CANDIDATURES 2020, hypothèses de départ

 

Le profil du Président de la République et du Vice-Président en Côte d’Ivoire : qui peut être candidat et qui doit être candidat ?

 

En 2017, notre chroniqueur Alex Comoé avait dressé le portrait du président et du vice-président pour les élections 2020. Dans le journal le monde du 22 octobre 2020 au micro de cyrill Bensimon, le président Alassane vient de révéler qu’il avait proposé un schéma au président Bédié pour les candidatures présidentielles de 2020, en ces termes.

« …Je lui ai proposé en 2018 que nous organisions des primaires entre nos deux partis en proposant chacun deux ou trois candidats, mais Bédié ne veut que sa personne. C’est cela qui a créé le vrai problème… »

Tout d’abord est ce que tout le monde doit être candidat à la présidentielle ? Si la réponse est oui, du point de vue du droit et de la constitution, mais, franchement du point de vue de la morale, de l’éthique, est ce que tout le monde doit être candidat ?

Les puristes du droit, nous répondrons encore que oui. On pourrait cependant rétorquer à nos amis juristes, qu’à l’origine même, la constitution a été faite pour canaliser, banaliser le cheminement vers la magistrature suprême. Donc en proposant des voies et moyens pour la sélection et le choix des candidats à la présidentielle, ce n’est pas être contre les droits politiques des citoyens. Bien au contraire il s’agit de privilégier le droit collectif au droit individuel. Car comment un pays comme la Côte d’Ivoire avec plus de six mille milliards de franc CFA de budget annuel peut être livré à quelqu’un qui paierait  simplement vingt millions de caution pour l’élection présidentielle ? Comment accepter la candidature d’un individu incapable d’avoir des scrutateurs dans les dix mille bureaux de vote ? Tout candidat sérieux doit avoir au moins deux scrutateurs, et deux autres en cas de problème. Soit quarante mille scrutateurs, à former transporter, équiper, nourrir et sécuriser.

En support logistique. C’est au moins deux cent cinquante véhicules avec au moins trois cent chauffeurs prêt 24h/24. Il faut ajouter à cela au moins cinquante informaticiens et un personnel de secrétariat et de sécurité logés confortablement pour suivre et analyser les résultats, bureau de vote par bureau de vote.

Le minimum à exiger des candidats et par respect pour le peuple, c’est de s’assurer que leur candidat a les moyens humains, techniques et financiers de prendre en charge au moins son équipe de campagne sur tout et vraiment tout le territoire national. C’est au bas mot, cinquante mille personnes qu’il faut avoir pour faire une vraie campagne électorale présidentielle. A raison de dix mille francs par jour, sur quinze jours de campagne, c’est un budget minimum de sept milliards et demi de FCFA. Et comme le résultat n’est pas garanti à 100%, le candidat devrait avoir non seulement ses propres moyens mais aussi et surtout être prêt à perdre au moins une dizaine de milliards de Franc CFA. Ce qui suppose qu’il  doit être vraiment un  multimilliardaire !

En plus des milliards qu’il faut avoir, il faut avoir d’autres conditions tout aussi importantes :

  1. Un projet politique et un programme de gouvernement ;
  2. Une équipe capable de comprendre et de mettre en œuvre les promesses électorales ;
  3. Des références dans la gestion politique, économique, administrative et sécuritaire ;
  4. Il faut avoir un bilan prouvé et éprouvé au plan politique économique  administratif           et sécuritaire ;
  5. Autant il faut avoir autour de soi une équipe compétente et dédiée, autant il faut avoir des références en politique au plan national et international ;
  6. Il faut se montrer capable d’avoir des électeurs au-delà du cercle de ses partisans ;
  7. Enfin avec la nouvelle constitution ivoirienne de deux candidatures à l’élection présidentielle (Président et Vice-Président), il faut être capable de nouer une alliance stratégique qui vous apporte au moins 25 % de l’électoral en dehors de vos partisans naturels. Sinon vous êtes contraint à un deuxième tour hypothétique pour votre victoire.

