l’adoratIon sa pratique et ses principes

Selon lbn Taymiyya (Paix à son âme), « al ibadatou», c’est un nom qui embrasse toute chose que Dieu aime, que ce soit des paroles, des actes apparents ou des actes faits en secret. Sont entre autres de l’adoration : la prière, la zakat, le jeûne et le pèlerinage, la parole véridique, le fait de rendre le dépôt qu’on vous a confié («al amanatou»), la bienfaisance envers les parents, le fait de maintenir ses liens de parenté, de respecter ses promesses, d’ordonner le Bien et interdire le Mal, combattre les mécréants et les hypocrites, la bienfaisance, que ce soit envers les voisins, les orphelins, les indigents, les étrangers de passage, les gens asservis, les animaux… ainsi que les invocations et l’évocation de Dieu, le fait de réciter le saint Coran… De même, l’amour de Dieu et de Son Prophète, la crainte de Dieu et le repentir, la sincérité dans la foi, la patience face aux épreuves de la vie, le fait d’être reconnaissant envers Dieu pour tous Ses Bienfaits, le fait d’accepter Ses décisions et de s’abandonner à Lui en toute confiance, l’espoir de Sa Miséricorde et la peur de Son Châtiment : tout cela fait partie de l’adoration. Car l’adoration adressée à Dieu est la chose qu’Il aime le plus et qui Le satisfait le plus, puisque s’Il a créé les créatures, ce n’est que pour cela. Dieu (Exalté) dit : « C’est à seule fin qu’ils M’adorent que J’ai créé les Génies et les Hommes ! » (Ste 51 : Les vents qui dispersent / Verset 56). Dieu (Exalté) dit aussi : « A chaque communauté, il fut envoyé par Nous un Prophète avec cet ordre : “Adorez Dieu ! Fuyez le culte des faux dieux ! » (S 16 : Les Abeilles / Verset 36). Dieu (Exalté) dit encore : « Il n’y eut pas un Envoyé avant toi à qui il ne fût révélé : « Il n’y a pas d’autre dieu que Moi ! Que l’on M’adore ! » (S 21, Les Prophètes / Verset 25). C’est pour cette raison que l’acte d’adoration doit être continu et que le serviteur doit persister jusqu’à son ultime départ. Dieu (Tout-Puissant) a dit : « Voue-toi à adorer ton Seigneur jusqu’à ce que te vienne la certitude ! » (S 15 : AI Hijr / Verset 99). Dans ce verset, la certitude dont il est question, c’est la mort par laquelle tout devient évident. Dieu (Gloire à Lui) a appelé Ses Intimes que sont les Prophètes et les Anges, Ses Serviteurs (ibadouhou), car ils Lui reconnaissent à Lui Seul le droit d’être adoré. Dieu (Exalté) dit : « Ceux qui vivent dans l’intimité de ton Maître, L’adorent en toute humilité, Le glorifient sans fin et se prosternent devant Lui ! » (S 6 : AI Arâf / Verset 206). Dieu (Exalté) dit aussi : « A Dieu appartiennent ceux qui peuplent les cieux et la terre. Ceux qui se tiennent auprès de Lui ne ressentent nulle humiliation à L’adorer ni ne s’en lassent jamais. » (S 21 : Les Prophètes / Verset 19). En contrepartie, Dieu a dénigré ceux qui s’enflent d’orgueil et se détournent de Son adoration « Ceux qui, par orgueil, refuseront de Me servir, entreront tête basse en Enfer ! » (S 40 : Le Croyant / Verset 60).

