Frères sincères : Les critères de notre engagement sont au nombre de dix, retenez-les : « La compréhension, la sincérité, l’action, la lutte dans la voie de Dieu, le sacrifice, la discipline, la persévérance, la fidélité à l’engagement, la fraternité et la confiance. »
Voilà ce que j’entends par la compréhension : que tu sois sûr que notre idée est véritablement islamique et que tu comprennes l’islam tel que nous le comprenons, dans le cadre fixé par l’expression très synthétique des vingt principes qui suivent :
1- L’islam est une organisation complète qui englobe tous les aspects de la vie. C’est à la fois un état et une nation, ou encore un gouvernement et une communauté. C’est également une morale et une force, ou encore le pardon et la justice. C’est également une culture et une juridiction, ou encore une science et une magistrature. C’est également une matière et une ressource, ou encore un gain et une richesse. C’est également une lutte dans la voie de Dieu et un appel, ou encore une armée et une pensée. C’est enfin une croyance sincère et une saine adoration. L’islam, c’est tout cela de la même façon.
2- Le saint Coran et la Sunna pure sont les sources de chaque musulman désireux de connaître les règles de l’islam. Le Coran ne peut être compris qu’à la lumière des règles de la langue arabe sans raffinement superflu ni exagération de style. Quant à la Sunna pure, il faut, pour la comprendre, se fier aux transmetteurs dignes de confiance.
3- La foi sincère, la saine adoration et l’effort continu intime procurent une lumière que Dieu projette dans le cœur de qui Il veut parmi ses serviteurs. Par contre l’inspiration, les sentiments mystérieux, les visions ainsi que les rêves ne constituent pas des sources de législation islamique, et ne peuvent être pris en considération qu’à condition de ne pas entrer en contradiction avec les principes de la religion ni avec ses textes.
4- Les talismans, les incantations, les fétiches, la voyance, la prédiction, prétendre connaître les secrets de l’invisible et tout ce qui s’y rattache sont des actions réprouvées contre lesquelles il faut lutter, à l’exception des versets coraniques ou d’une incantation transmise par la tradition prophétique.
5- L’avis de l’imam ou de son suppléant, en absence du texte sacré, dans tout ce qui supporte plusieurs interprétations et dans le domaine de l’intérêt général indéterminé, est pris en considération tant qu’il ne contredit pas un fondement de la législation islamique. Cet avis peut varier en fonction des circonstances, des coutumes et des traditions. La règle en matière du culte étant de se conformer (aux prescriptions du Coran et de la Sunna) sans en considérer les significations. Quant aux différents domaines de la vie, la recherche des raisons et des objectifs est demandée.
6- Chacun peut voir son avis accepté ou rejeté à l’exception de l’infaillible (al-Ma’sum : le Prophète) (que la Paix et la Bénédiction de Dieu soient sur lui). Aussi, tout ce qui nous est parvenu de nos prédécesseurs (salaf) (que Dieu les agrées) nous l’acceptons lorsqu’il est en accord avec le Coran et la Sunna, dans le cas contraire, la priorité est accordée au Coran et à la Sunna. Cependant, nous ne devons apostropher les personnes, dans les questions soumises à la divergence, en les vexant ou en les blessant. Nous les renvoyons à leurs intentions : elles seront menées vers ce qu’elles ont avancé (de bien ou de mal).
7- Il appartient à tout musulman qui n’a pas atteint le niveau permettant l’analyse des argumentations des prescriptions juridiques de suivre un imam parmi les imams de l’islam. En outre, il est bon qu’il s’efforce, dès lors qu’il suit cet imam, de connaître les textes auxquels ce dernier se réfère pour justifier son opinion, et qu’il accepte chaque orientation accompagnée de preuves dès lors que la valeur et la compétence de l’imam se sont vues justifiées.
8- La divergence de vue dans les domaines secondaires de la religion ne peut être la cause de scissions, et ne doit pas provoquer l’antagonisme ni la haine. A chaque spécialiste qui fournit un effort personnel (moujtahid) sa rétribution. Cependant, rien n’empêche l’analyse scientifique des points de divergence dans un climat d’amour en Dieu et de fraternité, animé par la volonté de rechercher la vérité, sans que ceci ne pousse à une dispute condamnable ni à l’intolérance et au fanatisme.
9- Toute question sur laquelle aucun travail concret ne se construit ne doit pas faire l’objet d’une étude approfondie : il s’agit là de réflexions superflues qui nous ont été interdites par les prescriptions de l’islam. Il en est ainsi de la multiplication des questions au sujet des appréciations de la législation concernant des événements improbables ou qui n’ont pas encore eu lieu, ou de l’examen approfondi du sens de certains versets coraniques dont notre science n’a pas encore atteint le niveau de compréhension, ou encore de ces débats destinés à comparer les mérites respectifs des compagnons (que Dieu les agrées) ou analyser les motifs de leurs désaccords. Or, tous ont le mérite d’avoir accompagné le Prophète (que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) et chacun sera récompensé en fonction de ses intentions. Nous nous contentons d’interpréter leurs actes de la meilleure façon.
