Algérie: la victoire d’Abdelmadjid Tebboune ne met pas fin à la contestation

Abdelmadjid Tebboune remporte donc dès le premier tour la présidentielle en Algérie. Un scrutin marqué par une abstention record : 39,9 %. Le mouvement de mobilisation du Hirak avait appelé les Algériens à boycotter cette élection. Et ce vendredi, ils sont de nouveau massivement dans les rues.

Comme ce jeudi déjà, une partie des Algériens, les membres du Hirak, le mouvement de contestation né en février dernier, se sont donné rendez-vous dans la rue. C’est le 43e vendredi de mobilisation de suite. Ils comptent bien poursuivre le mouvement, pour dire non à cette élection et donc à cette victoire. Dans la capitale, des manifestants déjà nombreux scandent des slogans pour dénoncer un vote truqué : « Nous sommes venus, ils ne nous ont pas amenés, Tebboune ne nous gouvernera pas. »

Le cortège principal de la manifestation a démarré moins de deux heures après l’annonce de l’élection d’Abdelmadjid Tebboune et les manifestants chantaient « Tebboune ne nous gouvernera pas, c’est soit vous, soit nous, on ne s’arrêtera pas ! ». Des manifestants à Alger avaient aussi apporté de la farine en référence au fils du nouveau président. Khaled Tebboune avait été arrêté en juin 2018 dans une affaire de trafic de cocaïne présumée.

Des dizaines de milliers de personnes dans la rue

Dans la capitale ce vendredi, il y avait des dizaines de milliers de personnes. Comme chaque semaine, des femmes, des enfants et beaucoup de jeunes qui disaient que l’élection ne changeait pas grand-chose à leur détermination. Des manifestants qui estiment qu’Abdelmadjid Tebboune est un membre du système politique dont ils demandent le départ.

Des manifestations ont lieu dans différentes villes du pays dont celle d’Oran, la deuxième ville d’Algérie. Les forces de l’ordre ont dès le début de l’après-midi violemment dispersé la manifestation et il y a eu plusieurs dizaines d’arrestations selon plusieurs témoins.

Vives réactions sur les réseaux sociaux

Les réactions sont vives aussi sur les réseaux sociaux. Des réactions comme un « c’était trop prévisible », d’un internaute sur Twitter ou encore : « C’est un jour sombre pour l’Algérie ». Plusieurs internautes publient aussi une caricature du dessinateur Nime, intitulée « l’élu », sur laquelle on peut voir le général Ahmed Gaïd Salah, le chef d’état-major de l’armée, enfilant un soulier de verre à Abdelmadjid Tebboune. Son auteur a été condamné cette semaine à un an de prison, dont trois mois ferme.

On retrouve aussi des références à son âge. Abdelmadjid Tebboune est un septuagénaire. « Comment peut-on à 74 ans diriger le plus grand pays d’Afrique dont la population est majoritairement trentenaire ? », s’interroge-t-on sur Twitter.

rfi