Lieu emblématique de la spiritualité musulmane, la Rawdah – surnommée « le Jardin du Paradis » – attire chaque année des millions de pèlerins venus du monde entier. En immersion à Médine pour Islam Info, notre envoyé spécial Diané Moussa nous fait découvrir ce lieu d’une intensité spirituelle unique, où chaque pas devient une prière et chaque regard un lien avec l’éternité.
Aujourd’hui vendredi 23 mai correspondant au 25 zoul ka’ada . Médine, Arabie Saoudite – Située au cœur du Masjid an-Nabawi, la Rawdah – également connue sous le nom de al-Rawdah al-Shareefah (« le Noble Jardin ») – est l’un des lieux les plus sacrés et les plus visités du monde musulman. Lieu de piété, de recueillement et de profonde émotion, cette zone bénie entre la tombe du Prophète Muhammad ﷺ et sa chaire (minbar) est considérée par les croyants comme un jardin du Paradis ici-bas.
Une spiritualité palpable
La Rawdah, dont le nom complet en arabe est الروضة الشريفة, signifiant « le noble jardin », attire chaque année des millions de pèlerins du monde entier. Dès l’entrée dans cette zone délimitée au sol par un tapis vert distinctif, un changement d’atmosphère est perceptible : les cœurs se serrent, les larmes montent, les prières deviennent plus ferventes.
C’est ici, à cet emplacement même, que le Prophète ﷺ dirigeait les prières, conseillait ses compagnons et dispensait ses enseignements. Aujourd’hui encore, l’intensité spirituelle du lieu continue de nourrir les âmes venues chercher la proximité divine.
Des limites historiques et spirituelles débattues
Les savants de l’islam ont longuement débattu des limites exactes de la Rawdah, s’appuyant sur plusieurs hadiths authentiques.
Première opinion : Selon de nombreuses sources, dont l’imam Ahmad et al-Bayhaqi, la Rawdah s’étend entre la tombe bénie du Prophète ﷺ – située dans l’ancienne maison de son épouse Aïcha (qu’Allah l’agrée) – et sa chaire. Cette zone mesure environ 26,5 mètres de long, le long du mur sud de la mosquée.
Deuxième opinion : Une narration rapportée par l’imam Ahmad élargit la Rawdah à la zone comprise entre la chaire et toutes les maisons du Prophète ﷺ, qui s’étendaient alors le long des murs est et nord de la mosquée. Cette opinion donne à la Rawdah une dimension plus vaste, englobant une portion significative de l’ancien quartier prophétique.
Troisième opinion : Enfin, une tradition rapportée par al-Tabarani, al-Haytami et Ibn Shabba va encore plus loin, affirmant que la Rawdah s’étend entre la maison du Prophète ﷺ et sa musallah, l’endroit en dehors de la ville où se tenaient les prières de l’Aïd. Cette version est soutenue par le fait que certains compagnons, comme Sa’d ibn Abi Waqqas, ont choisi de vivre dans cette zone en quête de bénédiction.
Une symbolique universelle
Malgré la divergence d’opinions sur ses dimensions exactes, une chose demeure constante : la Rawdah incarne une part du Paradis sur Terre. Le Prophète ﷺ l’a décrite ainsi :
« Entre ma maison et ma chaire se trouve l’un des jardins du Paradis. »
Ces paroles, transmises à travers les générations, suffisent à insuffler au lieu une puissance spirituelle unique.
Les fidèles qui y pénètrent se sentent privilégiés. Beaucoup s’emploient à y accomplir deux unités de prière, d’autres y murmurent des invocations ou méditent en silence. La densité humaine n’empêche pas la communion avec le sacré.
Une visite bouleversante
En tant qu’envoyé spécial, j’ai ressenti la charge émotionnelle de chaque mètre foulé dans la Rawdah. La proximité avec la tombe du Prophète ﷺ, visible depuis la Muwajaha al-Sharifah, impressionne et émeut. L’endroit est géré avec soin, les autorités saoudiennes régulant les flux pour permettre à chacun un moment de spiritualité dans un cadre organisé.
En quittant la Rawdah, on ne repart jamais vraiment. Une part de notre cœur reste accrochée à ces lieux où ciel et terre semblent se toucher.
Encadré : À savoir pour visiter la Rawdah
- Les accès sont organisés en créneaux via une application officielle (Nusuk).
- L’entrée se fait séparément pour les hommes et les femmes, à des heures précises.
- Il est conseillé de s’y rendre avec calme, humilité et patience.
Par Diané Moussa, envoyé spécial à Médine