10- La connaissance de Dieu, l’affirmation de son unicité et son dépouillement de tout anthropomorphisme sont les plus nobles articles de notre profession de foi. Quant aux versets du Coran et aux hadiths authentiques qui font mention des attributs divins et de tout ce qui s’y rapporte, nous y croyons comme ils ont été formulés, sans chercher à les interpréter ou à nier les attributs divins : nous ne nous exposons pas aux divergences des savants à ce sujet. Ce qui a suffi au Messager de Dieu (que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) et aux compagnons nous suffit : « Et ceux qui sont bien enracinés dans la science disent : nous y croyons, tout provient de notre Seigneur ».
11- Toute innovation en matière de religion, non fondée, que les gens approuvent par pure passion, qu’elle soit un ajout ou une suppression, est un égarement contre lequel il faut lutter afin de l’éradiquer par les meilleurs moyens qui n’entraînent pas un mal plus grand.
12- L’innovation par ajout (al-bid’a al-idhafiyya), l’innovation par renoncement (al-bid’a at-tarkiyya) ou l’action de s’imposer des pratiques cultuelles (al-iltizamou fil-‘ibada) sont des questions soumises à la divergence. A chaque spécialiste sa propre opinion. Cependant, rien n’empêche de chercher à établir la vérité en considérant les preuves et les arguments.
13- Aimer les vertueux, les respecter et les louer pour leurs belles actions est une façon de chercher à entrer dans les bonnes grâces de Dieu (Exalté soit-il) et les bien-aimés de Dieu (wali) sont ceux que Dieu a mentionnés dans le Coran : « Ceux qui croient et qui craignent Allah », et les choses extraordinaires (karama) qu’ils réalisent sont reconnues dans les limites établies par la législation musulmane, avec la conviction qu’ils ne détiennent pour eux-mêmes rien qui peut leur profiter ou leurs nuire de leur vivant comme après la mort, à plus forte raison, ils ne peuvent accorder rien de tout cela aux autres.
14- La visite des tombes, n’importe lesquelles, est une pratique licite de la façon transmise par la tradition prophétique. Par contre, implorer l’aide des morts, n’importe lesquels, leurs demander de satisfaire les besoins, de loin ou de près, leurs destiner des vœux, leurs édifier des mausolées, les éclairer par des cierges et attendre des miracles à leur contact, ainsi que jurer par autre que Dieu, constituent des péchés majeurs qu’il faut combattre. Par prévention, nous n’essayons pas de donner des interprétations à ces pratiques.
15- L’invocation de Dieu par évocation de l’un de ses serviteurs (at-tawassoul) constitue une divergence de vue relative aux ramifications de la jurisprudence concernant les modalités de l’imploration « dou’a », et ne fait pas partie des questions relatives à la croyance musulmane « ‘aqida ».
16- Le mauvais usage « ‘urf » ne doit pas travestir le sens des termes juridiques, ce qui impose de s’assurer des vraies significations des mots et de s’y tenir. Comme cela impose d’être prudent et de ne pas être dupé par les jeux de mots dans tous les domaines de la vie et de la religion. L’enseignement ne se tire pas des mots, mais de leur contenu.
17- La foi est à la base de l’action, et l’acte du cœur est plus important que celui des sens. Cependant, la recherche de la perfection sur les deux plans est demandée par les prescriptions de l’islam, même si c’est à des niveaux différents.
18- L’islam libère la raison et incite à la contemplation de l’univers. Il élève le rang de la science et de ceux qui la détiennent. Il est ouvert au fait de prendre de chaque chose ce qu’il y a de bon et utile, et proclame que : « La sagesse est le but du croyant, il en est le plus digne, quelque soit le lieu où il la trouve ».
19- Il se peut qu’il y ait (en apparence) un écart entre le domaine religieux et celui de la raison, mais il ne peut exister de contradiction entre ces deux domaines au sujet de ce qui est formellement établi. Jamais une vérité scientifique n’ira à l’encontre d’une règle religieuse catégorique. Celle des deux qui n’est pas une vérité formellement établie doit être interprétée afin qu’elle concorde avec celle qui a atteint le degré de vérité catégorique. Si l’une et l’autre ne sont pas catégoriques, la priorité est accordée au religieux, en attendant de confirmer ou de contredire ce qu’avance la science.
20- On n’excommunie pas un musulman qui a prononcé les deux attestations de la foi, qui agit en conformité avec celles-ci et qui observe les obligations religieuses, pour la seule cause d’une opinion formulée ou d’un péché commis, et si cette personne n’avait pas d’elle-même exprimé sa non croyance ou nié un élément reconnu comme impératif et essentiel à la religion, ou réfuté ce qui est clairement énoncé dans le Coran ou interprété ses textes d’une façon que les règles de la langue arabe ne peuvent le permettre en aucun cas, ou commis un acte qui ne peut être interprété autrement que par la non croyance.