Les participants aux travaux de la 13ème édition de l’Atelier régional de la Ligue des oulémas, prêcheurs et imams du Sahel (Lopis), tenue jeudi à Niamey (Niger), ont mis en avant la place privilégiée de la femme au sein de la société pouvant, ainsi, contribuer à faire face à toutes les pratiques contraires à l’Islam.
Ainsi, le ministre nigérien de l’Intérieur et de la Décentralisation, Alkache Alhada, a exprimé, dans une allocution lue en son nom par le directeur général du Culte, Ousmane El Hadj Zeneidou, la gratitude de son pays pour la confiance qui lui a été conférée afin d’abriter les travaux de cet atelier qui intervient, a-t-il dit, « dans un contexte sécuritaire où les régions du Sahel et du Lac Tchad en particulier sont sous l’emprise quotidienne des groupes armés terroristes et extrémistes ».
Il a salué la Lopis pour l’organisation de cet atelier et « œuvrer en faveur du renforcement de l’éducation religieuse dans les pays du Sahel », tout en fondant l’espoir de voir cette rencontre « mener des réflexions constructives sur la thématique avec des recommandations fortes dont la mise en œuvre permettra aux Etats de la région de renforcer davantage l’implication des femmes dans la lutte contre la radicalisation et l’extrémisme violent ».
De son côté, le président de la Lopis, le Tchadien Abakar Walar, a indiqué, dans une brève allocution lue en son nom à cette occasion, que ce 13ème atelier « encourage et célèbre pour toujours les nombreuses femmes qui s’affirment dans le combat contre toutes les formes de radicalisation, un premier pas menant vers l’extrémisme violent ».
Il a remercié, en outre, les participants à cet atelier qui devront ainsi émettre des recommandations visant à promouvoir le rôle de la femme dans la préservation de la radicalisation et l’extrémisme religieux.
Le secrétaire général de la Lopis, Lekhemissi Bezaz, a souligné, pour sa part, « l’impératif de donner à la femme tous les moyens matériels et moraux pour qu’elle puisse jouer pleinement son rôle dans la prévention contre ce phénomène de la violence ».
« Pour ce faire, nous devons nous inspirer de toutes les expériences qu’a connues la région et c’est pourquoi nous multiplions nos rencontres, qui tentent de capitaliser certaines de ces expériences qui ont été couronnées de réussite », s’est-il félicité.
Dans le même sens, le représentant du Niger au sein du Bureau exécutif du Lopis a déclaré que « le choix du thème du 13ème atelier intervient au moment où les pays du sahel font face au terrorisme qui est le résultat de l’extrémisme et de la radicalisation, deux fléaux répudiés par toutes les religions monothéistes, ainsi que par l’Islam, qui l’interdit dans plus d’un texte coranique ou prophétique ».
« La femme est considérée comme l’un des éléments les plus influents de la société. Elle a un rôle efficace dans les domaines scientifique, politique et économique », a-t-il relevé, estimant que « seules les personnes ignorantes ou ayant des préjugés le négligent, et par conséquent, la femme est un partenaire pouvant faire face à tous les comportements qui n’appartiennent pas à l’Islam ou qui le contredisent ».
Défendre une interprétation modérée des enseignements religieux
Le coordonnateur par intérim de l’Unité de Fusion et de Liaison (UFL) des pays du Sahel et représentant de l’Algérie au sein de ce mécanisme a indiqué que l’étude du rôle de la femme dans la prévention de la radicalisation et l’extrémisme religieux « revêt une importance particulière au regard de la place de la femme dans l’Islam et au sein de nos sociétés ».
« Les femmes peuvent, en effet, jouer un rôle crucial dans la prévention et la lutte contre l’extrémisme, en défendant une interprétation modérée des enseignements religieux au sein de leurs communautés et en protégeant leurs sociétés et les membres de leurs familles de toute déviance religieuse », a-t-il relevé.
« Ce rôle doit être davantage encouragé par la participation des femmes dans les processus de consultation et de prise de décision dans le but de promouvoir la tolérance et la culture du pardon », a-t-il suggéré.
Il a, à cette occasion, noté que « le phénomène terroriste dans notre région constitue un sujet de préoccupation majeure », ajoutant que la menace terroriste est devenue « plus complexe, diffuse, difficile à contenir et beaucoup plus nuisible, en dépit des succès tactiques réalisés sur le terrain ces des derniers mois ».
« C’est dans cet esprit que l’UFL apporte son soutien indéfectible aux activités et à tous les projets initiés par la Lopis pour la promotion de la culture de la paix, du dialogue, du vivre-ensemble et de la réconciliation face aux forces du mal et de la barbarie », a-t-il soutenu.
Organisé en collaboration avec l’UFL des pays du Sahel, avec la participation de représentants des Etats membres et des observateurs au sein de la Ligue, l’atelier de deux jours, a pour objectif de mettre en avant l’une des recommandations issues des précédents ateliers, à savoir l’importance du rôle de la femme dans la lutte contre les discours extrémistes dans les sociétés modernes.