Dès lors quel  est ou quel serait le profit idéal du candidat à la Vice-Présidence dans un contexte politique dominé par le RDR, le PDCI et le FPI ? Auparavant dressons d’abord les portraits robots des politiciens ivoiriens :

  1. La première catégorie : ce sont les agitateurs, ce sont eux qui de nature aiment la politique. Il faut qu’il soit dans la politique ou avec les hommes politiques. C’est leur raison d’être. Ceux-là, quel que soient les régimes et les situations, ils seront toujours dans la politique d’une manière ou d’une autre ;
  2. La deuxième catégorie, ce sont les idéalistes: ceux qui croient qu’on peut résoudre tous les problèmes du monde avec la politique. Quel que soit le métier qu’ils ont appris par ailleurs, leur métier de prédilection c’est la politique. Ceux-là finissent tôt ou tard par être désillusionnés ;
  3. La troisième catégorie; les obligés : ceux-là n’ont jamais pensé un seul instant à une carrière politique. Mais leurs ascensions professionnelles les hissent à un niveau ou des décisions politiques ont une importance capitale sur leur carrière. Pour se maintenir ou se protéger ils pensent pouvoir être politiciens ;
  4. La quatrième catégorie, les frustrés: ce sont ceux qui s’estiment avoir été bafoués dans leur dignité ou privés de quelques choses à laquelle ils ont droit. Du fait de la politique ou des hommes politiques, pour eux la politique est un moyen de se venger et de protéger les siens ;
  5. La cinquième catégorie: les envieux ou les insatisfaits : ce sont des gens qui ont réussi socialement, matériellement. Mais ils souffrent de ne pas jouir de l’effet de tapis rouge ou de la signature qui ouvre les portes et les salons des VIP ;
  6. La sixième catégorie ; les kamikazes: ceux-là, la politique ne les intéresse guère. Mais ils sont prêts à tout pour combattre, salir des hommes politiques qu’ils ne portent pas du tout dans leur cœur pour des raisons aussi fallacieuses que farfelues ;
  7. les solistes : un pied dedans et un pied dehors. double face la nuit ils n’ont un langage et le jour un autre. ils ne pensent qu’à eux-mêmes. Ils ne pensent ni à leur famille, ni à leur parents, encore moins à leurs parti politique.

L’année 2020 est sur toutes les lèvres, alors qu’il nous reste encore plus de trois (03) ans.

On parle à la fois de succession d’une seule personnalité, alors qu’il en a deux (02) (Alassane et Bédié) ; et de l’alternance au Pouvoir d’Etat entre deux (02) Partis, alors qu’ils sont au moins six (06) dans la coalition politique qui gère la Côte d’Ivoire depuis 2011.

A peu de choses près, on se croirait au moment de l’agonie du Premier Président de la République feu Félix Houphouët Boigny avec la différence fondamentale que les deux (02) protagonistes d’alors ne sont plus dans la course directement. D’où le débat sur la succession et l’alternance, aussi bien interne qu’externe au PDCI et au RDR en particulier.

Quelques soient les bords politiques où l’on se trouve, le souhait de la majorité des ivoiriens, et de ceux qui vivent dans notre pays, est d’avoir en 2020, une succession pacifique et une alternance au pouvoir ordonnée qui donneront à la Côte d’Ivoire un Président et un vice-président. Cette alternative répond à merveille aux exigences de la nouvelle constitution. Car on ne peut pas confier un pays de plus 25 millions d’habitant avec plus  de 6000 millions de budget annuel à n’importe qui ? Donc quel doit être le profil de ces deux (02) personnalités ? Les personnes éligibles à la candidature des élections présidentielle et vice-présidentielle doivent :

