Des vaccins « made in Africa » en vue
Plusieurs initiatives contre le Covid-19 émergent sur le continent, afin de briser sa trop grande dépendance vis-à-vis de l’extérieur.
Variants britannique, sud-africain, indien… Les menaces pèsent sur le continent [voir pp. 38-45], « Le manque de vaccins accroît le risque de résurgence du Covid-19 », a réaffirmé, en mai, I ’Organisation mondiale de la santé (OMS), relevant que l’Afrique ne représentait plus que « 1 % des doses de vaccin administrées dans le monde, contre 2 % il y a quelques semaines ».
Les chiffres sont sans concession. Le continent «ne fabrique que 1 % des vaccins nécessaires à ses 1,3 milliard d’habitants », relève le Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (CDC Afrique). Réunis en avril, les chefs d’États du continent ont décidé de rompre cette trop grande dépendance à l’égard de la solidarité internationale. D’ici 2040, l’Afrique devra fabriquer 60 % des doses dont elle a besoin, a décrété le CDC Afrique. Et mi-avril, l’Union africaine a noué un « partenariat pour la fabrication de vaccins africains », grâce à la création de cinq pôles de recherche et de production, avec l’appui de la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies (CEPI), la banque panafricaine Afreximbank et l’institution financière panafricaine Africa Finance Corporation.
Pour l’instant, selon l’OMS, le continent abrite moins de 10 fabricants de vaccins, concentrés dans cinq pays : l’Égypte, le Maroc, le Sénégal, l’Afrique du Sud et la Tunisie. « Il suffit maintenant qu’il y ait une vraie volonté politique, qu’on écoute les scientifiques, qu’on les, qu’on écoute les scientifiques, qu’on les soutienne, et la production se fera sur notre continent », a assuré à la BBC Awa Marie Coll-Seck, ex-ministre sénégalaise de la Santé.
En attendant, plusieurs initiatives émergent. Le 23 mars, le Nigeria annonçait que deux vaccins contre le Covid-19, en attente d’essais cliniques et de certification, étaient en cours de développement dans le pays, résultat du déblocage d’une enveloppe de 25 millions de dollars en janvier. « Nous explorons également l’option d’une production locale de vaccins sous licence », a précisé Osagie Ehanire, le ministre nigérian de la Santé, qui veut vacciner 70 % de la population d’ici 2022.
De son côté, le Maroc se dit prêt à conditionner le chinois Sinopharm. Plus avancée, la société égyptienne Minapharm doit commencer, à partir du 3e trimestre 2021, à produire plus de 40 millions de doses par an du vaccin Spoutnik V, a déclaré le fonds souverain russe RD1F. Début avril l’Algérie a également annoncé que e groupe Saidal produirait à son tour le vaccin russe dès septembre 2021 en partenariat avec l’institut Gameleïa, qui a conçu le Spoutnik V.
L’Afrique n’est plus en sécurité tant que tous les autres pays ne le seront pas », martèle Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique.
AFRIQUE MAGAZINE n°417 de Juin 2021, Page 84