A la Une de la presse, mardi 15 avril, la suspension de plus de deux milliards de dollars de financements fédéraux à l’université Harvard, à cause de son refus d’obéir aux injonctions de la Maison Blanche. Et l’offensive de l’administration Trump contre la science et la recherche : une attaque aux répercussions mondiales. L’adoption, par le Parlement hongrois, d’un amendement constitutionnel pour restreindre les libertés des personnes LGBT+.
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A la Une de la presse, l’adoption, hier, par le parlement hongrois, d’un amendement constitutionnel pour restreindre encore davantage les libertés des personnes LGBT+. Le site d’info hongrois Telex indique que la majorité Fidesz de Viktor Orban a approuvé à une écrasante majorité, 140 voix contre 21, le 15eme amendement à la Loi fondamentale. Un texte qui inscrit dans la Constitution qu’une personne est soit un homme, soit une femme, que la « protection des enfants » prime sur le droit de manifester, mais aussi que « la citoyenneté d’un Hongrois détenteur d’un autre passeport peut être suspendue », en cas de « trahison », terme aussi inquiétant que vague, à l’exception des ressortissants de l’UE et de quelques autres pays européens. Nepszava, quotidien social-démocrate, relaie la protestation du comité Helsinki hongrois. Pour l’association de défense des droits de l’Homme, l’amendement constitutionnel adopté hier vise avant tout à « semer la peur et à diviser la société » hongroise, la majorité gouvernementale instrumentalisant, selon elle, la Constitution, pour « atteindre ses objectifs politiques, quel que soit le préjudice causé aux citoyens ».
De nombreux Hongrois ont manifesté contre cette nouvelle révision de la Constitution. Le quotidien français Libération fait notamment état de la manifestation, le week-end dernier, des opposants au Fidesz, qui se sont habillés en gris, le week-end dernier, pour contourner l’interdiction de la marche des fiertés, dont l’arc-en-ciel est le symbole – une « grey pride », une « marche grise », pour se moquer de l’interdiction de la « gay pride ». The New York Times évoque une « escalade de la guerre culturelle » de Viktor Orban, accusé de chercher à « renforcer sa base conservatrice » et à « détourner l’attention » des « problèmes économiques », notamment de la « flambée de l’inflation » et de la « montée en puissance de l’opposition à l’approche des législatives de l’année prochaine ». Pour le quotidien américain, le Premier ministre hongrois aurait été « enhardi », encouragé en ce sens, par les politiques du président Trump.
Les Etats-Unis de Donald Trump, qui annoncent la suspension de plus de deux milliards de dollars de financements fédéraux à la prestigieuse université d’Harvard, la plus ancienne du pays. Harvard Magazine, le magazine de l’université, annonce le refus de son président, Alan Garber, d’obéir aux injonctions de la Maison Blanche, notamment sur la suppression des programmes de diversité, d’équité et d’inclusion – refus qui vaut à Harvard la suspension partielle de son financement fédéral. La décision d’Alan Garber est soutenue, néanmoins par des centaines d’élèves, d’anciens élèves et de professeurs de Harvard, qui fustigent « les actions du gouvernement fédéral » pour « attiser la peur sur les campus de tout le pays » et son attaque en règle contre « la liberté académique et le débat public », sous prétexte de lutte contre la culture « woke » et l’antisémitisme. Le magazine de Harvard en veut pour preuve l’annulation, le 7 mars dernier, de 400 millions de dollars de subventions fédérales à l’Université Columbia, dont la présidente a par ailleurs été contrainte à la démission, « pour son incapacité à protéger les étudiants juifs du harcèlement antisémite » et l’arrestation, le lendemain, par des agents de l’immigration, de Mahmoud Khalil, le leader des manifestations pro-palestiniennes de Columbia, jusque-là titulaire d’un statut de résident permanent aux États-Unis.
La presse américaine souligne le rôle du « Groupe de travail de lutte contre l’antisémitisme » dans le contrôle du budget fédéral alloué aux universités. D’après The New York Times, ce « groupe de travail » créé lors du retour de Trump à Washington, avait officiellement pour rôle de passer les principales universités au crible pour lutter contre l’antisémitisme et de détecter d’éventuelles violations des droits civiques – mais servirait surtout, selon le journal, à exercer des pressions, en particulier financières, pour que les universités « réévaluent leurs politiques ». Le journal relève l’influence de l’idéologue d’extrême droite Stephen Miller, le chef de cabinet adjoint de Donald Trump, dans le « processus opaque » qui « bouleverse » actuellement « les campus à-travers tout le pays », « laissant les institutions d’élite, habituées à une relative liberté vis-à-vis de Washington, sous le choc d’une attaque politique brutale, à l’avant-garde d’une bataille culturelle plus vaste ». Dans une enquête intitulée « Ces bureaucrates méconnus qui ravagent les universités américaines », le très conservateur Wall Street Journal raconte, lui aussi, comment ce groupe, dont l’objectif déclaré était au départ d' »éradiquer le harcèlement antisémite », après les manifestations pro-palestiniennes de l’année dernière, s’est transformé « en cours de route » en un « groupe de travail » s’attaquant « plus largement à la culture universitaire », dans la droite ligne des « aspirations Maga à repenser l’enseignement supérieur », et à « reprendre le contrôle » d’universités supposées aux mains l’extrême gauche – notamment en mettant fin à la discrimination positive. D’après le journal, l’action de ce groupe, qui dispose d’un pouvoir « sans précédent », s’est déjà traduit par la suppression ou le gel plus de 11 milliards de dollars de financements fédéraux, pour au moins sept universités.
L’administration Trump, dont l’offensive contre la science et la recherche provoque une onde de choc bien au-delà des Etats-Unis. D’après Le Monde, cette attaque est d’une telle ampleur « qu’il est presque difficile d’en recenser les conséquences », la crise américaine se transmettant « par effet domino » : des centaines de programmes sont suspendus et l’accès à des bases de données communes est désormais menacé. Le journal cite le dernier coup en date: un document budgétaire transmis par la Maison Blanche au Congrès, prévoyant la fermeture pure et simple du centre de recherche de l’Agence météo et océanographique américaine, la NOAA, l’un des principaux centres mondiaux de recherche sur le climat, la météo et les ressources marines. Selon le journal, les emplois perdus par la NOAA, la NASA ou encore les Instituts nationaux de la santé, « se comptent déjà en dizaines de milliers ».
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