Pratiques liées au Ramadan

Le mois de Ramadan s’accompagne de pratiques liées aux autres piliers de l’islam (prières, ʿUmra ou petit pèlerinage à La Mecque) ; c’est aussi le moment d’accomplir de bonnes œuvres qui, du fait d’être faites lors de cette période, acquièrent une valeur exceptionnelle, elles ont pour source la tradition prophétique :

Faire la charité

Le prophète a dit : « La meilleure charité est celle accomplie pendant Ramadân. » ;

« Qui donne à un jeûneur de quoi rompre (son jeûne) a la même récompense que lui, sans que rien ne soit diminué de la récompense du jeûneur. » ;

« Qui donne à manger et à boire à quelqu’un qui jeûne, d’un bien licitement acquis, les anges ne cessent de prier pour lui durant le Ramadân. » ;

Accomplir des prières

Accomplir des prières surérogatoires pendant le Ramadan est un acte de foi et efface les péchés

Le Prophète a dit : « À qui se lève pour prier pendant les nuits de Ramadân, avec foi et en comptant sur la récompense divine, Dieu pardonne ses fautes passées. » hadîth rapporté par al Bukhâri

La lecture du Coran

Le Prophète redoublait la récitation du Coran pendant le mois de Ramadân. Gabriel descendait réciter avec lui. Il a dit : « Le jeûne et la prière de Ramadân intercèdent pour l’homme le Jour de la résurrection. »

La ʿUmra ou petit pèlerinage à La Mecque

Le Prophète a dit :

« Une ʿUmra pendant le Ramadân vaut un grand pèlerinage en ma compagnie. »

« La ʿUmra est absolutoire durant le temps qui la sépare de la ʿUmra suivante. »

Durant les nuits de Ramadan, on observe une pratique soutenue qu’est la prière. Aux cinq prières rituelles s’ajoutent des prières surérogatoires spécifiques au mois de Ramadan, appelées prières de tarâwih. Rappelons qu’il ne faut pas confondre celles-ci avec les autres prières surérogatoires rattachées soit aux cinq prières rituelles, soit à la prière du vendredi ou les prières surérogatoires, al witr, qui clôturent toutes les prières. Les tarâwih comportent un nombre de rakʿât, unités de prière, qui diffèrent des prières rituelles. Leurs pratiques se fondent sur un hadîth :

Le Prophète a dit : « Celui qui, avec foi et comptant sur la récompense divine, accomplit des prières surérogatoires durant les nuits de Ramadan, verra ses péchés antérieurs absous. »

Lors du mois de Ramadan, certains pays musulmans organisent un concours de tajwîd al Qur’ân ou psalmodie du Coran où les meilleurs récitateurs du Coran sont récompensés. Ces différentes psalmodies du Coran ont lieu dans les espaces cultuels. Tadjwîd vient de la racine arabe jawwada qui signifie rendre meilleur ou améliorer, at tajwîd signifie donc embellissement. La science du tajwîd englobe la connaissance du tajwîd, la connaissance des différentes lectures et les différents modes d’apprentissage. Le but de la science du tajwîd est de parfaire la récitation du Coran en accordant à chaque lettre son point d’articulation correct (makhârij al hurûf) et ses caractéristiques (sifât al hurûf). Cette science se fonde sur le verset 4 de la sourate 73, al Muzzammil, l’Enveloppé :

« … Et récite le Coran, lentement et clairement. »

Durant les deux derniers jours du mois de Ramadan, une pratique qui s’appuie aussi sur la tradition prophétique, est respectée par les musulmans : le versement de zakât al fitr qui est une aumône purificatrice et qu’on appelle aussi al fatra. Zakât al fitr se différencie de zakât (ou zakât al mâl) qui est l’un des cinq piliers de l’islam (avec la shahâda ou témoignage, la prière, le jeûne du mois de ramadan et le pèlerinage à La Mecque). C’est un impôt légal sur une année lunaire entière dont la valeur dépend de la richesse possédée.

Si zakât al mâl est une prescription coranique et est un des cinq piliers de l’islam, zakât al-fitr est une obligation (wâjib) qui relève de la Sunna où chaque musulman doit s’en acquitter pour lui et les différents membres de sa famille. Selon des hadîths, elle doit être versée au plus tard, avant d’effectuer la prière de ʿÎd al-Fitr. On peut la donner un ou deux jours avant la fin du mois de Ramadan.

