MALCOLM X: de la quête à la soumission à la Vérité

Malcolm X, assassiné il y a plus de 50 ans, reste sans conteste à ce jour l’icône de la lutte pour la liberté et l’égalité des droits des populations afro-américaines, dans un premier temps, puis pour l’ensemble des citoyens américains et musulmans au crépuscule de sa vie. Un symbole qui brille encore aujourd’hui du fait d’une personnalité remarquable qui marqua son temps.

La quête de la vérité

Malcolm X, tout jeune enfant, perd son père victime d’un crime raciste. Sa mère est, très rapidement après cet assassinat, internée en hôpital psychiatrique. Dés lors, le jeune garçon est ballotté dans plusieurs foyers d’accueil. Cette première partie de sa vie est révélatrice de ce racisme profond, de cette discrimination violente dont sont victimes la majorité des américains qui ont une couleur de peau ébène. Très vite, sans repères, le jeune Little dérive et se retrouve en prison.

Au cours de son incarcération, se produit le déclic qui a provoqué l’éveil de sa conscience pour la lutte contre le racisme généralisé contre les noirs. Ainsi, C’est derrière les barreaux qu’il découvre un mouvement suprémaciste qui se présente comme la « Nation of Islam ». En réalité, le mouvement racialiste éloigné des préceptes de l’Islam s’oppose de manière binaire à son ennemi déclaré la suprématie Blanche. Une vision bipolaire de la société américaine qui séduit Malcolm dans un premier temps.

« Il n’y a pas mieux que l’adversité. Chaque défaite avec ses déchirements et ses pertes, contient sa propre semence, sa propre leçon sur la façon d’améliorer votre performance la prochaine fois. »

Cette partie de sa vie est dédiée à la défense de la communauté afro-américaine victime d’un racisme institutionnalisé. Il met son talent oratoire au service de cette lutte et convainc un auditoire toujours plus nombreux. S’il épouse les idées de « Nation of Islam », il est paradoxalement éloigné de l’Islam authentique qu’il ne connaîtra que 12 ans plus tard en 1964.

« Nous ne devons avoir qu’une seule voix; vous et moi, devons prendre en considération que l’unité est aussi puissante que les armes. »

« Le racisme est un véritable cancer car il cause des catastrophes éminentes dans une société mais cela finit aussi par détruire les racistes eux-mêmes! »

C’est un homme constamment en recherche de vérité, qui poursuit son cheminement personnel lequel le conduit irrémédiablement à prendre ses distances avec le mouvement de « Nation of Islam » car des désaccords profonds surgissent. Si son engagement pour la défense des droits des afro-américains est sans faille, des cassures idéologiques et sa propre réflexion sur le sens de sa vie le poussent à voyager. Au printemps 1964, il entreprend le pèlerinage sur la terre Sainte de La Mecque. Il y découvre la fraternité humaine, celle où ni la langue, ni la couleur, ni la culture ne comptent; elle se dévoile sous ses yeux dans toute sa splendeur . Un voyage qui changera Malcolm X en El-Hajj Malik El-Shabazz.

La soumission à la Vérité

Lors de ce voyage initiatique, il rencontre de nombreux dirigeants musulmans d’horizons divers et découvre un monde qui ne peut se résumer en une lutte raciale. Sa personnalité s’en trouve profondément changée et lorsqu’il retourne en Amérique quelques semaines plus tard, c’est un homme Nouveau qui s’exprime:


MALCOLM X – L’Islam peut éradiquer le racisme… by Esprit_Rebelle

L’histoire d’El-Hajj Malik El-Shabazz, nous parle à tous, elle est importante car c’est une personnalité à laquelle beaucoup de gens peuvent encore aujourd’hui s’identifier. Les égarements du début de sa vie, son cheminement personnel, les difficultés qu’il a du surmonter sont à certains égards semblables aux problématiques auxquelles nous sommes confrontés de nos jours. L’islamophobie et le racisme ont repris de la vigueur et c’est en se replongeant dans l’analyse du parcours de Malcolm que nous pouvons tirer des enseignements :

-Peu importe le contexte et la situation de départ, une jeunesse à la dérive et un passage en prison, nous retiendrons le résultat, à savoir l’effort continu d’un homme pour se réformer et s’améliorer constamment.

-La recherche de la vérité est une course de fond, un effort que tout un chacun doit produire dans sa vie. C’est une obligation pour tout serviteur de l’Unique.

-La bonne compagnie: la rencontre de gens vertueux  qu’Allah a mis sur sa route a permis à Malcolm de devenir Malik; ces héros anonymes ont touché le cœur de cet homme par leur bon comportement et remis en cause ses certitudes binaires sur la nature humaine au point de changer sa vision du monde.

