Toxiques, polluantes… Quelles alternatives aux couches jetables?

En France, des milliards de couches pour bébés sont jetées chaque année. Potentiellement dangereuses pour la santé des enfants, du fait de la présence de certaines substances chimiques, elles sont aussi un fléau pour l’environnement. Tour d’horizon des options pour en finir avec les couches jetables.

Le Vanuatu a annoncé il y a quelques jours vouloir interdire les couches jetables à compter du 1er décembre. L’objectif affiché est de réduire ses déchets et lutter contre la pollution dans cet archipel du Pacifique Sud.

Car cet objet du quotidien a des conséquences écologiques désastreuses, même en France où 3 milliards de couches sont jetées chaque année, générant 750 000 tonnes de déchets non-recyclables, soit 3 % de l’ensemble des ordures ménagères collectées, selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe).

Ces couches pourraient en outre présenter des risques pour la santé des bébés. Dans un avis publié le 23 janvier, l’Agence de sécurité sanitaire a mis en garde contre les « risques » que peuvent représenter certaines substances chimiques ayant été retrouvées dans des couches jetables.

Des produits toxiques y compris dans les couches « écologiques »

Sur les couches les plus utilisées, plus d’une soixantaine de substances chimiques ont été retrouvées, dont des pesticides comme le glyphosate. Et les couches estampillées « écologiques » ne sont pas épargnées, présentant aussi un dépassement des seuils sanitaires pour au moins une substance chimique.

Le magazine 60 millions de consommateurs avait déjà publié en août une étude sur les produits d’hygiène pour bébés (couches, lingettes, etc.), révélant la présence de composants toxiques dans certains produits.

La couche lavable, une alternative écologique et économique

Les couches lavables apparaissent comme une option plus écologique. Fabriquées à partir de matières naturelles (coton, bambou, chanvre, etc.), elles évitent aux bébés d’être en contact avec des substances potentiellement toxiques. Elles prennent la forme d’une grande culotte, composée d’une lingette lavable, biodégradable, à déposer sous les fesses du bébé.

« Sur l’aspect déchet, il n’y a pas vraiment de solution. La couche lavable est la principale alternative », explique Laura Chatel, chargée de campagne à Zero Waste France. « Les couches vendues comme bio contiennent généralement du plastique, lui-même fabriqué à partir de pétrole. Il y a des tentatives de compostage de couches, fabriquées à partir de matières naturelles, mais c’est encore au stade d’expérimentation ».

Autre avantage des couches lavables : le gain économique. Si le coût d’achat est supérieur à celui des couches jetables (une vingtaine d’euros l’unité en moyenne, contre 20 centimes), le prix est rentabilisé sur le long terme. Au final, le montant de l’investissement serait de deux à trois fois moins cher, selon une étude de France Nature Environnement. Certaines entreprises, comme «Ma petite couche», proposent même de louer les couches, et de se charger du lavage.

En France, la couche lavable adoptée dans deux maternités

Depuis début février, la maternité d’Alençon, en Normandie, est la deuxième en France, après celle de Strasbourg, à renoncer aux couches jetables. Une démarche qui représente un surcoût de 7 000 euros par an pour l’établissement. En contrepartie, ce sont 7 tonnes de déchets qui seront évitées chaque année, les 6 600 couches jetables ayant été remplacées par 400 couches lavables.

« L’argument écologique a été le point de départ. Une maman est venue un jour avec ses propres couches lavables, j’ai trouvé la démarche intéressante », explique Véronique Godefroy, sage-femme au sein du centre hospitalier. « Lorsqu’on on a entendu parler des produits toxiques présents dans les couches jetables, cela nous a réconforté dans notre choix. »

La maternité a passé une convention avec l’association l’Atre(Atelier tremplin pour la réinsertion et l’emploi), qui récupère chaque soir les couches sales pour les laver, et les rapporte propres le lendemain. A la sortie de la maternité, les parents ont le choix de continuer à recourir aux services de l’association.

Au final, l’ambition du Vanuatu d’interdire les couches jetables fera sans doute de ce petit archipel du Pacifique Sud un précurseur. Qui, on peut l’espérer, inspirera d’autres pays à travers le monde.

RFI