Zakâtal-fitr est le moyen pour le musulman jeûneur de se purifier des péchés mais c’est aussi un acte de solidarité à l’égard des pauvres. Le soutien à ces derniers leurs évite de quémander et leurs permet surtout de célébrer, et dans la décence, la fête de ʿÎd al fitr.

Cette aumône purificatrice se verse en denrée alimentaires. Un hadîth, qui marque les usages du temps du Prophète, définit les différents types d’aliments et leur quantité qui étaient versés :

« …1 saa’ de nourriture, ou bien 1 saa’ d’orge, ou 1 saa’ de dattes, ou 1 saa’ de fromage séché, ou 1 saa’ de raisins secs. » hadîth rapporté par Al Bukhâri, Mouslim, At-Tirmidhi, Abou Daoud, Ibn Madja et Nassaï

La valeur du sâʿ est fixé dans le droit religieux par le Prophète en l’an 2/623, lorsqu’il a prescrit les détails rituels de la fête de ʿÎd al Fitr, comportant l’aumône obligatoire dite zakât al fitr dont la valeur en grain est d’un sâʿ par personne de la famille. Le sâʿ est une unité de mesure associé au moud. Le sâʿ équivaut à 4 mouds selon l’usage de Médine ; ce dernier correspond à la quantité que l’on peut mettre dans les deux mains lorsqu’elles sont assemblées. La quantité d’un sâʿ équivaut environ à 2,5 kg et 3 kg. Ces aliments versés sont spécifiques aux denrées produites dans le pays où l’on réside (riz, graines, blé…). En France, des sites dédiés au versement de zakât al fitr, donnent la liste des denrées non périssables qui peuvent lui être données afin qu’ils les redistribuent aux nécessiteux (farine, lentilles, haricots, pois cassée, semoule de couscous, pois chiche, pâtes…).

Pour respecter la Sunna, zakât al fitr doit être donnée en nourriture. Aussi la majorité des juristes n’ont pas permis de la verser par un équivalent, argent ou autre. Néanmoins certains musulmans donnent la valeur de cette aumône en argent. Différentes mosquées et associations islamiques en France donnent par ailleurs le montant de zakât al-fitr pour les musulmans de France. Au Maroc, à l’approche de ʿÎd al-Fitr, le ministère des Habous et des Affaires islamiques dévoile le montant de zakât al-fitr.

Le mois de Ramadan et ses pratiques s’expriment autour de la mosquée qui donne à voir l’expression d’une communauté religieuse soudée autour du rituel du jeûne. L’espace familial réunit les différents membres d’une même famille, différentes générations autour de la rupture du jeûne où des mets festifs composent le repas. Il reflète l’unité familiale, où l’esprit du Ramadan et ses valeurs sont mis en pratique : convivialité, hospitalité, générosité et partage. Il devient aussi un espace où les différents membres prient ensemble.

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Références

  1. Cyril Classé, Dictionnaire encyclopédique de l’Islam, Bordas, Paris, 1991, Cf. Entrée Ramadân, pp.330-331
  2. Michel Coirault, Les fêtes juives, chrétiennes et musulmanes, Éditions Cerf, Paris, 1986, Cf. pp. 130-131
  3. Michael D. Coogan, Les grandes religions, Larousse, Paris, 1999
  4. El-Bokhâri, Les traditions islamiques, traduites de l’arabe O. Houdas et W. Marçais, Ernest Leroux Editeur, Paris, Imprimerie nationale, tome 1
  5. Encyclopédie des religions, Encyclopédie Universalis, 2002
  6. Encyclopédie de l’Islam, E. J. Brill Leyde, G.-P. Maisonneuve et Larose S.A. Paris, 1990, Cf. Entrée Ramadân, p. 432 et Entrée Sâʿ, pp. 673-674, tome VIII
  7. Tahar Gaïd, Encyclopédie thématique de l’Islam, Éditions Iqra, Paris, 2010, 2 tomes, Cf. Entrée Descente du Coran, pp. 821-804, Vol. 1, Cf. Entrée Jeûne, pp.1344-1354, Vol. 2
  8. Louis Gardet dans Dictionnaire de l’Islam, religion et civilisation, Encyclopædia Universalis, Cf. Entrée Ramaḍān
  9. Adel Theodor khoury, Ludwig Hagemann, Peter Heine, Christian Cannuyer, Dictionnaire de l’Islam, Histoire-Idées-Grands figures, Éditions Brepols, Belgique, 1995
  10. Dominique et Janine Sourdel, Dictionnaire historique de l’islam, PUF, Paris, 1996, Cf. Entrée Jeûne, pp. 434-435

Le grand atlas des religions, Encyclopédie Universalis, 1988