-La soumission à la loi d’Allah, au cours de ce pèlerinage vers la terre Sainte, Malik El-Shabbaz a parfait sa religion et goûté à l’universalité de l’adoration de son Créateur. Au milieu de ses frères, il implora sans distinction de couleurs, de cultures ou de langues  le même Dieu Unique: Allahou Soubhana wa Taala, tous égaux dans le culte et la soumission au Très-Haut.

Voici quelques passages de la lettre publiée à son retour du voyage à la Mecque (extraite de son autobiographie* – discussion avec le journaliste Alex Haley) :

« Jamais je n’ai connu d’hospitalité aussi sincère ni de fraternité aussi bouleversante que celles des hommes et des femmes de toutes races réunis sur cette vieille Terre Sainte, patrie d’Abraham, de Muhammad et des autres prophètes des Saintes Écritures. Durant toute la semaine qui vient de passer, j’ai été à la fois interdit et charmé par la bonté et la gentillesse déployées, autour de moi, par des personnes de toutes  couleurs. »

« J’ai eu la chance de visiter la cité sainte de la Mecque, j’ai fait sept fois le tour de la Ka’aba, guidé par un jeune nommé Muhammad; j’ai bu l’eau du puits de Zam-Zam, j’ai fait sept fois l’aller-retour, en courant, entre les collines de Safa et Marwa. J’ai prié dans l’ancienne cité de Mina et j’ai prié sur le Mont Arafat. »

« Il y avait des dizaines de milliers de pèlerins, qui étaient venus de partout à travers le monde. Ils étaient de toutes les races, il y avait des blonds aux yeux bleus et des noirs africains. Mais nous nous soumettions tous aux mêmes rituels, dans un esprit d’unité et de fraternité que mes expériences, aux États-Unis, m’avaient amené à croire impossible entre un Blanc et un Noir.

« L’Amérique a besoin de comprendre l’Islam, parce que c’est la seule religion qui ignore le racisme. À travers mes voyages dans le monde musulman, j’ai rencontré, discuté et même mangé avec des gens que nous aurions considérés comme des Blancs, aux États-Unis – mais la mentalité du Blanc était absente de leur esprit et avait été remplacée par l’I307142_0slam. Jamais auparavant je n’avais vu une telle fraternité réunissant des gens de toutes les races. »

« Peut-être serez-vous renversés par ces mots, surtout venant de moi. Mais ce que j’ai vu et vécu au cours de ce pèlerinage m’a obligé à réviser certaines idées qui étaient miennes, à rejeter certaines conclusions auxquelles j’étais parvenu. Cela n’a d’ailleurs pas été très difficile. Car en dépit de mes fermes convictions, j’ai toujours été un homme qui sait faire face à la réalité et qui l’accepte, qui aime vivre de nouvelles expériences et apprendre de nouvelles choses. J’ai toujours gardé un esprit ouvert, ce qui est nécessaire à une flexibilité qui va de pair avec toute quête intelligente de la vérité

Au cours de mes onze derniers jours, ici, dans le monde musulman, j’ai mangé dans le même plat, bu dans le même verre, dormi sur le même tapis et prié le même Dieu que mes frères musulmans aux yeux les plus bleus, aux cheveux les plus blonds et à la peau la plus blanche qui soient. Dans leurs paroles comme dans leurs actes, les musulmans « blancs » sont aussi sincères que les musulmans « noirs » d’Afrique, qu’ils soient du Nigéria, du Soudan ou du Ghana. Nous sommes véritablement frères. Parce qu’ils croient en un seul Dieu, ils excluent de leur esprit, de leurs actes et de leurs comportements toutes considérations raciales.

Chaque heure passée ici en Terre Sainte m’a permis de mieux comprendre le problème racial des États-Unis. On ne saurait blâmer le Noir pour son agressivité dans ce domaine : il ne fait que réagir à quatre siècles de racisme conscient de la part des Blancs. Mais si le racisme mène l’Amérique au suicide, je crois que les jeunes Blancs de la nouvelle génération, ceux des universités, verront ce qui crève les yeux, et que nombre d’entre eux opteront pour la vérité spirituelle. C’est le seul moyen qu’ait encore l’Amérique d’éviter le désastre auquel mène inévitablement le racisme. »…

Mashallah, une histoire humaine à méditer et un exemple de cheminement vers la vérité. Qu’Allah ait pitié de son âme et nous pardonne nos péchés et nous accorde la patience et la régularité dans l’effort pour s’améliorer.

« C’est toi que nous adorons, de Toi seul implorons le secours. Guide-nous dans le droit chemin. » (Al-Fatiha v5-6).

* The Autobiography of Malcolm X

ajib