Brexit: un projet d’accord à l’épreuve des divisons britanniques

A moins de cinq mois de la sortie du Royaume-Uni de l’UE, Londres et Bruxelles ont fini par s’entendre sur un projet d’accord de Brexit que Theresa May va présenter ce mercredi 14 novembre à ses ministres. Le conseil extraordinaire est prévu dans l’après-midi, mais déjà se pose la question de savoir si la Première ministre va réussir à surmonter les divisions qui agitent son gouvernement et la classe politique britannique.

Theresa May va présenter ce texte comme la meilleure solution possible et tenter de convaincre ses ministres de la soutenir en rappelant les dangers d’une sortie sans accord en mars prochain. Mais la réunion de ce mercredi s’annonce déjà difficile pour la dirigeante, prévient notre correspondante à Londres, Muriel Delcroix. De nombreux membres de son gouvernement ont d’énormes doutes sur l’accord trouvé. Pour ces ministres, c’est l’heure de vérité.

Après avoir pris connaissance du document chacun leur tour à Downing Street, ils vont devoir décider s’ils peuvent approuver un texte de compromis qui, comme tous les compromis, risque de ne pas leur plaire. Les ministres qui ont de profondes réserves pourraient décider de claquer la porte et démissionner, à la fois parce qu’ils ne peuvent pas soutenir le projet d’accord mais surtout parce qu’ils pensent qu’il ne sera pas voté par le Parlement britannique.

L’enjeu parlementaire

Dès mardi soir, les « Brexiters » comme l’ancien ministre Boris Johnson ou le député Jacob Rees-Mogg ont dénoncé un texte qui ferait de la Grande-Bretagne un « Etat vassal » de l’UE. Le DUP, le parti unioniste nord-irlandais dont dépend tant Theresa May pour conserver la majorité absolue à la Chambre des communes, est très méfiant face au texte.

Le Labour, le parti d’opposition travailliste de Jeremy Corbyn, lui aussi, doute déjà que ce soit un bon accord. Et même les « Remainers » de tous bords pourraient voter contre un texte qui maintient leur pays dans une union douanière sans les avantages d’un membre à part entière de l’UE ; ils pourraient pousser à la place pour un second référendum.

Solution irlandaise

Si les détails de l’accord n’ont pas été rendus publics, il y a eu quelques fuites dans les médias irlandais et britanniques. D’après la chaîne de télévision publique irlandaise RTE, la clause de sauvegarde qui doit garantir d’éviter tout retour à une frontière physique entre les deux Irlande devrait prendre la forme d’un accord douanier temporaire pour l’ensemble du Royaume-Uni.

Des mesures spécifiques porteront sur l’Irlande du Nord, qui restera plus alignée sur les réglementations du marché unique que le reste du royaume. Le texte prévoit aussi un mécanisme d’arbitrage sur la durée de ce régime provisoire. De leur côté, les ambassadeurs des 27 pays de l’UE se retrouveront mercredi après-midi à Bruxelles, selon deux sources diplomatiques. La chaîne irlandaise RTE a annoncé une réunion du gouvernement irlandais mercredi.

RFI