Lors d’un sommet à Bruxelles ce mercredi 17 octobre, les 27 dirigeants de l’UE ont acté l’absence de progrès dans les négociations sur le Brexit, tout en remarquant la « bonne volonté » de la Première ministre britannique Theresa May.
Ce devait être un « moment de vérité ». A la veille de la réunion, le président du Conseil européen Donald Tusk avait prévenu : l’Union européenne attend des propositions « concrètes » et « créatives » de Theresa May sur le Brexit.
Las, les 15 minutes du discours prononcé par la Première ministre britannique au début du dîner des dirigeants européens les ont laissés sur leur faim. « Je n’ai pas constaté de nouveautés majeures », a dit le président du Parlement européen, Antonio Tajani.
« On a la volonté collective d’avancer, mais nous n’y sommes pas encore », avait estimé le président français Emmanuel Macron à son arrivée à Bruxelles.
L’accord est prêt à « 90% », mais « il y a encore du travail devant nous », jugeait pour sa part la chancelière allemande Angela Merkel.
Le négociateur en chef de l’Union européenne se voulait quant à lui calme et patient. « Nous avons besoin de temps, de plus de temps » pour arriver à un compromis à la fois sur les conditions du divorce et sur la future relation, a souligné Michel Barnier.
Faute de percée significative, les Vingt-Sept ne prévoient donc pas « pour l’instant » d’organiser un sommet sur le Brexit en novembre et appellent Michel Barnier « à poursuivre ses efforts pour aboutir à un accord ».
L’UE s’inquiète de la position du gouvernement britannique, empêtré dans des disputes internes et sous la pression d’obtenir la ratification de l’accord par son Parlement. Les discussions entre Bruxelles et Londres butent principalement sur la solution qui permettrait d’éviter le rétablissement d’une frontière physique entre les deux Irlandes, afin de sauvegarder les Accords de paix de 1998.
Vers un prolongement de la période de transition ?
La question maintenant est en fait de savoir si l’Union européenne et la partie britannique parviendront à tomber d’accord sur un prolongement de la période de transition, laquelle ne figure dans aucun texte et qui constituait déjà une concession de la part des Vingt-sept, explique notre correspondant à Bruxelles, Quentin Dickinson.
Cette période doit courir du 30 mars 2019, lendemain du Brexit, jusqu’au 31 décembre 2020, fin de l’exercice budgétaire septennal auquel, de toute façon, Londres est contraint de contribuer. Ce qui est désormais à l’étude, c’est le prolongement de cette transition d’un an – voire de trois années, selon la proposition initiale du Parlement européen.
En principe, les Européens n’y seraient pas opposés, mais ils s’interrogent sur la capacité de Mme May à faire accepter par son parti semblable prolongation supplémentaire, déjà dénoncée par ses Brexiteurs comme une mise sous tutelle du Royaume-Uni, « Etat-vassal de l’UE », selon leur expression du moment.
Ce jeudi, Londres se dit pourtant ouvert à un prolongement de la période de transition.
Préoccupations communes
Si le Brexit continuera à dominer les débats de ce sommet européen, d’autres dossiers attendent aussi les dirigeants. Ces jeudi et vendredi, les Européens reçoivent les onze chefs d’Etat et de gouvernement de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est.
C’est une rencontre qui se tient régulièrement, mais pas nécessairement au niveau le plus élevé. Si c’est cette fois-ci le cas, il faut en comprendre la préoccupation partagée des Européens et des Asiatiques, confrontés les uns comme les autres à l’imprévisibilité américaine et à l’expansionnisme chinois.
Accessoirement, c’est aussi la démonstration d’un dialogue politique et économique bien utile qui, pour les Britanniques, disparaîtra avec le Brexit.
RFI avec AFP