Le Ramadan 1440 Hégire, s’annonce à grand pas. Si certaines personnes dans la gente féminine ont leur compteur de crédit de jeûne à zéro, d’autres par contre ont encore quelques jours à rembourser voir des mois. Pourquoi elles se retrouvent à la veille d’un autre mois de Ramadan avec des jours en moins sur le précédent? Comment comptent-elles s’y prendre pour se conformer aux prescriptions divines? Et que propose l’islam quant aux remboursements des jours manqués du mois de ramadan par la femme selon ses états? Vous aurez des éléments de réponse en savourant notre enquête auprès des femmes musulmanes.
Bakayoko Karidja, à l’approche du Ramadan, avait à son compteur 60 jours de jeûne à rembourser. Pour cause, elle est restée entre le statut de femme enceinte et celui de nourrice. Comme elle, plusieurs, femmes sont confrontée à la question de s’acquitter du quatrième pilier de l’islam. Sylla, quant à elle devait rembourser juste quelques jours, parce que malgré sa grossesse, Sylla a pu faire des jours de jeûne, mais pas évident pendant qu’elle était nourrice, ‘’j’étais enceinte mais grâce à Dieu j’ai pu jeuner durant Ramadan passé alors qu’étant nourrice, j’avais mal dépéri, donc j’ai dû arrêter’’.
Si les réalités des grossesses, sont des raisons pour certaines pour ne pas observer le jeûne, comme cela a été le cas de Maï Bachard, qui dit ‘‘ si je jeûne étant enceinte, on risque de me ramasser à la petite cuillère’’ et Mariam Diomandé, qui raconte que: ‘‘ Moi chaque 4h du matin je prenais le sahour avec monsieur mais à 11h je rampais pour chercher la nourriture Dieu est témoin j’ai essayé mais j’ai pas pu et j’ai accouché pendant le mois de ramadan’’, d’autres par contre, parviennent à le faire paisiblement. Tel est le cas de Maïmouna Koné qui dit avoir jeûné pendant 26 jours avant d’accoucher le 29 Ramadan d’un bébé de plus de trois kilos en pleine forme.
Même expérience pour Yéo Berthé qui explique ‘’Al hamdulillah moi j’ai pu le faire étant enceinte en plus je me sentais mieux avec le jeûne, les petits bobos comme nausées, je ne ressentais plus donc j’ai continuée et vers la fin j’ai eu une grippe j’ai voulu arrêter mais très tôt j’ai repris le jeûne à cause des désagréments donc j’ai rattrapée mes 2 jours après’’. Kady Kam, quant à elle s’est efforcée de faire son mois de Ramadan étant enceinte, ‘‘j’ai jeuné avec ma grossesse, quand on pense aux mérites cela motive. En plus moi je mangeais sahour à 3h pour rompre à 20h 30’’. Toutes ces expériences démontrent que les contraintes de grossesse sont différentes d’une femme à l’autre, mais également de l’état d’esprit comme l’a souligné Aminata Kane, souvent tout se passe dans la tête ‘’ la femme ne doit pas sous-estimez sa force intérieure et sa capacité à pouvoir jeûner avec sa grossesse ou en allaitant son enfant’’. Elle, avec sept enfants, a eu à jeûner avec la grossesse et pendant l’allaitement sans aucun problème.
Et même plus, elle dira ‘’Pour ma première grossesse, j’ai accouché un 27 Ramadan. Al hamdoulillah, non seulement j’ai pu jeûner les 26 jours mais mieux, le jour de mon accouchement, je jeûnais’’. Tout comme la grossesse, l’allaitement reste également une période pouvant amener une femme à ne pas pouvoir faire son jeûne au moment prescrit par tous les musulmans. C’est le cas de Samassi Ramatou Coulibaly, qui a remboursé son crédit de jeûne dû à la grossesse pendant qu’elle allaitait. Pareil pour Tchégnimplé Yéo Berthé, qui n’a eu aucune difficulté à faire le mois de Ramadan pendant qu’elle donnait le lait à son enfant.
Mais, elle signifie que: ‘’je faisais un allaitement mixte et passais toute la journée au boulot donc, il n’y avait pas de souci’’. Et Bah Adam de témoigner que ‘’je n’ai pas d’enfant mais chez nous, je voyais ma maman et mes tantes jeûner étant enceinte où en allaitant’’. Noura Fanny, de signifier que ‘’J’ai fait 2 ramadans avec bébé, le premier avait moins de 6 mois et le second 16mois’’. Aminata Kane, chirurgien-dentiste de dire que la problématique majeure de l’allaitement se situe au niveau de la période des 6 premiers mois, parce que l’enfant ne prend que le sein.
Mais, elle ne manque pas d’ajouter ‘’le principe de notre religion est que si le jeûne pose problème en provoquant un tarissement du lait au point où la mère n’en a plus et que bébé ait faim, alors la mère peut surseoir à son jeûne’’. Le docteur Kane de conclure que ‘’ Je pense qu’il faut relativiser. Si la femme a une santé fragile, si le bébé n’a plus de lait ou qu’il maigrit et que le lien est établi avec le jeûne de sa maman, alors oui, elle peut rompre. Mais s’il n’y a rien et que la femme jeûne par amour pour Allah, je pense au contraire, que ce sera bénéfique et pour maman et pour bébé. Allah sait mieux’’. L’alternance entre la grossesse et l’allaitement, reste quelque fois un véritable problème pour les femmes, qui se retrouvent souvent avec des jours voire des mois de crédit de jeûne à rembourser.
Aïd Cissé Epse Coulibaly, relève se problème en ces termes ‘’Allah nous a facilité la religion surtout aux femmes puisqu’enceinte tu ne peux pas jeûner et quand tu accouches tu es nourrice donc difficile de jeûner. Tu vas rembourser tout cela en combien d’années, surtout que ça s’accumule’’. Mais, beaucoup d’entre elles sont encore à se demander comment faire ce remboursement ? Elle ajoute alors que : ‘’ une fois dans mes recherches, on dit pour la femme enceinte en incapacité de jeûner et ensuite nourrice peut nourrir un pauvre pendant 30 jours en raison de 1.5 kg de riz par jour’’. Cibby Hayat Traoré, indique qu’il y a deux avis, ‘’reporter le jeûne à plus tard mais nourrir des pauvres en attendant selon le nombre de jours qu’on doit et nourrir des pauvres et ne pas rattraper ses jours. Ce dernier cas concerne seulement celles qui ne peuvent vraiment pas jeûner plus tard’’.
Barry Mariam, quant à elle résume l’avis du cheikh Al Albany et celui d’Albany, ‘’Il est donc permis à toute femme enceinte et à toute femme qui allaite de rompre son jeûne mais elles doivent en guise d’expiation nourrir un pauvre pour chaque jour non jeûné et elles ne sont pas tenues d’accomplir leur jeûne ultérieurement’’. Et pour conseil, elle dira, ‘’n’ayez pas peur de jeûner les femmes c’est le seul acte que Allah récompense Personnellement et les jeuneurs sont à l’honneur auprès de Lui’’. Que ce soit enceinte ou nourrice, jeûner peut-être pénible pour la femme ou son enfant. Mais, au-delà de l’état physique qui est mis en mal, l’état psychologique pourrait également être un grand facteur inhibiteur. Le tout serait de tenir compte des mérites liés à cette obligation divine tout en ne niant pas les réalités médicales inhérentes aux statuts de femmes enceintes et de nourrice.