L’optimisme de certains chefs d’Etat membres du groupe de travail présidentiel sur le programme monétaire de la CEDEAO, qui a tenu sa dernière réunion le 21 février dernier au Ghana, n’est pas partagé par le président du Nigeria, Muhammadu Buhari. Un article du journal nigérian The Guardian, traduit de l’anglais par Lider, met en lumière les inquiétudes du chef de l’Etat, qui était représenté à Accra par le gouverneur de la Banque centrale du Nigéria (BCN), Godwin Emefiele. Il a pointé du doigt « les défaillances et manquements qui font que l’intégration monétaire est loin de devenir une réalité en Afrique de l’ouest. »
Si les préoccupations qu’il soulève sont de plusieurs ordres, Buhari appelle surtout les pays de l‘Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), qui ont en partage le franc CFA, à démontrer leur volonté de voir le projet de création d’une monnaie unique de la CEDEAO aboutir. Le président du Nigeria, première économie africaine, appelle à cet effet, les pays concernés « à présenter une feuille de route claire de leur déconnexion du trésor français. »
La question des disparités persistantes entre les économies
Au delà, il dénonce la mauvaise analyse de l’état de préparation de chaque pays pour l’intégration monétaire d’ici 2020 et la mauvaise articulation des actions initiées pour aboutir à la création de la monnaie unique. « Les chefs de gouvernement de la Cedeao n’avaient pas été suffisamment informés sur toutes les implications de l’intégration à l’horizon 2020, en particulier concernant certains pays qui ne sont pas prêts individuellement au niveau national », rapporte The Guardian.
Pour Buhari, la situation de certains pays membres de la communauté économique non préparés constitue une préoccupation majeure. Aussi urge-t-il de définir les critères de convergence et juguler la question des disparités persistantes entre les conditions macroéconomiques des pays de la Cedeao. « Les fondements macro-économiques de nombreux pays de la Cedeao sont disparates et incertains », a interpellé le président de la République fédérale du Nigéria, qui invite ainsi ses pairs au réalisme. Ces sujets, interpelle-t-il, pourraient constituer des points de blocage s’ils ne sont pas examinés en profondeur et des solutions trouvées.
Accélérer la ratification des instruments juridiques et protocoles connexes
Pour réaliser l’union monétaire dans la sous région ouest-africaine, se persuade Buhari, il importe au plan technique de « fusionner l’Imao et l’Agence monétaire ouest africaine (Amao) de la Commission de la Cedeao en un Institut monétaire de la Cedeao. » Au vu des résolutions adoptées à Accra, notamment avec la création d’un institut de la CEDEAO, chargé de faire passer de 11 à 6 les critères de convergence et de fédérer les institutions existantes, on peut dire qu’il a été suivi.
Autre préoccupation qui justifie sa réticence, Muhammadu Buhari est persuadé que le régime de ciblage de l’inflation recommandé comme cadre n’est pas viable, car il repose sur l’adoption d’un régime de taux de change flexible alors que la convergence réelle est loin d’être réalisée, malgré les efforts déployés jusqu’à présent.
Le chef de l’Etat ivoirien, Alassane Ouattara qui a pris part à la réunion d’Accra aux cotés du Nigérien Mahamadou Issoufou, du Ghanéen Nanan Akufo-Addo et du représentant du Nigerian Buhari, avait déclaré que son pays respectait déjà presque tous les critères de convergence vers une monnaie unique de la CEDEAO et serait fin près d’ici 2020.
Le président ghanéen avait, lui, souligné la nécessité d’accélérer le processus, déclarant que l’introduction d’une monnaie unique en Afrique de l’Ouest va aider à supprimer les barrières commerciales et monétaires, réduire les coûts de transaction, dynamiser l’activité économique et accroître le niveau de vie de la population de la région.
Minutes Eco