‘’L’Islam nous a sauvés’’

Dans la vie, il faut savoir que la plus grande des richesses n’est pas ce que l’on amasse comme bien matériel, mais plutôt ce que l’on accepte en soi, en dépit du mépris que les autres peuvent avoir à votre égard, aussi vraisemblable que cela puisse nous paraître. Comme dit le hadith : « Contente-toi du peu, tu seras le plus riche des Hommes ». Je sentais qu’un malaise arriverait ce jour là, mais j’ignorais à qui et comment ? -Que y a-t-il ? -Je ne sais pas, depuis que je me suis réveillée ce matin, je suis de mauvaise humeur, j’ai le pressentiment qu’un malheur va arriver. -Tranquillise-toi, Inn cha’Allahou, il n’arrivera rien de mal à qui que ce soi. Même s’il en arrive, après ce que tu as récité comme protection, Allah nous épargnera le pire. Me persuadait-il.

Chaque vendredi nuit, j’avais pour habitude soit de m’amuser avec mes camarades, regarder la télé jusqu’à une heure tardive soit causer avec Souleymane qui me parle de l’Islam ou me relate une histoire jusqu’à ce que je m’endorme. Mais cette fois-ci, je suis vite aller me coucher. Le lendemain matin, je vois Souleymane entrain de faire le petit déjeuner, étonnée, je lui demande où sont papa et maman? Maman n’est-elle pas rentrée hier de son voyage? Il me dit : -Non -Qui va donc manger tous ces pains, s’il n’y a que nous deux ? -Je t’informe que maman a eu un accident hier, elle est en ce moment hospitalisée au CHU de Cocody. Me déclarait-il. J’ai commencé à pleurer, il a essayé de me calmer mais en vain.

Je suis allée à l’hôpital avec lui, arrivés là-bas, quand j’ai vu l’état de maman, j’ai éclaté en sanglot. Conclusion partielle. Mon papa, lui, y avait passé la nuit, il semblait avoir passé une nuit blanche qui lui donnait une couleur rougeâtre des yeux. Il m’a étreinte contre sa poitrine, en me disant de me calmer, que ce n’est la faute de personne et que c’est Dieu qui l’a voulu. Mais, je n’y arrivais pas, j’étais inconsolable, jusqu’à ce que le médecin en charge du traitement, vienne nous dire que maman prendra conscience très rapidement puis, quelques semaines pour recouvrir la santé, cela m’a consolée. Tonton Cissé Ibrahim, l’ami de papa qui avait amené maman à l’hôpital, souvent, nous rendait visite. C’est lui qui a raconté à papa que l’accident a été provoqué par des coupeurs de route qui, au préalable, avaient obligé les passagers d’un car à se coucher sur la route. Donc, le chauffeur du camion de maman, étant surpris alors qu’il roulait à vive allure, a voulu les éviter, n’ayant pas pu freiner à temps, la voiture a dévié et heurté un arbre du côté droit du chauffeur avant de tomber. L’arrivée de Tante Agathe, la dame aux multiples visages Etant donné que maman est hospitalisée, il faut trouver quelqu’un qui va s’occuper du ménage et de la cuisine.

Mon père avait déjà informé tous les parents du village. Tante Agathe qui avait perdu son mari à la suite d’une longue maladie qualifiée de mystique, était disponible à venir assurer les tâches ménagères. Lorsqu’elle est arrivée, on pouvait apercevoir les séquelles d’une misère séculaire sur son physique, aux os efférents d’un squelette animé, à visage effarouché, tel un mort privé de sépulture. Cette dame aux multiples visages s’était introduite chez nous en prenant en otage le domicile de ma mère. Elle est arrivée un samedi, mon père nous avait dit d’aller la chercher à la gare à 10h00. Quand nous sommes arrivés, elle nous attendait déjà sous un hangar, à ses côtés une dizaine de bagages (sac d’ignames, de piments, d’aubergines, de bananes plantain, de charbon, de poissons séchés, de gibiers fumés, une valise, une malle et un sac à main), comme si elle venait dans son nouveau foyer.

Elle s’est mise à nous gronder du fait que nous étions en retard. Souleymane lui a fait savoir que c’est elle qui est venue plutôt et que le rendez-vous était prévu pour 10h00. Arrivés à la maison, nous avons rangé sa valise et sa malle dans la chambre des visiteurs et les autres bagages dans le magasin. Souleymane lui a montré la douche principale, la cuisine, la salle à manger, le petit coin aménagé pour les lessives et la vaisselle, puis les différentes tâches de ménage. Après cela, papa a appelé sur le fixe de la maison, a dit à Souleymane de prendre la clé de sa chambre et de prendre 2000 F CFA dans le tiroir de son lit, lui remettre pour qu’elle face la cuisine. Etant donné qu’elle avait transporté tout un marché de vivrier à la maison, elle n’avait qu’à empocher ce billet, puis faire la cuisine tranquillement. A la cuisine, je devrais lui montrer comment allumer la cuisinière à gaz, mais comme elle se fait toujours passer pour madame « Je connais tout », la bourgeoise rurale, elle ne m’a pas laisser tout lui expliquer et s’est mise à le faire. Quand le gaz s’est brusquement allumé avec une grande flamme qui a failli lui brûler les mains, elle a crié à vive voix, je suis venue alors diminuer la pression du gaz. Après qu’elle ait fini de faire la cuisine à midi, Souleymane et moi sommes aller donner à manger à papa à l’hôpital qui est retourné juste après à la maison pour se débarbouiller.