Zimbabwe : Robert Mugabe sera enterré en début de semaine prochaine dans son village, annonce sa famille

Un hommage national de plusieurs jours a débuté jeudi 12 septembre au Zimbabwe, alors que les autorités n’ont pas encore confirmé les déclarations de la famille de l’ex-président, qui a annoncé que ce dernier sera enterré dans son village en début de semaine prochaine.

En provenance de Singapour, l’avion spécial transportant le corps du défunt chef de l’État s’est posé mercredi 11 septembre après-midi à l’aéroport de la capitale, Harare, qui porte son nom. Recouvert du drapeau or, rouge, vert et noir zimbabwéen, le cercueil a été extrait de l’appareil et porté par des soldats jusqu’à une tribune ou siégeaient le successeur de Robert Mugabe, Emmerson Mnangagwa, et sa veuve Grace Mugabe, toute de noir vêtue.

Devant les proches du disparu, le gouvernement et quelques milliers de personnes regroupées sur le tarmac, Emmerson Mnangagwa a rendu hommage au « père fondateur de la nation ». « La lumière qui nous a conduits à l’indépendance n’est plus mais son oeuvre, ses idées continueront à guider cette Nation », a-t-il dit.

Débat sur le lieu de l’enterrement

Le lieu de l’enterrement du défunt dirigeant fait l’objet, selon des indiscrétions, d’un bras de fer entre la famille et les autorités. La famille de l’ex-président a affirmé jeudi que Robert Mugabe sera enterré en début de semaine prochaine dans son village, et non pas au monument dédié aux « héros de la Nation » ainsi que le souhaitait le gouvernement.

« Son corps sera exposé à Kutama (son village) dimanche soir et il sera enterré dans l’intimité lundi ou mardi. Il n’ira pas au Champ national des héros », a annoncé à l’AFP l’un des neveux du défunt, Leo Mugabe. Avant d’ajouter : « c’est la décision prise par la famille ». 

Après l’arrivée de sa dépouille, le cercueil de l’ancien chef de l’État a été transporté jusqu’à sa fameuse et luxueuse résidence du « Toit bleu », ouverte exceptionnellement au public pour un premier hommage.

Hommage national

La dépouille de Robert Mugabe doit être exposée au stade Rufaro à partir de ce jeudi, dans la banlieue de Harare, pour permettre à la population de tout le pays de rendre hommage à l’illustre héros de la guerre de libération », selon la ministre de l’Information, Monica Mutsvangwa. C’est dans ce stade que Robert Mugabe avait, le 18 avril 1980, pris les rênes de l’ancienne Rhodésie sous domination blanche des mains de son ancien dirigeant blanc, Ian Smith.

Puis jeudi après-midi, le corps doit être conduit dans le village de Zvimba, à une centaine de kilomètres de la capitale, où l’ex-président possédait une maison.

Le début des funérailles officielles de celui qui, dès sa mort, a été proclamé « héros national » par Emmerson Mnangagwa auront lieu samedi matin dans l’immense stade national des sports de Harare, qui peut accueillir 60 000 personnes.

De nombreux chefs d’État attendus

Le gratin des chefs d’État africains, en fonction ou à la retraite, devait se presser à cette cérémonie, ainsi que les dirigeants de grands pays « amis » tels que la Chine ou Cuba. En tête des personnalités attendues, figurent le président chinois Xi Jinping, l’ex-président cubain Raul Castro, les présidents sud-africain Cyril Ramaphosa, nigérian Mohammadu Buhari ou de la RDC, Félix Tshisekedi.

Par son statut de « héros national », Robert Mugabe devrait être inhumé au cœur du « Champ des héros de la Nation », un monument construit en lisière de la capitale pour accueillir les « combattants de la guerre de libération » les plus illustres. Mais l’entourage de Robert Mugabe et les chefs traditionnels s’y opposaient, arguant que le défunt avait exprimé le vœu d’être inhumé dans le village de Zvimba, où il possédait une maison.

Depuis la chute de Robert Mugabe, les relations de l’ex-président et de sa famille avec son successeur, Emmerson Mnangagwa, qu’il a qualifié de « traître », sont notoirement mauvaises. En novembre 2017, l’armée l’avait poussé vers la sortie après sa décision de limoger Emmerson Mnangagwa sur l’insistance de son épouse, Grace, qui convoitait alors de plus en plus ouvertement la succession de son époux.

Par Jeune Afrique avec AFP