La Structuration Financière de la Communauté Musulmane : Pourquoi ? et Comment ?

 

Notre communauté, dans la sous-région ouest africaine fait figure de modèle dans le domaine tant de l’organisation, que dans l’expression modérée de l’islam. Ici, les imams et les cadres issus des écoles occidentales ont travaillé main dans la main pour aboutir à ce résultat formidable.

C’est le lieu de rendre un hommage mérité au Cheick Ahima, l’architecte principal de cette stratégie.

Aucune œuvre humaine n’est parfaite, et chacun a son temps. Aujourd’hui, la communauté s’est dotée d’écoles confessionnelles modernes, et de cliniques médicales bien équipées. Dans le domaine du social les ONG sont très nombreuses, avec parfois les imams comme responsables.

Mais au plan structuration financière, la communauté a encore du chemin à parcourir. Un chemin qu’on peut raccourcir en tenant simplement des atouts indéniables dont dispose la communauté. En voici quelques illustrations :

  • Bon au mal an, près de dix mille candidats au pèlerinage quittent la Côte d’Ivoire pour les lieux saints du Hadj. Selon certaines statistiques chaque candidat dépense entre 3 et 4 millions au titre des frais de voyage et de séjour. Soit la bagatelle de 30 à 40 milliards chaque année.
  • Pour la fête de la Tabaski ce serait plus cent mille moutons soit au moins dix milliards chaque année.
  • Pendant le mois de ramadan, c’est trente jours de consommation des denrées alimentaires tels que le riz, le sucre, le lait…

Les usines tournent alors à plein régime pour satisfaire les consommateurs.

Ces sommes colossales sont le fruit de l’épargne des musulmans et des musulmanes. La satisfaction de ses obligations spirituelle peut être facilitée à travers un système d’épargne à travers une structure financière fiable, et viable. L’idée et les besoins sont là. Le cadre légal et règlementaire existe. Qu’est-ce qui manque alors ? A notre humble avis, il faut que les guides religieux, et les imams s’approprient ce projet de structuration financière dans la communauté.

Notamment le Conseil Supérieur des Imams (COSIM) et le Conseil Supérieur des Musulmans Sunnites (CODIS). Dans cette perspective, nous voyons les quatre étapes suivantes :

  • adoption du principe de la mise en place d’une structure financière centrale chargée d’aider les musulmans, et les structures islamiques à collecter et à épargner des ressources en vue d’accomplir aisément les rites religieux islamiques ;
  • La création de la mutuelle des mosquées pour neutraliser les recettes dépense ;
  • La création d’une micro finance islamique pour renforcer les capacités des musulmans exercant dans le commerce, le transport et l’artisanat ;
  • Enfin la création d’une banque islamique pour le renforcement de la capacité des hommes d’affaires et entrepreneurs musulmans.

La mise en place de ces structures complémentaires s’étalerait de 202-2025.

Les musulmans de Côte d’Ivoire sont riches et liquides individuellement. Mais ils ne sont pas connectés à l’économie nationale pour deux raisons principales :

  • L’analphabétisme des forces vives (commerçants, transporteurs et artisans)
  • Le sous bancarisation un peu liée aussi à l’analphabétisme. Sans régler ces deux faiblesses ici et maintenant, l’émergence de la communauté musulmane n’est pas pour demain, si le COSIM ne se lève maintenant.

En un mot comme en cent, le dernier saut qualitatif à opérer pour l’émergence de notre oumma,  la mise en place d’une structure financière viable et fiable.

 

 

par Fatim Djamila