L’Ayatollah khomeyni, une vie pour le triomphe de l’Islam

Le célèbre philosophe et homme politique français Roger GARAUDY affirme dans à la page 336 de son « Testament philosophique » publié en 1985 : « Que doit être ‘le réveil de l’islam’ pour que, sans cesser d’être lui-même, il réponde aux problèmes de notre temps ? La renaissance de l’Islam n’est possible que si l’on évite un double écueil : – L’imitation de l’Occident – L’imitation du passé. Cette exigence de musulmans longtemps colonisés, d’en finir avec les lois et les modes de vie imposés par l’ancien occupant est parfaitement légitime, car la conception du monde et de l’homme d’où découlent ces législations, non seulement est radicalement opposée à celle qui s’exprime dans le Coran, mais elles conduisent l’Occident lui-même à la faillite morale. » C’est cette problématique existentielle qui, durant son existence a tracé la trajectoire de vie de l’Ayatollah Rouhollah Khomeiny. En effet, Rouhollah Moussavi Khomeyni nait le 24 septembre 1902 dans la province de Khomeyn, à l’est de l’Iran. Sa famille est très pieuse. Son père, son grand-père et son frère aîné sont tous ayatollah. Son père est tué dans des circonstances non élucidées, moins de six mois après sa naissance. Il est élevé par sa mère et sa tante Sadebeh qui, n’ayant pas d’enfants elle-même, élève ceux de son frère après sa mort. Celle-ci a une influence majeure sur lui grâce à son charisme et l’éduque dans l’idée que toute action doit se soumettre à la loi islamique.

Pour elle, la religion et le pouvoir politique étant un ensemble indissociable, la tâche d’un religieux chiite est de promouvoir la justice en défendant et en protégeant les faibles et les pauvres contre toutes les forces d’oppression, extérieures et intérieures. C’est à cette marque idéologique que Khomeyni va porter sa vie durant et la traduire plus tard dans les faits au plus haut niveau de l’État. A sept ans, comme pour la plupart des garçons du pays à l’époque, sa tante l’envoie dans une maktab où il apprend à lire, en se basant sur des textes tirés du Coran. En 1918, à seize ans, Khomeyni perd sa mère et sa tante lors d’une épidémie de choléra. Ne pouvant plus aller étudier à Nadjaf dans l’actuel Irak, du fait de la chute de l’Empire ottoman, il se rend alors à Ispahan, la principale ville religieuse de Khomeyn, où il étudie sous l’égide de l’ayatollah Haeri. Il suivra celui-ci ensuite au début des années 1920 lorsqu’il part enseigner dans la ville sainte de Qom. Là-bas, Khomeyni se tourne alors vers le mysticisme sous l’égide de Mirza Mohammaf Ali Shahabadi, un ascète, seul ayatollah de l’époque à s’opposer à la politique du shah. En 1927, il obtient le titre d’ayatollah et commence à enseigner à Qom.

Deux ans plus tard, à la suggestion d’un de ses amis, il épouse Qods-e Iran, sa seule compagne pour le restant de ses jours, alors collégienne de quinze ans. Très vite, il gagne en audience lors de ses conférences, car en plus d’être un grand théologien, il est un exemple d’élévation morale. À l’époque, il préfère ne pas intervenir ouvertement en politique. Ainsi, Il ne critique pas publiquement la politique du shah, mais en privé. Ainsi, lorsqu’il s’estime prêt, au début des années 1940, il publie ses premiers écrits. Il y critique les mesures de laïcisation du régime. Néanmoins, ses principales cibles sont, plus les religieux qui soutiennent le shah dans ses mesures d’occidentalisation du pays. En 1961, à la mort de son mentor, l’ayatollah Borujerdi, il obtient le rang de matja-e taqlid, le plus haut rang accordé à un Ayatollah. Si l’Ayatollah Borujerdi considère que la religion est dépendante de la coopération des ayatollahs avec le shah, Khomeyni estime pour sa part que la foi ne peut s’imposer que par la confrontation avec le régime séculier.

