Hadj 2025 : dans les secrets de l’organisation des pèlerins ivoiriens avec Imam Diarrassouba

Hadj 2025 – Logistique à Mina, Arafat et Mouzdalifa :

Imam Diarrassouba Yacouba Yacoub lève le voile sur l’organisation du séjour des pèlerins ivoiriens

Dans une interview exclusive accordée à notre rédaction à La Mecque, l’Imam  Diarrassouba Yacouba, président de la Commission Hébergement du Hadj 2025, revient en détail sur la logistique déployée pour accueillir les pèlerins ivoiriens à Mina, Arafat et Mouzdalifa. De la répartition des tentes aux mesures sanitaires en passant par le confort minimal, les standards saoudiens et l’appel à la discipline, tout est mis en œuvre pour un pèlerinage paisible et réussi.

« À Médine, nous avons eu un franc succès »

Imam Diarrassouba Yacoub n’est pas à sa première mission. Depuis 2012, il pilote avec rigueur et humilité l’une des commissions les plus stratégiques du Hadj : celle de l’hébergement. Un travail colossal, qui commence bien avant l’arrivée des pèlerins.

« Alhamdoulillah, l’étape de Médine s’est déroulée dans d’excellentes conditions. Dès leur atterrissage, les pèlerins ont été logés dans un délai record d’une heure. Cela a été possible grâce à la synergie entre la Direction Générale des Cultes, le Commissariat du Hadj dirigé par l’Imam Bachir, les guides, les chefs de commission, mais aussi grâce à l’organisation rigoureuse de notre équipe », se réjouit-il.

À La Mecque également, la situation est plus stable. « Contrairement à Médine où nous partageons des hôtels avec d’autres nationalités, ici nous avons un bâtiment exclusivement réservé aux Ivoiriens. Tout est mieux organisé et fluide. »

Mina, Arafat et Mouzdalifa : entre discipline, adaptation et cohésion

Dans quelques jours, les 10 000 pèlerins ivoiriens aborderont les étapes majeures du Hadj : Mina, Arafat et Mouzdalifa. Des lieux saints dont la gestion est toujours un défi logistique. La Commission Hébergement a déjà envoyé une équipe avancée sur le terrain. « Les retours sont très rassurants, assure l’imam. Les tentes sont prêtes, les emplacements sont identifiés, et la coordination avec les autres commissions – transport, médical, restauration, communication – est bien huilée. »

Les tentes, attribuées en nombre (environ une cinquantaine), sont redistribuées selon un plan propre à la Côte d’Ivoire. « Chaque tente est renommée selon une ville ivoirienne : Abengourou, Anyama, Bouaké, Bondoukou… Cela facilite le repérage par vol et par sexe, et favorise la cohésion entre pèlerins. » Au total, 36 groupes (17 vols publics et vols réguliers hommes/femmes) doivent être hébergés.

Normes saoudiennes et gestion des foules : rigueur et anticipation

À Mina, les tentes sont classées en catégories (A, B et C), avec des niveaux de confort différents. « Nous avons choisi Mina C, car il offre un bon compromis pour un groupe aussi nombreux. Il faut surtout de la discipline. Dès l’arrivée des cars, nous avons trois équipes prêtes : une à l’accueil, une à l’orientation, une à l’installation. C’est un ballet bien réglé », explique l’Imam.

Face à la chaleur, les autorités saoudiennes ont procédé à la rénovation des systèmes de ventilation. « Tout a été remplacé : climatisation neuve, meilleure aération. Cela va nettement améliorer le confort, surtout à Arafat. »

À Mouzdalifa, où les pèlerins dorment à la belle étoile, la vigilance est de mise. « Nous avons un grand espace réservé pour l’Afrique noire, bien identifié avec le drapeau ivoirien. Dès la descente des cars, tout le monde sait où aller. Le passage y est bref mais symbolique. »

Arafat : « Ici, on ne fait plus de distinction entre public et privé »

À Arafat, haut lieu spirituel du Hadj, la Commission Hébergement applique une philosophie d’unité. « Les tentes sont réparties de manière équitable, mais une fois sur place, j’insiste : pas de distinction entre privé et public. Nous sommes tous Ivoiriens, tous pèlerins d’Allah. Si une tente privée est vide, on y installe des pèlerins publics. L’objectif, c’est la cohésion. »

Chaque tente est numérotée pour une organisation optimale. La priorité : que chaque pèlerin puisse se recueillir dans des conditions de dignité, de paix et de fraternité.

Prise en charge médicale et accompagnement des cas sensibles

Face aux urgences sanitaires, notamment à Arafat où la chaleur peut être intense, la coordination avec la commission médicale est constante. « Les ambulances sont prêtes, des espaces sont réservés pour les personnes malades ou âgées. Tout est pensé pour répondre aux cas critiques », précise l’Imam Dirassouba.

Le soutien logistique est également renforcé par la commission sociale, qui prévoit des points d’appui pour les pèlerins en difficulté.

Une vision humaine du leadership

Dans un style sobre mais ferme, l’Imam Ibn al-Dirasouba Yacoub incarne une forme de leadership partagé. « J’aime déléguer, faire confiance. Chacun dans mon équipe sait ce qu’il a à faire. Je n’aime pas tout contrôler. C’est la clé de notre efficacité. »

Une équipe qu’il dirige depuis plus de dix ans, avec le même souci d’amélioration continue. « Chaque édition nous apprend. On devient des “vieilles filles” du Hadj (rires), pas dans le sens littéral, mais dans le sens de l’expérience. »

Un appel à la discipline, à la paix et à la prière pour la nation

En cette année électorale en Côte d’Ivoire, l’Imam adresse un message fort :

« Je demande à tous les pèlerins d’être disciplinés. En montant dans les cars, en entrant dans les tentes, en marchant dans la foule, qu’ils se disent : je viens d’un pays discipliné, d’un pays de paix. Même si on te bouscule, il faut faire preuve de retenue. »

Enfin, il appelle tous les fidèles à multiplier les prières pour la stabilité nationale :

« Priez pour la Côte d’Ivoire, pour notre président, pour le ministre de l’Intérieur en charge du Hadj, pour tous les responsables. Que Dieu nous accorde un Hadj accepté, et une patrie en paix. »

Propos recueillis à La Mecque par : Diané Moussa, envoyé spécial d’Islam Info