Les producteurs d’anacarde de Côte d’Ivoire n’arrivent pas à faire écouler la noix de cajou. Depuis quelques semaines, des camions chargés de noix de cajou stagnent devant les entrepôts incapables de trouver de preneur parmi les exportateurs.
«Ce sont plus de 300 camions qui sont chargés au port d’Abidjan, de San-Pedro (sud-ouest), dans des usines depuis un mois et qui n’arrivent pas à décharger», témoigne Abdoulaye Sanogo, secrétaire général de la Fédération nationale des acheteurs et coopératives d’anacarde de Côte d’Ivoire (FENACACI), dans une déclaration à l’agence APA.
Pour les exportateurs, en majorité des opérateurs indiens et vietnamiens qui demandent un réajustement de prix., la qualité des noix est mauvaise et elles sont de trop petite taille, alors que le prix officiel d’achat serait trop élevé au regard de l’évolution du marché international.
Depuis le 15 février dernier, les prix officiels de la campagne de noix de cajou ont en effet été fixés à 500 francs CFA/kg bord champ, à 525 francs CFA/kg le prix magasin intérieur et à 584 F/kg le prix portuaire. Sollicité sur la question le week-end dernier, le Conseil coton-anacarde, organe de régulation de la filière en Côte d’Ivoire, a décidé de maintenir les prix officiels appelant plutôt les producteurs à maintenir la bonne qualité de leur production.
Mais à côté, en raison de la crise, «les prix se négocient entre 200 et 300 francs CFA sur le terrain», estime Metan Koné, secrétaire général de la Fédération nationale des producteurs de cajou de Côte d’Ivoire (FENACAJOU-CI COOP-CA). Face à cette situation, ajoute le responsable, certains opérateurs ont commencé à faire revenir leurs cargaisons à la base.
Le gouvernement sollicité sur la question des prix
La noix de cajou -dont la Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial (23% de l’offre mondiale)- est le troisième produit d’exportation du pays avec un volume de production de 771 000 tonnes (2017). L’impact de cette situation de blocage serait donc conséquent pour l’économie.
Pour certains observateurs, c’est le moment pour que le gouvernement intervienne sur la question des prix. «Il faut que le gouvernement revoie le prix à la baisse parce que la qualité a baissé depuis mi-avril. Le Vietnam et l’Inde, premiers acheteurs de l’anacarde de Côte d’Ivoire, sont également de grands producteurs et les volumes importés servent d’abord à combler le déficit différence entre la production et la transformation.
Ainsi, le Vietnam est devenu le premier acheteur des noix de cajou ivoiriennes avec 450 000 tonnes importées en 2017. Sauf que depuis quelque temps, ajoute Sanogo, ces pays misent de plus en plus sur l’autosuffisance en augmentant le rendement de leurs champs et en finançant des producteurs voisins comme le Cambodge. De quoi inquiéter fortement la Côte d’Ivoire sur l’avenir de toute une filière.
Transformation locale, l’autre solution
Pour sauver la filière de l’anacarde, la Côte d’Ivoire pourrait non seulement baisser les prix officiels, mais aussi encourager la transformation locale qui ne concerne que 6% des volumes produits, alors que les autorités ambitionnent d’atteindre les 50% à l’horizon 2020.
Le mois dernier, la Côte d’Ivoire avait signé à Washington, trois accords de prêt avec la Banque mondiale portant sur un montant de près de 157,53 milliards de Fcfa. Objectif : mobiliser des fonds pour booster la transformation de l’anacarde et renforcer la lutte contre l’érosion côtière. De quoi redonner espoir aux opérateurs de la filière, même pour une seule saison.
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