Discours du Président KONE Idriss Koudouss prononcé lors de l’ouverture du séminaire organisation par le Centre d’Etude, d’information et de Documentation du CNI sur le thème :Religion et construction d’une nation plurielle démocratique et laïque, le 02 et 03 septembre 2000 (Suite et Fin)

Mesdames et Messieurs, voilà ainsi campé, le décor intellectuel dans lequel nous allons travailler durant ces deux journées. Mais avant, je voudrais au nom du conseil national islamique, rassurer
les uns et les autres sur les motivations qui sous tendent notre action. Vis à vis des pouvoirs publics, les rapports selon nous, doivent être basés sur le respect mutuel, la vérité en toutes circonstances et le respect de la laïcité. C’est ce que nous avons fait avec les autorités précédentes et celles d’aujourd’hui.

Ces positions ne sont toujours pas bien comprises et nous ont valu un traitement singulier qui continue encore avec les interpellations intempestives de nos dignitaires religieux. Mais pour le CNI ce sont des positions de principe auxquelles il ne peut se dérober. Vis à vis des acteurs et partis politiques, nous avons pour principe la neutralité positive entre tous les acteurs de la vie politique nationale et la non ingérence dans le choix des électeurs. Notre position vis à vis des acteurs est fonction de leurs engagements sur le respect de la laïcité, la lutte pour l’unité nationale et pour l’égalité entre tous les enfants de ce pays sans distinction aucune ainsi que la fidélité à notre patrimoine de la politique de dialogue et de terre hospitalière. En cela nous rejoignons notre frère, l’ Archevêque d’Abidjan, Monseigneur AGRE qui en s’adressant aux jeunes le samedi 26 août dernier disait ceci : « ….je vous envoie en mission. Allez partout, saluez tous ceux que vous rencontrerez et fraternisez avec eux, qu’il soient musulmans, protestants, catholiques, animistes, bouddhistes etc. Priez pour leurs  Imams, leurs Pasteurs, leurs Chefs religieux. N’acceptez pas de glisser des politiques aux conflits religieux.  Méfiez vous, il n’ y a pas de partis musulmans ni de partis chrétiens. Il y a des musulmans, des chrétiens, des adeptes des religions traditionnelles et autres dans tous les partis politiques. N’acceptez jamais ces divisions artificielles et fausses : d’un coté les musulmans de l’autre les chrétiens ». Fin de citation.

Vis à vis des religions et religieux de Cote d’Ivoire, nous avons toujours prôné la coexistence religieuse, le respect de la foi religieuse, la vénération du Sacré et le traitement équitable de tous les
religieux et de toutes les confessions. Dans ce chapitre, les religieux de Côte d’Ivoire donnent l’exemple aux politiques pour ce qui doit être les voies et moyens pour vivre ensemble dans le respect des diversités. De mémoire d’ivoiriens, il n’existe aucune trace d’une lutte religieuse entre les fils et les filles de ce pays. Il n’existe non plus aucun différend entre les chefs des religions chrétiennes et musulmanes. C’est seulement dans l’imaginaire des politiques et de certains journaux et journalistes, dans leurs desseins inavoués d’utiliser la religion mais surtout les religieux comme un fond de commerce, pour semer et répandre la haine entre les ivoiriens.

Face à cette dérive, il appartient aux religieux de former un bloc solide pour défendre le respect et la dignité des religieux, l’exercice libre de la foi, de la tolérance afin de préserver un environnement de paix et de prospérité, conditions indispensables pour le développement des religions. Comme pour paraphraser cette idée, nous dirons : RELIGIEUX DE TOUT BORD UNISSONS NOUS.
Ce séminaire vient donc à point nommé dans une atmosphère aussi délétère, pour donner aux religieux cette capacité de lire au delà des contingences immédiates afin d’inscrire leurs actions conjuguées dans la durée. C’est pourquoi le conseil national islamique a invité presque toutes les confessions pour participer à ce premier séminaire. Presque toutes ont répondu positivement. Quelques dignitaires religieux tels que Monseigneur DAKOURY et le Président de l’Eglise Méthodiste le président BONI se sont excusés pour raison de maladie et de calendrier. Nous souhaitons à l’un et l’autre prompt rétablissement et bon retour.
Mesdames et messieurs au terme de cette intervention je voudrais vous remercier pour avoir répondu à notre appel. Que dis je à l’appel du SEIGNEUR TOUT PUISSANT qui nous regarde du haut de sa majesté et qui nous attend pour apprécier notre sincérité et nos efforts dans la consolidation de son royaume d’ici bas. Que sa bienveillance nous accompagne durant ces deux jours.
Je vous remercie.

FIN