Sadaf Jaffer, la première femme maire de confession musulmane des Etats-Unis

Nichée dans un écrin de verdure, à proximité de la prestigieuse Université de Princeton et loin de l’agitation des mégapoles tentaculaires, Montgomery est une petite ville du New Jersey fleurant bon le terroir, dont le charme bucolique a particulièrement séduit l’une de ses administrées : Sadaf Jaffer.

Titulaire d’un doctorat portant le sceau de Harvard, cette universitaire pakistano-américaine, spécialisée dans les sciences islamiques et les études sur l’Asie du Sud, va présider aux destinées de cette localité où il fait bon vivre, en réussissant un beau doublé : elle entre à la fois dans l’histoire locale et nationale des Etats-Unis, en tant que première femme de confession musulmane à s’installer dans le fauteuil de maire.

Activiste dans l’âme, toujours prompte à défendre les intérêts des sans-grades, de toutes origines et confessions, et à lutter pour que la justice triomphe des injustices criantes, Sadaf Jaffer, déçue par le piètre bilan des élus locaux, n’a pas hésité à descendre dans l’arène politicienne.

Animée par de fortes convictions et face à un conseil municipal qui lui renvoyait un pâle reflet des valeurs auxquelles elle est attachée, cette néophyte en politique a été irrésistiblement poussée à agir. Elle a brigué la mairie de Montgomery avec succès, faisant figure de véritable pionnière pleine d’ardeur, résolue à apporter sa pierre à l’édifice.

« J’ai décidé de me lancer dans la course à la mairie, car j’étais désenchantée par nos élus et leur manière d’exercer la politique à l’échelle locale », a-t-elle confié dans un entretien à la presse américaine, quelques jours après avoir prêté serment en présence de son mari et de son adorable petite fille qui a levé la main, comme sa maman.

« Ayant été élevée dans la tradition musulmane chiite, j’ai toujours eu le sentiment que nous devrions combattre l’injustice partout où elle se trouve. Les recherches approfondies que j’ai menées sur l’islam en Asie du Sud, dans le cadre de mon doctorat, m’ont permis de mieux appréhender la manière dont religion et culture ont toujours été imbriquées depuis la nuit des temps », a-t-elle expliqué.

Pour Sadaf Jaffer, pallier la « détérioration du tissu social » est le plus grand défi qui se pose à l’Amérique de Trump. Et pour empêcher qu’il se craquelle de toutes parts, elle veut être un maire rassembleur, plaçant son mandat sous le signe d’un vivre-ensemble harmonieux et constructif.

«  Je fonde de grands espoirs sur le multiculturalisme, à la lumière de ce que m’a enseigné l’histoire des sociétés cosmopolites anciennes. Elles n’étaient certes pas parfaites, mais la civilisation islamique du Moyen Âge est une grande source d’inspiration pour l’avenir. Elle était belle, foisonnante sur tous les plans, c’était une vraie efflorescence culturelle », a-t-elle indiqué avec un enthousiasme très perceptible.

Parmi les axes forts de son programme, la première magistrate de Montgomery, dont l’élection a donné un joli coup de projecteur sur cette commune champêtre du New Jersey, aspire à changer les regards sur la présence musulmane aux Etats-Unis, notamment sur les femmes musulmanes.

« J’espère sincèrement que mon exemple ouvrira la voie et contribuera à réduire les préjugés qui entourent les femmes musulmanes américaines », a-t-elle insisté, renchérissant avec détermination : « Je souhaite que mon élection apporte un autre éclairage sur ce que signifie être une femme musulmane aujourd’hui en Amérique, sur la diversité de la communauté musulmane, des points de vue, de nos compétences et sur la richesse de nos contributions ».

Tout un programme, ambitieux et louable à la fois !

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