Ami, une couturière infatigable

Allah dit dans le Coran, au verset 216 de la sourate 2 “… il se peut que vous ayez de l’aversion pour une chose alors qu’elle vous est un bien…C’est Allah qui sait, alors que vous ne savez pas.». Ce verset Ami, la couturière l’a comprise à ses dépens. Elle nous relate son parcours tout tracé par ses parents malgré son refus.

Fièrement assise dans son atelier de couture, paire de ciseaux en main, elle rajuste au passage la jupe après quelques coups de machine passés ça et là. Toute souriante, Ami …la trentaine révolue dit aimer son travail, ‘‘mais j’ai eu un parcours difficile hein’’ nous dit-elle. C’est après son refus de continuer l’école en classe de 3ème que ses parents l’invitent à suivre une formation en couture. Mais, ils rencontrent un refus catégorique de leur fille qui avait un penchant plutôt pour la coiffure. Un métier qui n’était pas du goût de ceux-ci, devant alors adopter des stratégies de corruption pour encourager leur fille à s’adonner à la formation. ‘‘ Ma mère me donnait de l’argent pour que je parte faire ma formation, parce qu’il y’avait des jours où je refusais catégoriquement de partir à l’atelier’’ raconte notre couturière, avant d’ajouter que ‘’ je n’aimais pas la couture, pas du tout’’. Après plusieurs stratégies de persuasion, elle finit par s’y faire. Ami a appris pendant près de 5 ans avant d’oser travailler à son compte à domicile, et ensuite ouvrir un atelier dans son quartier dans la commune de Bingerville. ‘ ‘ Mon plus grand regret est que mes parents soient décédés avant que j’aie mon atelier à moi, mais je suis bien contente d’avoir appris la couture’’. Lorsqu’elle s’est mariée en 2011 son domicile change en même temps que son nom de famille, elle a dû alors fermer son atelier pour retourner à la couture fait maison. Ami nous explique que la plus grande difficulté a été de trouver un magasin pour en faire un atelier de couture. Ce n’est finalement qu’en 2017 qu’elle trouve un conteneur dans un autre quartier. Mais la distance ne lui fera pas obstacle. Chaque matin, elle emprunte un véhicule avec son fils de 2 ans et demi pour se rendre à son lieu de travail. Elle doit jongler entre le travail et les travaux de la maison. Faire la cuisine sur place ou le marché en rentrant sont les alternatives que notre brave femme a trouvées pour concilier travaux ménagères et son métier. Sous l’une de ses chaises, on peut aisément apercevoir un fourneau et une marmite.