Première mondiale en Suède: le déménagement d’une cité de 18 000 habitants

Direction le nord de la Suède, en Laponie, où la ville de Kiruna doit déménager. Le déménagement de cette ville située à près de 150 kilomètres au nord du cercle polaire, et qui est aussi connue pour sa mine de fer, la plus grande d’Europe, est une première mondiale. Le gisement est énorme et se poursuit sous la ville, dont la stabilité du sol est menacée. Le choix était simple : fermer la mine ou déménager la ville. Les 18 000 habitants de Kiruna ont tranché : ils veulent déménager.

C’est presque tout le centre-ville qui va être reconstruit trois kilomètres plus à l’Est. 6 000 personnes vont être relogées. Des centaines de commerces vont devoir se déplacer sans compter les bâtiments publics. C’est un processus sur lequel Kiruna réfléchit depuis longtemps. C’est en 2004 que la mine a annoncé la nouvelle aux autorités, mais les travaux de démolition d’un côté, et de construction de l’autre, ont véritablement commencé cette année. Jeudi dernier a été inaugurée la nouvelle mairie, le premier bâtiment du nouveau Kiruna, en présence du roi de Suède.

Un déplacement vital

En se promenant dans la zone qui sépare la mine de la ville, le dérangement apparaît comme une évidence. Il y a déjà une énorme crevasse qui va s’élargir dans les années à venir, car la couche de minerai de fer continue sous la ville. Et plus on creuse en profondeur, plus le sol se déforme en surface. C’est LKAB, une entreprise publique, qui exploite la mine de Kiruna. LKAB a les moyens et a donc racheté tout ce qui faisait le centre de la ville. La plupart des édifices vont être détruits, mais certains vont être démontés ou déplacés tels quels dans le nouveau Kiruna. C’est le cas notamment de l’église, tout en bois, qui est un monument emblématique que connaissent tous les Suédois.

Un déménagement plutôt bien accueilli

A Kiruna, difficile de trouver des voix opposées au déménagement. Ici, soit on travaille pour la mine, soit pour ses fournisseurs. Et les salaires sont très attractifs. Les seuls qui voient avec pessimisme cette extension de la mine ce sont les Samis, les éleveurs de rennes, le dernier peuple autochtone d’Europe. Certains de leurs représentants ont constaté une fois de plus qu’ils n’avaient pas été consultés, alors que la construction de nouvelles routes, de nouvelles voies ferrées, de nouvelles zones industrielles, gêne évidemment le déplacement de leur troupeau. Les Samis sont donc ignorés, mais la nouvelle ville de Kiruna, elle, commence à prendre forme. Et les autorités ont déjà fixé sa date de naissance : ce sera le 1er septembre 2022, date à laquelle tous les commerces fermeront dans la vieille Kiruna pour rouvrir leur porte dans la nouvelle ville.

RFI