Les travaux de la 13ème édition de l’Atelier régional de la Lopis se poursuivront vendredi par la lecture des recommandations visant la promotion du rôle de la femme dans la lutte contre la radicalisation et l’extrémisme religieux.
La Ligue compte des imams, prêcheurs et oulémas de 11 pays, en l’occurrence les huit pays membres permanents de l’Unité de fusion et de liaison des pays du Sahel (UFL) (Algérie, Burkina Faso, Libye, Mauritanie, Mali, Niger, Nigeria et Tchad), et trois pays observateurs dans ladite Unité (Guinée, Sénégal et Côte d’Ivoire).
Les recommandations phares de la LOPIS depuis sa création
La Ligue des oulémas, prêcheurs et imams du Sahel (LOPIS) a organisé, depuis sa création en 2013 et en collaboration avec l’Unité de fusion et de liaison des pays du Sahel (UFL), plusieurs ateliers visant à protéger les jeunes contre le radicalisme et l’extrémisme violent. En voici les recommandations phares:
– Premier atelier tenu en janvier 2013 à Alger consacré à la création de la Ligue (adoption des statuts et règlement intérieur). Expliquer et défendre les vraies valeurs et préceptes de l’Islam, qui condamne la violence, l’intolérance, l’extrémisme et le terrorisme.
– 2e atelier (7 et 8 avril 2013 à Alger). Approbation de la Déclaration finale intitulée « Appel des savants » incluant plusieurs recommandations dont la Fatwa interdisant le paiement des rançons.
– 3e Atelier (3 et 4 novembre 2015 à Alger) sous le thème « L’Afrique et la menace de l’extrémisme violent ». Importance de relancer le rôle de la femme africaine dans l’orientation religieuse pour contrer l’extrémisme religieux.
– 4e Atelier (30 et 31 mai 2016 à Dakar) sur le thème « les valeurs de la convivialité et de la paix dans la lutte contre l’extrémisme violent dans les pays du Sahel ». Importance d’inculquer les valeurs islamiques de tolérance et d’humanité à l’ensemble de la nation musulmane.
– 5e Atelier (24 et 25 janvier 2017 à N’Djaména) sur le thème « Le rôle des imams de la région du Sahel dans la protection des jeunes contre la radicalisation et l’extrémisme violent ». Attention particulière aux jeunes de la part des leaders religieux de la région, en vue de leur éviter de tomber dans le piège de la radicalisation et de l’extrémisme.
– 6e Atelier (6 et 7 juillet 2017 à Nouakchott) autour du thème « Les procédés du renforcement des manuels d’enseignement de l’éducation religieuse dans les écoles des pays du Sahel ». Privilégier un contenu promouvant les valeurs du bon comportement dans la religion musulmane.
– 7e Atelier (7 et 8 mai 2018 à Conakry) sur le thème « Les valeurs et les principes de l’Islam dans la lutte contre la radicalisation et l’extrémisme violent ». Mettre en place une stratégie africaine promouvant le dialogue interculturel et interreligieux.
– 8e Atelier (12 au 14 septembre 2018 à Agadez) sur « les valeurs et les principes de l’Islam dans la lutte contre le radicalisme et l’extrémisme violent ». Les acteurs du domaine religieux appelés à s’impliquer davantage dans la promotion des valeurs de paix et de réconciliation notamment à travers les nouveaux supports de communication, tels que les réseaux sociaux.
– 9e Atelier (13 et 14 mars 2019 à Abidjan) intitulé « Le rôle des leaders religieux dans la promotion du développement local pour la lutte contre la radicalisation et l’extrémisme violent ». Mise en place de programmes pratiques pour assécher les sources du terrorisme.
– 10e Atelier (11 et 12 septembre 2019 à Nouakchott). Finalisation du « Guide des bonnes pratiques en matière d’enseignement de l’éducation religieuse face à l’extrémisme violent ».
– 11e Atelier (4 et 5 décembre 2019 à Bamako). Publication du « Guide des bonnes pratiques en matière d’enseignement de l’éducation religieuse face à la radicalisation et l’extrémisme violent ».
– 12e Atelier (5 et 6 juillet à Ouagadougou) sur le thème « Remédier à l’extrémisme: acceptation de l’autre, de la théorie à la pratique ». Diffuser une culture d’acceptation de l’autre et rester à l’écart du phénomène d’exclusion qui s’est largement répandu dans un certain nombre de sociétés.
Par ailleurs, un Atelier extraordinaire a été organisé le 6 décembre 2017 à Alger en collaboration avec le Centre africain d’études et de recherches sur le terrorisme (CAERT) sur « l’importance de l’éducation religieuse dans les écoles et la promotion de son enseignement pour contrer les idées subversives et extrémistes étrangères aux sociétés du Sahel ».
La Ligue des Oulémas, prêcheurs et imams du Sahel compte 11 pays membres, en l’occurrence les huit membres permanents de l’Unité de fusion et de liaison des pays du Sahel (UFL) basé à Alger (Algérie, Burkina Faso, Libye, Mauritanie, Mali, Niger, Nigeria et Tchad) et les trois pays observateurs dans ladite unité (Guinée, Sénégal et Côte d’Ivoire).