C’est pourquoi lorsque le shah lance sa « révolution blanche » en 1962, Khomeyni choisit d’entrer en politique. Il s’allie en particulier aux chefs des principaux bazars du pays. Ceux-ci organisent un grand rassemblement le 23 janvier 1963 pour s’opposer au référendum que le shah organise afin de recueillir l’avis de la population sur ses réformes de modernisation. Le 3 juin 1962, il prononce un discours dans lequel il critique le shah, Israël et les Etats-Unis. Il est arrêté deux jours plus tard et, le 5 juin et la loi martiale est déclarée dans tout le pays. Des centaines de manifestants continuent cependant à descendre dans les rues, en particulier à Téhéran et à Qom, pour protester contre cette arrestation considérée comme un abus de pouvoir. Commencent alors plusieurs semaines de grève dans la plupart des bazars du pays. Le gouvernement se voit obligé de le relâcher.

Il est alors assigné à résidence sous surveillance de la Savak, les services secrets iraniens. Mais cet éloignement de la scène politique ne limite pas son influence sur la population. Le 22 octobre 1964, lors du pèlerinage dans la ville de Qom pour l’anniversaire de la naissance de Fatimah (ra), la fille du prophète (pbsl), plusieurs pèlerins se réunissent devant la résidence de Khomeyni. Il apparaît alors à sa fenêtre et déclame un sermon. Il est alors exilé en Turquie, à Barsa. Les Turcs ne le gardent pas longtemps de peur de brouiller leurs relations avec le shah. Khomeiny est donc envoyé en Irak, tout d’abord à Bagdad le 6 octobre 1965, puis dans la ville sainte chiite de Nadjaf. Mais, le 23 octobre 1977, son fils Mostafa est assassiné dans d’étranges circonstances. Il veut revenir en Iran, le shah ne le permet pas. Comme son exil en Irak ne lui convient pas, il choisit de suivre un autre de ses fils, Ahmmad, en banlieue parisienne à Neauphle-le-Château le 12 octobre 1978. Son influence ayant de nouveau atteint une large proportion de la population iranienne, lors des cérémonies religieuses de Tasua et d’Ashura, des marches pacifiques exigeant l’abdication du shah se déroulent dans tout le pays. Des milliers de personnes descendent dans les rues et Khomeyni estime qu’il s’agit là de la réponse au référendum souhaité par le shah : le peuple ne veut plus de lui.

Cependant, les représailles du gouvernement, en particulier lors du célèbre « vendredi noir » sur la place Jabeh à Téhéran, ont pour conséquence un cycle de violence. Le 16 janvier, le shah doit quitter le pays. Le 1er février, Khomeyni rentre alors triomphant à Téhéran accueilli par des dizaines de milliers de personnes. Au moment de son retour au pays, Khomeyni est un modèle, un symbole pour la population iranienne. Le 1er mars 1979, il prononce un discours dans lequel il déclare vouloir rompre avec la civilisation occidentale, affirmer la suprématie des valeurs de l’islam, maintenir l’unité du peuple pour reconstruire le pays sur de nouvelles bases, augmenter la vigilance contre les ennemis de l’intérieur comme de l’extérieur et instaurer une république islamique. Un référendum sur cette question est organisé les 30 et 31 mars. 97% de la population y répond favorablement. Au total, l’Ayatollah Khomeyni, suivant l’exemple historique du prophète Mouhammad (paix et bénédictions sur lui) a consacré sa vie pour l’avènement d’une révolution qui a balayé un ordre monarchique quasi païen, pour restaurer une république où prime l’islam dans tous les domaines de la vie. Il décède le 3 juin 1989 et enterré le 6 juin au cours d’obsèques grandioses, Depuis, le projet de société qu’il a laissé perdure. Celui-ci a profondément et positivement transformé l’Iran, les rapports dans le Moyen-Orient et restauré l’idéologie ainsi que la possibilité d’application d’un islam politique dans le monde musulman. Qu’Allah lui accorde tout le rang mérité dans l’Autre-monde ainsi que la lucidité à chacun d’entre nous. Amine