Mois du jeûne musulman ET NON mois de gênes du musulman

Dans le noble coran, aux versets 183 et suivants de la sourate 2, ALLAH a prescrit à la communauté de Mouhammad (saw), un jeûne obligatoire particulièrement méritoire à accomplir, chaque année, dans le neuvième mois hégirien appelé Ramadan. Malheureusement, les attitudes et actions des musulmans dans cette période engendrent de multiples gênes pour lui, son entourage, sa communauté. Alors qu’en réalité, à travers ce mois béni, ALLAH offre au musulman de nombreuses opportunités d’améliorer sa vie spirituelle mais aussi d’œuvrer à une transformation plus avantageuse de sa vie terrestre.

Le mois de Ramadan n’est pas destiné à importuner l’environnement du musulman Il est un truisme de relever que pendant le mois de Ramadan, des musulmans occupent spontanément et illégalement la voie publique aux fins d’y accomplir des offices cultuels et culturels, notamment les prières de tarawi, de tahadjoud et la nuit du destin. Ce comportement est généralement expliqué par l’éloignement et l’exiguïté des mosquées ainsi que la qualité de leurs pratiques. Alors qu’en général, la mosquée n’est pas si éloignée que cela, certains même la dépassent pour rejoindre « des trottoirs de Tarawih rapide ».

Elle n’est pas toujours bondée surtout après l’euphorie des premiers jours des « néo-mosquéephiles » et les imams qui y officient ont la réputation d’être des spécialistes en science de la prière. En réalité, la paresse et la faiblesse de la foi sont à l’origine de tels comportements qui provoquent inutilement de la gêne chez autrui et le condamne à opiner négativement sur l’Islam. Ce qui est tout le contraire de l’objectif du mois de Ramadan, à savoir nous rapprocher de la piété qui ne s’accommode pas avec le désordre. A l’avènement du mois de Ramadan, pullulent de nombreux marchands d’aliments de toutes sortes pour le souhour et la rupture des jeûneurs. Ces lieux d’alimentation occasionnels contribuent à générer une certaine insalubrité des espaces occupés gênant ainsi passants et autres travailleurs appelés à multiplier les efforts pour rendre lesdits lieux salubres. Les jets de crachats intempestifs et sans précautions minimales par certains jeûneurs importunent beaucoup les personnes environnantes qui, pour ces raisons, impriment une image désagréable aux musulmans et à l’Islam. Cependant, dans le processus vers la piété, le jeûne du mois de Ramadan devrait inculquer au musulman un véritable sens de la propreté, car comme le dit le Messager d’Allah (saw) « la propreté représente la moitié de la foi ». Lors de la prise de souhour, des musulmans font des bruits résultant de bavardages fort dispensables et d’activités culinaires particulièrement bruissantes qui perturbent le repos et le sommeil des voisins immédiats.

En ruinant ainsi la quiétude de leur voisinage, ces musulmans contreviennent à une obligation fondamentale de la vie sociétale telle qu’enseignée par le prophète Mouhammad (saw). En fait, le bien-être du voisin, peu importe son obédience religieuse, doit être toujours préservé par le musulman. Il s’agit là d’une forme de manifestation de la piété que le Ramadan doit renforcer et non interrompre. Le mois de Ramadan ne devrait point augurer de gênes pour le musulman Le mois de Ramadan avec et ses obligations particulières est redouté par de nombreux musulmans. Ceux-ci perdent leur sérénité face aux privations imposées et pratiques recommandées. De fait, le manque d’habitude, la méconnaissance des pratiques rituelles élémentaires sous le regard particulièrement critique des coreligionnaires en cette période, les cas réels de maladie et autres mettent ces personnes dans des situations incommodantes qui les poussent à souhaiter le départ rapide de ce mois ou même sa simple suppression dans la vie du musulman.

