir. Evidemment, elle n’ira jamais chez le gynécologue de son ethnie, de sa religion ou de son parti par affinité simplement.

Il en sera de même pour le choix de l’école de son fils bien aimé. Elle ira toujours vers la meilleure école qu’elle peut s’offrir. Enfin, aucun parent n’acceptera de monter dans un avion piloté par son fils titulaire d’un faux brevet de pilotage. Mais alors pourquoi, pour le choix du Président de la République nous sommes moins regardant sur les qualités, la compétence et la moralité du candidat ? Alors, si on ne doit pas voter n’importe comment, on ne doit pas non plus laisser n’importe qui se présenter comme candidat à l’élection présidentielle.

En d’autres termes, il faut poser à la fois des balises financières et morales draconiennes pour dissuader les aventuriers à la tête de nos Etats. Il faut éviter de faire en sorte que la démocratie ne débouche sur la « démoncratie ». Pour se faire, que faire donc ? Il faut procéder à une révision complète du code électoral, notamment au niveau des conditions financières et morales.

En Côte d’Ivoire, un pays de 25 millions d’habitants, avec plus de sept mille milliards de budget annuel, la caution pour être candidat à l’élection présidentielle est de vingt millions de francs CFA, contre deux cent cinquante millions au Bénin, dont le budget annuel est de 2000 milliards. Autrement dit, il faut miser 20 millions pour “empocher’’ 7000 milliards de FCFA en Côte d’Ivoire.

Evidemment, on constate à l’approche des élections, une flambée de candidatures. Franchement pour la plupart de ces candidats, c’est le saut dans l’inconnu ; c’est vraiment jouer à la loterie pour ne pas dire se moquer du peuple. Tenez! Chez nous, il y a plus de vingt mille bureaux et dans chaque bureau de vote il y a pour chaque représentant deux scrutateurs. Et pour les candidats sérieux, on prévoit des remplaçants en cas de défaillance. Soit au moins 40.000 personnes pour vérifier correctement le vote de chaque candidat.

Ces 40.000 personnes, il faut les former, les nourrir, les transporter et leur donner les moyens de communication sur au moins la durée de la campagne qui est de quinze jours à raison de dix mille francs, par jour, c’est au bas mot quatre cent millions qu’il faut débourser pour simplement s’assurer un bon processus de vote ce jour si le candidat est sérieux et rigoureux. Il faut ajouter à cette somme, le financement de la précampagne et de la campagne électorale elle-même.

Autrement dit, il faut avoir les milliards et prêts à perdre des milliards si on doit être un candidat respectable et digne de confiance. Donc logiquement n’importe qui ne doit pas être candidat. Mais, si vous franchissez l’obstacle des finances, est ce qu’on doit laisser à la tête d’un pays, un citoyen dont le passé, les paroles, les gestes et les actes riment avec la xénophobie, le tribalisme, le nationalisme et la corruption ? Et quand enfin vous avez passé cet obstacle, doit-on vous laisser quand vous n’êtes ni sain d’esprit ni sain physiquement.

Tenez ! En France, la semaine dernière la justice a ordonné un examen psychiatrique de Marine le Pen selon l’article 706-47-1, du code de procédure pénal qui condamne la diffusion de message violent susceptible d’être vu ou perçu par un mineur. Or, elle a été plusieurs fois candidate à l’élection présidentielle en France. Il en est de même pour certains tweets et frasques ravageurs du 45e Président amé- ricain. En un mot comme en cent, la magistrature suprême est un enjeu trop important. Il faut baliser le chemin qui y mène dans l’intérêt de tous et de toutes. A la semaine prochaine incha Allah