UE-Afrique : « nouveau partenariat » ?

Dans son discours sur l’état de l’Union européenne (UE), prononcé mercredi 12 septembre devant le Parlement de Strasbourg, Jean-Claude Juncker a évoqué un ambitieux « nouveau partenariat avec l’Afrique ». Un « continent cousin », dit le président de la Commission de Bruxelles, un continent « qui n’a pas besoin de la charité » mais, notamment, d’affronter une croissance démographique qui fait qu’il comptera 2,5 milliards d’habitants en 2050.

Le responsable luxembourgeois n’a pas voulu mêler la question de la migration à ce passage de son intervention. Il souligne plutôt que cette « nouvelle alliance » à conclure devrait concerner des investissements durables, la création de 10 millions d’emplois, promet-il, et un effort particulier dans le domaine de la formation et de l’éducation. Des accords commerciaux ambitieux devraient aussi être conclus, non plus de manière bilatérale mais « de continent à continent », d’« égal à égal ».

L’amélioration du climat des affaires et une préoccupation pour les questions environnementales sont d’autres axes de ce projet. Quelque 30 millions d’Africains supplémentaires pourraient accéder à l’électricité grâce au développement de projets d’énergie durable. Et un soutien à l’amélioration des réseaux routiers devrait bénéficier à 24 millions de personnes, promettent les experts bruxellois.

Le discours de M. Juncker vise, en quelque sorte, à relancer les préoccupations exprimées en novembre 2017, à Abidjan, lors du sommet Europe-Afrique. Depuis, la haute représentante pour les affaires étrangères, Federica Mogherini, a tenté de mobiliser les pays membres pour passer d’une relation politique à une relation économique et commerciale approfondie, avec un développement d’investissements qui bénéficieraient aux deux parties. L’espoir de la Commission est notamment de parvenir à mobiliser davantage le secteur privé en lui offrant prêts et garanties destinés à diminuer les risques d’investissement. Les petites et moyennes entreprises devraient être particulièrement ciblées.

Consultations avec les dirigeants africains

Bruxelles table aussi sur un accroissement des échanges, dans le cadre du programme Erasmus+, pour former davantage d’étudiants et de chercheurs. Quelque 35 000 d’entre eux auront bénéficié de ces échanges d’ici à 2020, mais on peut tripler ce nombre d’ici à 2027, promet M. Juncker. Un programme de développement de compétences pourrait, quant à lui, concerner 750 000 Africains au total.

Les services de M. Juncker — qui dit avoir déjà évoqué ces questions avec « son ami » Paul Kagame, président de l’Union africaine — annoncent des consultations avec d’autres responsables africains dans les prochains mois. Elles prendront en compte, disent-ils, « la diversité du continent et les spécificités de chaque pays ». Les pays d’Afrique du Nord, déjà liés par des contrats d’association et les accords de voisinage avec l’Union, devraient, à cet égard, bénéficier d’un traitement particulier.

Il restera toutefois à régler la question du futur budget européen, qui fait actuellement l’objet de vives discussions entre les capitales. Marqué par l’austérité — il devra tenir compte du retrait britannique —, ce budget permettra-t-il de tenir de tels engagements ? M. Juncker espère une décision avant les prochaines élections européennes, en mai 2019. Il n’est absolument pas certain que son souhait se réalisera et rien ne dit que son successeur reprendra son programme.

Pour la période 2014-2020, l’UE aura consacré 31 milliards d’euros au développement du continent africain dans les domaines, notamment, de l’accès à l’énergie, de l’aide alimentaire et du soutien à la bonne gouvernance et au respect des droits humains.

LE MONDE