Article de 20 Minutes avec AFP •
L’Aga Khan, imam des Ismaéliens nizârites, une branche de l’islam chiite, et philanthrope à la
fortune colossale, est décédé mardi à Lisbonne
Chef spirituel, milliardaire, philanthrope… Qui était l’Aga Khan, mort à 88 ans ?
Chef spirituel, milliardaire, philanthrope… Qui était l’Aga Khan, mort à 88 ans ?
disparition – L’Aga Khan, imam des Ismaéliens nizârites, une branche de l’islam chiite, et
philanthrope à la fortune colossale, est décédé mardi à Lisbonne
« Son altesse le prince Karim Al-Hussaini, Aga Khan IV, 49e Imam héréditaire des musulmans
chiites ismaéliens et descendant direct du prophète Mahomet (que la paix soit avec lui), est
décédé paisiblement à Lisbonne le 4 février 2025, à l’âge de 88 ans, entouré de sa famille. »
C’est par ces mots que le Réseau Aga Khan de développement (AKDN) a annoncé, sur X, la mort
de l’Aga Khan, l’imam des Ismaéliens nizârites, une branche de l’islam chiite.
Né le 13 décembre 1936 à Genève, Karim Al-Hussaini avait été intronisé en 1957 49e imam des
Ismaéliens nizârites, le deuxième groupe musulman chiite le plus important numériquement avec
entre 12 et 15 millions de membres répartis à travers le monde, notamment en Asie centrale et du
Sud, en Afrique et au Moyen-Orient.
A moins de 21 ans, il succédait ainsi à son grand-père Mahomed Shah. Son père, Ali, s’était vu
écarter de la succession après son mariage tumultueux avec l’actrice américaine Rita Hayworth.
Le prince Karim s’était donné pour mission de développer l’œuvre déjà considérable de son
grand-père qui créa hôpitaux, logements, ou coopératives bancaires dans les pays
Philanthrope et sens des affaires
L’héritier avait investi une vaste partie de l’immense fortune familiale, dont le montant n’est pas
connu, dans les pays les plus démunis, alliant philanthropie et sens des affaires. Il avait pour cela
fondé l’AKDN, une gigantesque fondation qui revendique 96.000 employés dans le monde et
finance des programmes de développement notamment en Asie et en Afrique.
Depuis 1984, ce réseau comprend une branche dédiée au développement économique, le Fonds
Aga Khan pour le développement économique (AKFED), qui compte 36.000 salariés, 90 sociétés
et génère des recettes annuelles de 4,5 milliards de dollars.
Milliardaire possédant yachts et jets, l’Aga Khan a par ailleurs créé en 1977 le Prix Aga Khan
d’Architecture récompensant les projets architecturaux novateurs des sociétés musulmanes.
Familier des champs de courses, il a perpétué la tradition familiale d’élevage de pur-sang dans
ses huit haras de France et d’Irlande et a contribué à la vaste rénovation du domaine de
Chantilly, au nord de Paris.
Des funérailles « dès que possible » à Lisbonne
L’Aga Khan avait les nationalités britannique et portugaise, ainsi que la citoyenneté honoraire
canadienne, une distinction rarement accordée. « L’Aga Khan a consacré sa vie à promouvoir la
paix et la prospérité pour tous. Sur tous les continents et auprès de toutes les cultures, il s’est
employé à relever les plus grands défis humanitaires au monde : la pauvreté, l’éducation, les
inégalités entre les sexes », a réagi, également sur X, le Premier ministre canadien
démissionnaire Justin Trudeau.
L’Aga Khan a eu quatre enfants : Zahra, Rahim et Hussain, nés de son premier mariage avec le
mannequin britannique Sally Crocker-Poole, puis Aly, né en 2000 d’une seconde union avec la
juriste allemande Gabriele zu Leiningen, dont il a divorcé en 2004.
Avant sa mort, l’Aga Khan avait désigné son successeur dans ses dernières volontés, selon la
pratique chiite du « nass » (transfert de l’imamat d’un imam à l’autre par le biais d’une
désignation explicite, de la même façon que le prophète Mahomet a été désigné par Dieu, selon
la tradition). L’annonce du nom de ce successeur, le 50e imam, aura lieu avant les funérailles de
l’Aga Khan, lesquelles se dérouleront « dès que possible »
à Lisbonne, selon les Ismaéliens nizârites.