Ils se méprennent malheureusement du caractère béni de ce mois et de ses atouts pour leur bien-être spirituel et social. Sinon, ils l’accueilleraient avec enthousiasme et souhaiteraient le vivre éternellement. De même, ils ignorent les assouplissements accordés par Allah à des catégories de personnes bien identifiées qui ne devraient pas s’alarmer quant à l’exécution de cette obligation dans ce mois. La gestion des prières par des guides qui n’ont cure de la situation des fidèles derrière eux provoquent souvent beaucoup de gênes du côté de ces derniers. Ils sont souvent obligés, en dépit de leur état physique et de leurs occupations, de subir des offices très longs, épuisants et très prenants. Pourtant, ces prières en groupe, conformément à la tradition du prophète, devraient être modérées pour tenir compte des conditions particulières de certains fidèles.

Par contre, ils ne devront pas être des espaces de démonstration de l’endurance de certains imams, surtout dans le mois de Ramadan où les organismes sont durement éprouvés au cours de la journée. La situation financière et matérielle difficile de certains musulmans leur font craindre le mois de Ramadan. Le prestige imprimé à ce mois suscite des dépenses exceptionnelles en vue d’une alimentation de meilleure qualité qui va souvent au-delà de la bourse de ces personnes. Ce moment devient alors préoccupant pour ces familles ayant auparavant des difficultés pour assurer des repas ordinaires de manière régulière. Mais, à bien y voir, c’est en toute omniscience qu’Allah a fait de ce mois celui par excellence de la générosité et que Rassoul (saw) y était davan

tage généreux ; le but visé étant que les plus nantis viennent en aide aux plus faibles afin de leur permettre d’avoir une alimentation de leur goût pendant le souhour et la rupture du jeûne pendant ce mois. Dès lors, si cette générosité se manifeste et que le partage se fait convenablement, aucune angoisse ne devrait demeurer chez cette catégorie de personnes. Mieux, l’apparition de ce mois béni devrait plutôt leur donner beaucoup d’espoir, surtout avec la possibilité de voir changer leur situation sociale grâce à l’exaucement de leurs vœux dans la nuit du quadr. A l’opposé, la multiplication des demandes d’aide adressées à des personnes moyennement nanties suscitent chez certains parmi eux de la gêne de sorte même à avoir peur du mois de Ramadan.

En fait, nombreuses sont les personnes, imams, communautés, mendiants professionnels et autres non musulmans qui ont érigé ce mois comme étant leur « Traite », c’est-à-dire une période d’enrichissement, d’épargne financière et de constitution de réserves alimentaires. Sur cette base, de nombreuses demandes de soutien deviennent abusives surtout lorsqu’elles sont adressées à des personnes pas forcément nanties mais dotées de beaucoup de générosité et pour qui, toute incapacité à donner lorsqu’elles sont sollicitées est un poids sur la conscience.

Ces comportements découlent d’ailleurs du refus de comprendre que le jeûne du mois de Ramadan nous enseigne la privation de même que la suppression de la manifestation démesurée de nos désirs et passions. Ce mois a pour vocation de reformer le musulman pour le soumettre davantage à Dieu dans son omnipotence, son adoration tout en l’éloignant du matérialisme mondain caractérisé par la course aux richesses et la satisfaction permanente de nos besoins charnels. Au total, pendant le mois de Ramadan, de nombreuses actions et comportements génèrent de la gêne. Le musulman en est à la fois auteur et victime, selon le cas. En tout état de cause, dans son origine comme dans sa vocation, ce mois vise à parfaire le musulman dans sa vie spirituelle et sociétale. Il lui revient donc de connaître les exigences de ce mois béni, de se conformer à celles-ci avec pour objectif d’atteindre la piété, tout en vivant épanoui et de manière harmonieuse avec ses convives. Aucun malaise de l’autre ne doit être de sa provenance tout comme aucun trouble lié à ce mois ne doit l’angoisser, ni l’effrayer. Car, le mois de Ramadan est une miséricorde pour toute la communauté musulmane. Chers frères et sœurs, profitons de cette dernière décade et ce, à travers d’intenses adorations nocturnes, pour solliciter en faveur de chacun et de chacune, vivants et morts, la paix et la miséricorde d’Allah. Bonne fin de Ramadan à tous !