LA MONTÉE DES SUICIDES EN CÔTE-D’IVOIRE : CAUSES, RESPONSABILITÉ ET SOLUTIONS

« La Côte-d’Ivoire est le troisième pays en Afrique qui a le taux de suicide le plus élevé »

Se donner la mort est une pratique qui prend de plus en plus de l’ampleur et semble devenir le rite privilégié de certains individus en détresse dans nos sociétés actuelles. Mais pourquoi vouloir s’ôter la vie ? Que faire pour remédier à ce phénomène de suicide grandissant ? Pour répondre à ces interrogations, sociologue, psychiatre et guides religieux ont entretenu les fidèles musulmans sur la problématique lors d’une conférence-panel. C’était le samedi 9 Avril au sein de la mosquée de la Communauté musulmane de Cocody-Angré (Comucan), terminus 81-82

Prévenir les cas de suicides et protéger les Ivoiriens contre ce phénomène, tels sont les objectifs de ce panel qui réunissait plusieurs spécialistes. C’est ce que l’imam principal, Diakité Mohamed Abou a fait savoir d’entrée de jeu. L’honneur a été donnée à Ouattara Souleymane, qui a fait le constat effrayant sur le rang qu’occupe notre pays en termes de mortalité par suicide. Selon lui, 5760 meurent chaque année par suicide sur les 29 millions de personnes vivant en Côte-d’Ivoire. Ce constat alarmant est multifactoriel, indiqua le sociologue. Ainsi, le fonctionnement de la société et l’intégration de l’individu peut pousser ce dernier à se donner la mort. Cela s’explique entre autres par le manque d’emploi, les conflits familiaux et sentimentaux comme les grossesses indésirables, la stigmatisation, les troubles de personnalité, le désespoir et les maladies graves et chroniques pour ne citer que ceux-là. Ce sont autant de facteurs qui demeurent à l’origine du suicide. En revanche, plusieurs signaux peuvent nous interpeller sur les velléités de suicide, précisait-il. « Les personnes en proie au suicide sont le plus souvent isolées, tiennent des propos relatifs à la mort et deviennent altruistes, comme pour mettre de l’ordre dans leur vie avant de passer à l’acte fatal », a révélé l’expert en sociologie, avant d’indiquer les gestes à adopter face aux suicidaires. « Il est important de briser la glace par la communication et amener ces derniers à exprimer leurs ressentiments », a-t-il conseillé. L’imam Diaby Almami, quant à lui, considère le travail éducatif spirituel, comme étant la meilleure clé de lutte contre le suicide, car, explique-t-il, « la vie est épreuve auquelle Dieu nous confronte, sans exception de personne comme le révèle le Coran. Cela nous permet de dompter l’âme en l’apaisant. » L’imam principal de la mosquée n’a pas voulu rester sans mot dire. Pour lui, nul n’est à l’abri du suicide. Le tout est de se confier à Dieu et de faire beaucoup d’informations. L’ « âme ne nous appartient pas et ce sera un péché que de vouloir se suicider. ». Il a profité pour attirer l’attention de la population et particulièrement des imams à multiplier les sensibilisations afin de dissuader les potentiels suicidaires, car “ce n’est pas une question familiale ni une affaire de L’État ; tout le monde est concerné par ce combat”, galvanisa le premier responsable de la mosquée. Les panelistes se sont prêtés aux questions de l’assemblée, ce qui a mis fin à la conférence.

Yahya Sultane