  • Être le choix exclusif des Présidents Alassane Dramane Ouattara et Henri Konan Bédié tout en leur étant fidèle, et au RHDP.
  • Avoir des qualités de Leadership, mais aussi faire preuve d’esprit d’équipe et du don de soi.
  • Avoir dans leurs vies politiques, un mentor à qui, ils doivent tout, et à qui ils ont toujours obéi, et avec qui, ils partagent des secrets et des relations intimes et spéciales. Parce qu’un homme politique sans mentor est un électron libre qui peut être dangereux.
  • Avoir fait la preuve qu’ils ont toujours travaillée au rapprochement de leurs mentors ainsi que de leurs partis politiques.
  • Malgré la longévité politique passée aux côtés de leurs mentors, l’opinion publique ou la presse ne doit avoir jamais fait état de divergences politiques fondamentales qui les a opposés à leurs mentors respectifs, ni au mentor de l’autre.
  • Avoir une expérience de travail en commun dans le gouvernement et au sommet de l’Etat.
  • Avoir travaillé dans le gouvernement du Président feu Félix Houphouët Boigny, de Henry KONAN Bédié et d’Alassane Dramane OUATTARA.
  • Être militants exclusifs du parti politique de leurs mentors, et ne laissant aucun groupement politique se réclame d’eux. Leurs partisans, s’ils en ont, se réclament d’abord et uniquement de leurs mentors respectifs.
  • Avoir, en outre, des compétences techniques, administratives et une expérience économique et financière au plan national et international.
  • Ne pas avoir de contentieux politique lourd avec une composante sociologique et politique du pays.
  • Être capable de protéger, perpétuer et renforcer le patrimoine politique et idéologique du président feu Felix Houphouët Boigny, de Henry KONAN Bédié et d’Alassane Dramane OUATTARA.
  • Ne souffrir d’aucune menace de poursuite judiciaire, aussi bien au plan national qu’international.
  • Avoir la confiance des institutions financières internationales ainsi que celles des pays voisins.
  • Assumer entièrement et totalement toutes les décisions prises par le Président Alassane pour gérer la crise électorale et postélectorale.
  • Assumer totalement le bilan politique, économique et social de la gestion du Président OUATTARA de 2011 à 2020.
  • Avoir une confiance et un respect mutuel absolus entre les deux (02) personnalités.
  • Avoir enfin des ambitions totalement dédiées à l’intérêt du pays et du pays seul.

En plus de ces dix-sept (17) critères, les deux (02) personnalités doivent avoir des qualités principales suivantes :

  • L’humilité ;
  • La reconnaissance ;
  • L’esprit d’équipe ;
  • La discipline ;
  • Et l’amour du travail bien fait.

Voilà ainsi les dix-sept (17) critères et cinq (05) qualités que chaque ivoirien devrait observer pour effectuer son choix pour les deux (02) candidats à la Présidence et à la Vice-présidence.

L’exercice est très simple. Prenez d’abord autour du Président OUATTARA et du Président BEDIE, trois (03)  candidats potentiels selon vous. Classez-les (pour chaque camp) par ordre de mérite. Chaque critère ou qualité est noté sur dix (10).

Ensuite, constituez  la paire (le candidat le mieux placé chez Bédié et le candidat le mieux placé chez Alassane), qui répond positivement a au moins 75 % des dix-sept (14) critères et des cinq (05) qualités.

Vous aurez probablement la paire idéale, c’est-à-dire le Président et le vice-président, qui seront élus en Octobre 2020. Si Dieu le veut.

En un mot comme en cent, on ne peut pas, et on ne doit pas confier la Côte d’Ivoire simplement à qui le veut. Un pays qui a un budget de plus de six mille milliards, près de vingt-cinq millions d’habitants  qui comptent presque autant de chrétiens que de musulmans avec un rôle clé dans la cohésion de la paix et de la sécurité de la sous-région. La succession et l’alternance à l’intérieur du RHDP  doivent être réservées uniquement et exclusivement à une équipe bien rodée ayant la confiance totale des  deux personnalités comme Henri KONAN Bédié et Alassane OUATTARA, des et  aussi de la caution des militants des deux (02) plus grands partis politiques.

A bon entendeur salut !

Alex Comoé Brou allias John Michael, (2017)

Politologue à CAP ALIF.