LE BUT DE L’ADORATION

L’ensemble de la religion fait partie de la définition de l’adoration, car, «Ad-dinou» (la religion) signifie vraiment la soumission et l’obéissance totales à Dieu Seul. La religion de Dieu veut donc dire le fait de L’adorer, de Lui obéir et de se soumettre à Lui. Si on part de cette compréhension de la religion, toute chose est donc soumise à Dieu («abdoun »), et l’adoration exigée de tout croyant, c’est celle dans laquelle il exprime son amour et son humilité dans le but de plaire à Dieu. En effet, l’amour de Dieu est le plus haut degré de l’adoration auquel l’homme puisse accéder. Tous les autres sentiments, comme l’acceptation de Ses Décisions et le fait de Lui être reconnaissant quelles que soient les circonstances, sont les fruits de l’amour pour Dieu. Le Prophète (Paix à son âme) a dit : « Quiconque possède les trois qualités suivantes connaîtra les délices de la foi : -celui pour qui Dieu (Gloire à Lui) et Son Prophète deviennent plus aimés que tout ; -celui qui, lorsqu’il aime quelqu’un, ne l’aime que pour l’amour de Dieu ; -celui qui détesterait retourner à l’incroyance tout comme il détesterait être jeté dans le feu.» (Rapporté par Al Boukhari d’après Anas) Dieu (Le Très-Haut) a dit : « Si vos pères, vos fils, vos frères, vos épouses, votre famille, les biens que vous avez acquis, un commerce dont vous craignez qu’il périclite, les maisons dans lesquelles vous aimez vivre, vous tiennent plus à cœur que Dieu et Son Prophète, ainsi que la lutte dans la voie de Dieu, attendez-vous alors à ce qu’un ordre de Dieu vienne ! Et Dieu ne guide pas les pervers ! » (S 9 : Le Repentir, Verset 24). Pour arriver à cet amour de Dieu qui mène à Son adoration, et à l’acceptation du fait que l’on est Son serviteur, il faut allier la conviction aux actions : la soumission («al islamou») conduit à la foi profonde («al imanou»). C’est un acte du cœur extériorisé par la langue qui en est l’interprète, et mis en œuvre par les membres ; tout cela nécessite une purification de l’âme. Cette certitude, que nous avons appelée : foi profonde, est à la base de l’action concrète qui doit gérer toutes les attitudes, tous les agissements de l’Homme, conformément aux directives divines : c’est cela, «al ibadatou». En vérité, l’adoration de Dieu dont nous parlons, consiste à s’acquitter de la responsabilité que Dieu a confiée à l’Homme en faisant de lui son «khalifa», son gérant sur la terre, comme Dieu (Exalté) le dit : «Et lorsque ton Seigneur dit aux Anges. J’ai décidé d’installer un gérant sur la terre…» (S 2 : La Vache / Verset 30) Ainsi, celui qui met entre la religion et la vie un mur, en prétendant servir Dieu en se coupant de la société, et qui ne participe pas à l’édification de la société des serviteurs de Dieu, c’est quelqu’un qui n’a pas saisi la vraie notion de l’adoration de Dieu en Islam ; il sera questionné pour cette négligence…

LES DIFFERENTES SORTES D’ADORATION

La reconnaissance de Dieu est le summum de l’adoration, et les Hommes sont, en face de cette vérité, de deux types : les croyants et les négateurs. Cependant, si nous abordons l’adoration dans le sens de soumission et servitude, il y a deux sortes d’adoration : *La servitude forcée : A laquelle personne ne peut échapper, dont personne ne peut se défaire. Cette servitude, celle qui régit l’Univers, les Hommes y compris. Dieu Le Très-Haut a dit : «Si l’on demande aux incrédules qui a créé les cieux et la terre, ils répondent que c’est Dieu. Dis-leur alors : « Considérez ces faux dieux que vous invoquez en dehors de Lui. Si Dieu m’infligeait un mal, seraient-ils capables de m’en délivrer ? De même, s’il voulait m’accorder un bienfait, pourraient-ils empêcher une telle faveur ? » Dis : « Dieu me suffit pour Maître. En Lui Seul ont confiance ceux qui cherchent un véritable soutient ! » (S 39 : Les Groupes / Verset 36). Dieu (Exalté) dit aussi : « Bien qu’ils en fussent convaincus, ils rejetèrent Nos signes par injustice et pure insolence.» (S 27 : les Fourmis / Verset 14). Ainsi, celui qui renie Dieu n’est pas disposé à reconnaître sa propre servitude vis-à-vis de Lui alors qu’en vérité, il subit les lois émanant de Dieu, qui décident de son cheminement dans cette vie, dont il n’a choisi ni le début, ni la fin. Dieu (Exalté) dit : « Ô les gens ! Si vous avez des doutes concernant la résurrection, et bien, c’est Nous Qui vous avons créés de poussière, puis de sperme, puis de caillot, puis de chair, formée aussi bien qu’informe – pour tout vous expliquer; et nous déposons dans les matrices ce que Nous voulons jusqu’à un terme dénommé ; puis Nous vous faisons sortir bébés, pour qu’ensuite vous atteigniez vos pleines forces. Tel d’entre vous est achevé ; tel autre est reconduit jusqu’au plus vil de l’âge de sorte qu’après avoir su, il sait plus rien…» (Ste 22 : Le Pèlerinage / Verset 5). L’Homme, la créature, ne sait pas se libérer de l’emprise de la décision divine quant à sa vie et sa fin, et si sa langue se refuse à avouer sa servitude vis-à-vis de Dieu, son être et tout ce qui lui arrive en sont témoins. Dieu (Exalté) dit : «En quelque lieu que vous soyez, la mort vous atteindra, même si vous vous abritiez dans vos tours fortifiées ! » (Ste 4 : Les Femmes / Verset 78).