Aujourd’hui, Tariq Ramadan subit une justice d’exception

Karim Achoui revient sur l’affaire Tariq Ramadan. Il se dit scandalisé par le traitement que lui réserve aujourd’hui la justice française.

Tariq Ramadan n’est pas mon ami.

S’il est mon frère en Islam, je le porte toutefois en bien moins haute estime intellectuelle et humaine que nombre de penseurs chrétiens, juifs ou laïcs, que j’ai pu croiser dans ma vie et mes lectures. Au fond, Tariq Ramadan, je m’en moque, et j’échangerais volontiers une seule page du « Premier amour » d’Ivan Tourgueniev contre toute l’oeuvre de Ramadan.

Ramadan n’a pas eu un mot de soutien quand j’étais en prison, pas un mot de soutien quand j’étais blessé par balles, pas un mot de soutien quand j’ai créé la Ligue de Défense Judiciaire des Musulmans. Sûrement que j’étais pour lui, comme pour tant de mes « frères », un escroc et un bandit…

Peu importe.

Je me moque bien de Ramadan, mais suis absolument scandalisé par le traitement que lui réserve la justice de mon pays. Une justice en laquelle je crois encore, malgré tout le mal qu’elle a pu me faire indûment à certains moments de ma vie.

A nouveau, le juge des libertés et de la détention a refusé sa demande de mise en liberté. Malgré le témoignage de la principale plaignante qui s’effondre… Malgré les garanties de représentation considérables proposées par ses avocats (300.000 euros de cautionnement et la remise de son passeport)… Malgré son état de santé… Malgré l’évidence de son incapacité à faire pression sur les plaignantes s’il quittait sa détention…

La vérité, c’est que la question n’est plus aujourd’hui de savoir si Ramadan est coupable ou innocent de ce dont on l’accuse. C’est là le travail d’une Cour d’assises et de son jury populaire. Ce temps viendra sûrement et si Ramadan est coupable, il paiera et ce sera justice.

La vérité est qu’aujourd’hui, Tariq Ramadan subit une justice d’exception, que n’ont nullement connu d’autres hommes publics accusés des mêmes faits. La présomption d’innocence n’existe pas pour Tariq Ramadan. Il est traité non en justiciable étranger, mais en ennemi de la France.

Tariq Ramadan est musulman.

Musulman, le nom de l’ennemi.

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