Selon le FMI, le chômage alimente les protestations dans les pays arabes

Le chômage et une croissance en berne alimentent les protestations dans plusieurs pays arabes, a estimé le Fonds monétaire international (FMI) dans un rapport publié lundi.

Et les tensions sociales expliquent en partie la faible croissance dans la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord), a souligné le FMI dans son rapport sur les perspectives économiques régionales.

Les tensions commerciales mondiales, la volatilité du prix du pétrole et les incertitudes liées au Brexit sont d’autres facteurs qui expliquent cette situation, selon le FMI.

Il y a deux semaines, le FMI a réduit à un maigre 1% sa prévision de croissance pour 2019 dans la région MENA, qui comprend tous les pays arabes et l’Iran.

« Le taux de croissance des pays de la région est inférieur à ce qui est nécessaire pour lutter contre le chômage », a commenté le directeur Moyen-Orient et Asie centrale du FMI, Jihad Azour.

« Nous sommes dans une région où le taux de chômage des jeunes dépasse les 25 à 30% ce qui demande des taux de croissance supérieurs à 1 et 2% », a déclaré M. Azour à l’AFP.

« Le taux de chômage s’élève en moyenne à 11% dans toute la région, contre 7% dans les autres économies émergentes et en développement », a indiqué le FMI.

« Les femmes et les jeunes sont les plus vulnérables. En 2018, plus de 18% des femmes et près de 23% des jeunes n’avaient pas d’emploi », selon le rapport.

De violentes manifestations ont éclaté dans plusieurs pays arabes depuis 2010 et se sont transformées en guerres civiles dans certains d’entre eux.

– Nouvelle vague de protestations –

Une nouvelle vague de protestations a éclaté ces derniers mois en Algérie, au Soudan, en Irak et au Liban, où les manifestants réclament des réformes économiques et conspuent la corruption.

Le Liban a connu une croissance économique très lente ces dernières années et est confronté à des déséquilibres et à une augmentation du déficit budgétaire et de la balance commerciale, a dit M. Azour.

« Le gouvernement doit donc agir fermement et rapidement pour corriger ces déséquilibres, rétablir la confiance, s’attaquer à la situation budgétaire et réduire les dépenses », a-t-il ajouté.

En outre, le FMI juge le niveau de la dette publique très élevé dans de nombreux pays, dépassant 85% du produit intérieur brut (PIB) en moyenne, et plus de 150% au Liban et au Soudan.

« Le coût de la dette publique, qui s’est alourdie au fil des ans, est devenu considérable, empêchant les investissements essentiels à l’avenir économique à long terme de la région », souligne le FMI.

Parmi les pays MENA, l’Iran connaît les pires difficultés en raison des sanctions américaines, son économie devant se contracter de 9,5% cette année après une croissance de 4,8% en 2018, selon le FMI.

Les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), riches en pétrole, devraient avoir une croissance de 0,7% cette année, contre 2,0% en 2018, en raison de la baisse des prix du pétrole, d’après le FMI.

« Les économies du CCG doivent se diversifier et (…) accélérer les réformes engagées au cours des quatre ou cinq dernières années », a dit M. Azour.

Muslimpost