« À La Mecque, les cœurs tournés vers la paix en Côte d’Ivoire. »
De l’émotion de ma première Oumra à la ferveur d’une lecture coranique pour la paix en Côte d’Ivoire, ces premiers jours à La Mecque m’ont profondément bouleversée. Entre fatigue, émerveillement et recueillement, j’ai découvert une spiritualité vivante, portée par la solidarité des pèlerins et le souffle d’une nation en prière. Ce carnet est le reflet de mes pas, de mes rencontres et de mes invocations.
Après notre Oumra, nous avons rejoint enfin notre hôtel pour un repos bien mérité. Il était deux heures du matin lorsque je rejoignis ma chambre. Avant de me glisser sous les draps, j’ai pris soin de m’acheter un chawarma, une douceur locale que je dégustai lentement, après un bain chaud réconfortant. Un vrai moment de répit.
Au petit matin, la prière de Fajr fut accomplie à l’hôtel. La fatigue, encore tenace, ne m’a pas permis d’aller jusqu’au Haram. Mon corps avait besoin de récupérer.
Ce jour-là, j’ai fait le tour des différentes commissions pour mieux m’imprégner du rôle de chacune : restauration, sécurité, hébergement, affaires religieuses, transport, action sociale… Chacune avait sa dynamique, ses défis, ses hommes et femmes engagés à servir les pèlerins.
Le lendemain de notre arrivée à La Mecque, c’était l’accueil des groupes 3 et 4, fraîchement arrivés de Médine. J’ai fait quelques directs pour couvrir leur arrivée : fatigués dans les traits, mais lumière dans les regards.
Le soir, je me suis rendue au Haram pour les prières du Maghrib et de l’Icha. Sur le chemin du retour, j’ai fait une halte dans plusieurs boutiques, curieuse de comprendre les rouages de l’économie locale en pleine effervescence. Le Hadj, sans conteste, est une bénédiction économique pour ce pays : restauration, change de devises, échanges, achats, transport… tout est en ébullition. Impressionnant à observer. En marge de ces activités, j’ai eu l’occasion de recueillir quelques témoignages de pèlerines, riches en émotion et en foi.
- Sur les pas du Prophète
Le samedi 24 mai matin, les pèlerins des vols 1, 2 et 3 furent invités à une série de visites sur les hauts lieux historiques de la Mecque. Sous la conduite bienveillante des encadreurs religieux, nous avons marché sur les traces du Prophète Muhammad (paix et salut sur lui) et de ses compagnons. Notre première étape fut la célèbre grotte de Thawr, perchée sur une montagne escarpée. C’est là que le Prophète et son fidèle compagnon Abou Bakr As-Siddiq s’étaient réfugiés durant l’Hégire. Le miracle de la toile d’araignée et du pigeon, qui avaient trompé les poursuivants, fut rappelé avec émotion.
Nous poursuivîmes vers Arafat, lieu de rencontre d’Adam et Ève après leur chute, mais surtout haut lieu du Hadj. C’est là qu’Allah, chaque année, se vante de Ses serviteurs auprès des anges. Puis Mouzdalifa, la plaine du recueillement nocturne, avant de rejoindre Mina, théâtre des rituels de la lapidation symbolique contre les tentations du diable. Le parcours s’acheva à la grotte de Hira, là où tout a commencé, avec la première révélation coranique transmise par l’ange Jibril. Un encadreur a conclu la visite en nous exhortant à rechercher la science et à puiser dans ce pèlerinage la quintessence de la foi et du savoir.
2. La voix du Commissaire
Le 26 mai 2025, après avoir recueilli quelques témoignages de pèlerines, j’ai assisté à la conférence de presse animée par le Commissaire du Hadj. L’objectif de cette conférence était de faire un point d’étape de cette édition et exposer les directives pour la suite. Son appel résonna comme un devoir : prier pour la paix en Côte d’Ivoire, alors que notre pays entre en période électorale. Une demande forte, pleine de sagesse et de conscience civique.
3 . Le Tawaf en pleine foule
Un après-midi, après la prière de Asr, je décidai d’aller faire un Tawaf autour de la Kaaba. Le soleil descendait lentement derrière les murailles sacrées du Haram, mais la chaleur restait intense. La cour était noire de monde. Une marée humaine tournait inlassablement, dans une chorégraphie silencieuse.
À peine avais-je mis les pieds dans l’espace du Tawaf que je fus happée par le mouvement. Aucun répit. Chaque pas devait être calculé. Des corps frôlaient le mien, certains trébuchaient, d’autres priaient à haute voix, submergés par l’émotion. À ma droite, la Kaaba, majestueuse, attirait les regards comme un aimant sacré. Mon cœur battait fort. Je récitais mes invocations, mais souvent, je me contentais d’un simple “Ya Allah”, répété comme un souffle.
Le rythme était soutenu, le monde trop dense. Et pourtant, je ne voulais pas m’arrêter… et je réussis tant bien que mal. Ce Tawaf fut l’un des plus éprouvants, mais aussi des plus puissants. Une épreuve physique et spirituelle. À la fin, les larmes coulèrent. J’avais tourné avec eux, pour moi, pour ma famille, pour ma nation.
4 . Une lecture du cœur pour la paix en Côte d’Ivoire
Mercredi 28 mai 2025 (01 Dhul Hijjah 1446)
Après plusieurs jours intenses de rites et d’observations sur le terrain, un moment particulièrement solennel a marqué mon séjour ce mercredi matin. Très tôt, dans un silence empreint de foi, la commission religieuse a organisé une lecture intégrale du Noble Coran en faveur de la paix et de la stabilité en Côte d’Ivoire.
L’atmosphère dans la salle était lourde de ferveur, mais douce d’espérance. Les pèlerins, unis dans une même direction, ont levé leurs voix pour invoquer Allah. Les versets du Coran résonnaient comme des supplications collectives, dédiées à la cohésion nationale et à la réussite des élections à venir.
L’Imam Meïté Moustapha, Amir du Hadj et représentant du Cheikh Al Aïma, a pris la parole après la récitation. Il a rappelé que cette tradition spirituelle de lecture en faveur de la nation est perpétuée depuis feu Cheikh Aïma Boikary Fofana. Il a exhorté chaque citoyen ivoirien, en particulier les acteurs politiques et religieux, à s’engager pour une élection apaisée, dans le respect, le dialogue et l’unité : « Nous prions pour que la Côte d’Ivoire demeure un havre de paix, et que cette lecture soit agréée par Allah pour la stabilité de notre nation. »
J’ai été profondément touchée par cette initiative. Elle m’a rappelé que le pèlerinage n’est pas qu’un acte individuel : c’est aussi une mission communautaire, un cri du cœur pour la paix au-delà de nos frontières personnelles.
Qu’Allah bénisse la Côte d’Ivoire, protège ses enfants, et lui accorde des élections paisibles et apaisées. Âmîn.
Paré (envoyée spéciale)