Côte d’Ivoire – Football : Nicolas Pépé, la pépite des Éléphants

Auteur d’un début de saison éclatant avec Lille, Nicolas Pépé est l’un des attaquants dont on parle le plus en Europe. L’Ivoirien sera un atout essentiel pour les Éléphants lors de la double confrontation avec la Centrafrique en qualifications pour la CAN 2019.

La jeunesse s’est emparée, au moins provisoirement, du pouvoir offensif des Éléphants. Quand quelques anciens – Bony, Kalou, Gervinho, Sio, Doumbia – pointent aux abonnés absents avec des mots d’excuse variés, allant de la blessure à la méforme, d’autres, plus jeunes et aux statistiques attractives, ont évité à Ibrahim Kamara, leur sélectionneur, d’avoir trop à cogiter avant de composer sa liste pour affronter la Centrafrique à Bouaké puis à Bangui, les 12 et 16 octobre.

La nature ayant horreur du vide, la jeune génération, incarnée par Cornet, Zaha, Assalé ou Pépé, qui a déjà ses habitudes en équipe nationale, est aujourd’hui en première ligne, alors que la Côte d’Ivoire va jouer gros face aux Fauves du Bas-Oubangui.

Déjà 6 buts avec Lille

Parmi cette armada offensive rajeunie, Nicolas Pépé (23 ans) est l’un des joueurs les plus en vue de ce début de saison. Si Lille est deuxième de la Ligue 1, l’Ivoirien, auteur de six buts et trois passes décisives, y est forcément pour quelque chose. « Et si Lille est toujours à ce niveau, il le doit aussi à Nicolas, qui avait inscrit treize buts en 2017-2018 et évité à son équipe une relégation », rappelle Abdoulaye Bamba, le défenseur d’Angers et des Éléphants.

Il est l’un des éléments essentiels de son équipe

Pépé, qui a préféré rester à Lille alors que Lyon, européen et plus fortuné, était prêt à lui offrir un salaire conséquent, n’a pas voulu quitter le Nord. Lille, malgré une offre de 30 millions d’euros de l’Olympique lyonnais (OL) à la fin du mois d’août, a réussi à conserver son attaquant sans avoir trop à le forcer. « Il a fait un choix intelligent. Nico aurait pu aller dans un plus grand club, gagner plus, mais peut-être jouer moins. Là, il est dans une équipe qui compte sur lui, et dont il est l’un des éléments essentiels », poursuit Bamba, qui a côtoyé son compatriote à Angers en 2016-2017.

Repéré chez les amateurs

Nicolas Pépé a découvert le monde professionnel en Anjou en 2013. Abdel Bouhazama, le directeur du centre de formation du SCO d’Angers, avait hérité de ce jeune joueur né à Mantes-la-Jolie et qui s’était fait remarquer à Poitiers, alors au cinquième niveau national.

À Angers, il a appris la concurrence, le travail défensif

« Il avait le choix entre Bastia et Angers. Comme son père travaillait à Poitiers, c’était plus pratique pour rester proche de lui. J’ai vu arriver un attaquant avec un gros potentiel, qui venait du milieu amateur et n’avait pas tous les codes d’un club pro. Il fallait donc qu’il assimile toutes ces nouveautés, sur le terrain et en dehors. À Poitiers, comme c’était l’un des meilleurs et qu’on s’en remettait beaucoup à lui, il avait beaucoup de liberté. Ici, il a appris la concurrence, le travail défensif. Et comme il était encore scolarisé, je lui rappelais régulièrement qu’il n’y avait pas que le foot dans la vie », explique le formateur.

Un cap franchi à Lille

Angers, qui évolue alors en Ligue 2, lui offre un peu de temps de jeu en 2014-2015 (10 matches), mais décide de le prêter ensuite à Orléans (National), afin qu’il s’y aguerrisse. Son passage en 3ème Division – dont il sera élu meilleur joueur par ses pairs – est bénéfique. Et même si sa découverte de la Ligue 1 n’est pas éblouissante en termes statistiques (3 buts), les progrès affichés par l’attaquant sont assez réels pour convaincre Lille de mettre 10 millions d’euros sur la table pour l’attirer dans le Nord.

« Comme c’est quelqu’un qui apprend vite, Nicolas s’est bien adapté à la Ligue 1. Il a su gommer certains petits défauts, comme une certaine tendance à jouer trop facilement. Il a bossé le replacement défensif, et a amélioré ses qualités naturelles que sont la technique, la vitesse et la vivacité », apprécie Bouhazama. L’Ivoirien, qui est un pur gaucher, est aussi un joueur capable d’évoluer à tous les postes offensifs, même si Christophe Galtier, l’entraîneur lillois, a préféré l’installer sur le côté droit.

Il incarne l’avenir du football ivoirien », selon Michel Dussuyer

International en 2016

Né en France, Nicolas Pépé n’a pourtant jamais porté le maillot tricolore dans les sélections de jeunes. « Il a très vite manifesté sa volonté de jouer pour la Côte d’Ivoire », précise Bouhazama. Michel Dussuyer, alors sélectionneur des Éléphants, sera le premier à lui donner sa chance en novembre 2016, lors d’une rencontre face à la France à Lens (0-0).

« Je l’avais observé à l’occasion d’un match des moins de 23 ans à Abidjan, et il était clairement au-dessus. Même si à Angers, il ne jouait pas toujours, j’avais voulu le convoquer. Il n’avait pas participé à la CAN 2017 au Gabon, mais depuis, il a gagné en maturité. Je pense qu’il incarne l’avenir du football ivoirien », explique l’actuel coach du Bénin.

Auteur de 3 buts en 10 sélections, il cherchera face à la Centrafrique à confirmer ses performances en club et accessoirement à aider sa sélection à se rapprocher du Cameroun et de la phase finale de ce qui pourrait être sa première CAN. « Il a franchi un cap à Lille. Il sent mieux les coups, il est plus solide physiquement », ajoute Abdoulaye Bamba, qui sera aussi de la double confrontation face aux Centrafricains. Et qui préfère jouer avec Pépé que contre lui…

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