5G : LES OPERATEURS METTENT 2,8 MILLIARDS SUR LA TABLE POUR LES FREQUENCES

2,8 milliards d’euros. Le coup de marteau est tombé jeudi en fin de matinée. Les fréquences pour la 5G ont été attribuées aux quatre opérateurs télécoms français après 17 tours d’enchères. Une étape importante pour le déploiement de la nouvelle génération de téléphonie mobile a donc été passée, mais cela ne signifie pas pour autant que la 5G sera allumée dès demain. Il faudra patienter encore quelques semaines.

Dans le détail, les opérateurs ­enchérissaient pour se partager 310 mégahertz (MHz) dans une bande de fréquences comprises entre 3,4 et 3,8 gigahertz (GHz). En février, quatre lots de 50 MHz avaient été attribués pour 350 millions d’euros à chacun des quatre opérateurs. Cette semaine, ils enchérissaient pour disposer des 110 MHz restant, répartis en 11 lots. Ces blocs de fréquences étaient mis à prix à 70 millions d’euros. En trois jours d’enchères, le prix a grimpé jusqu’à 126 millions d’euros par bloc. Une bonne nouvelle pour l’État qui va encaisser 2,8 milliards d’euros, même si le paiement est échelonné.

Les opérateurs français ont évité le pire, alors que les prix avaient flambé en Allemagne et surtout en Italie où leurs homologues ont déboursé 6,5 milliards d’euros. La facture n’en reste pas moins salée. Au total, Orange déboursera 854 millions d’euros pour 90 MHz. Ce qui risque de tirer un peu plus son cours de Bourse, actuellement autour de 8,70 euros, vers le bas. SFR signera un chèque de 728 millions d’euros pour 80 MHz. Bouygues Telecom et Free terminent ex aequo, avec une dépense de 602 millions chacun pour 70 MHz. Une répartition qui correspond peu ou prou aux parts de marché respectives de chacun. Même si Orange avait un temps espéré mettre la main sur 100 MHz et Bouygues Telecom sur 80 MHz, les deux entreprises ont revu leurs prétentions à la baisse, ce qui était le meilleur moyen pour limiter le montant de la note à payer.

Inquiétudes locales

D’autant que les opérateurs n’en ont pas fini avec les investissements. Courant octobre, il y aura encore les enchères de placement. Ces dernières, moins médiatiques, visent à déterminer où précisément se situer dans la bande des 3,5 GHz. Certains seront à 3,4 GHz, d’autres, 3,5 GHz, etc. Ensuite, les fréquences seront effectivement attribuées aux opérateurs qui pourront appuyer sur le bouton et lancer la 5G. Mais attention, seules quelques villes, notamment celles où les tests ont été réalisés, devraient être concernées, dans un premier temps. La couverture du territoire en 5G devrait être achevée en 2030, avec un point d’étape en 2025.

Les opérateurs – et le gouvernement – vont aussi devoir composer avec les inquiétudes locales. En début de semaine, le conseil municipal de Bordeaux s’est ainsi prononcé en faveur d’une « étude d’impact préalable de la 5G à haute fréquence, et le lancement d’un grand débat ­citoyen », relate Rue89Bordeaux. Biffant au passage le terme de moratoire, pour lui préférer celui, plus consensuel, d’étude… D’autres maires, comme celui de Grenoble, continuent de plaider pour un moratoire. Ils souhaitent attendre les résultats d’études complémentaires. L’Anses doit remettre un deuxième rapport plus complet sur le sujet en mars 2021.

Les 26 GHz encore en attente

La donne se complique encore un peu d’un point de vue technique sachant que la 5G peut utiliser plusieurs types de fréquences. Aux 3,5 GHz dont il est actuellement question vont s’ajouter les 26 GHz, dites fréquences millimétriques. Or, ce sont des fréquences pour lesquelles très peu d’études ont été réalisées, notamment concernant l’impact sur la santé. Mais ces fréquences ne seront pas mises en service avant plusieurs années. Elles n’ont d’ailleurs pas encore été attribuées. Enfin, les opérateurs peuvent aussi lancer une sorte de service minimum en 5G, en allumant le service sur d’autres bandes utilisées actuellement par la 4G, en 700 MHz ou en 2,1 GHz par exemple.

Parallèlement, le déploiement de la 4G continue. Il est d’autant plus important pour les opérateurs qu’ils utiliseront les installations existantes et y ajouteront la 5G. Ils continueront d’émettre en 2G/3G/4G pendant plusieurs années. Nul besoin donc, de jeter son smartphone aux orties pour en acheter un neuf, compatible avec la 5G. Les téléphones actuels vont continuer de fonctionner.

 

Par Elsa Bembaron

Source : https://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/5g-les-operateurs-mettent-2-8-milliards-sur-la-table-pour-les-frequences-20201001