L’oasis des parents

Oh combien nombreux et divers sont les ressentis qu’un enfant peut susciter chez son parent avant même sa venue au monde. Ce peut être un désir ardent d’en avoir, la peur de le perdre, l’inquiétude de ne pas être à même de l’éduquer et de l’accompagner dans son évolution, la déception de ne pas avoir eu l’enfant autrefois fantasmé, l’envie de façonner ce petit d’homme à l’image d’un soi longtemps rêvé, l’envie de le dominer, la fierté de le voir s’illustrer parmi ses pairs, la satisfaction de le voir répondre aux attentes ou la joie de le voir suffisamment mûr et brave face aux défis de la vie, etc.

Des ressentis qui font, à leur tour, naître chez le parent, doutes et questionnements : Qu’est-ce qu’un père ? Qu’est-ce qu’une mère ? Quelle idée majestueuse recèlent ces appellations ? Suis-je digne de m’appeler ainsi ?  Qu’est-ce que l’amour filial ? Finalement, que veut dire éduquer ? Pourquoi éduquer ? Qu’est-ce qu’une bonne éducation ? Et quel en est le bon mode d’emploi ?

L’aspiration de cette chronique, c’est d’offrir aux parents des éléments de réponses. Peut-être, les éclairera-t-elle davantage et guidera au mieux leur action éducative.

Je me référerai d’abord au Coran, cet exposé explicite de toute chose. « Et Nous avons fait descendre sur toi le Livre, comme un exposé explicite de toute chose, ainsi qu’un guide, une grâce et une bonne annonce aux Musulmans. » Dit le Très Haut.

De nombreux versets attirent effectivement notre attention, de manière directe comme allusive, sur différents aspects de l’éducation.

Par exemple, dans la sourate 31, les recommandations du sage Luqman faites à son fils, nous sont précisément rapportées. Dans la sourate Hûd, ce sont la patience et la douceur du père, le prophète Noé, face à la désobéissance et l’opiniâtreté de son fils qui nous sont narrées. La sourate la Lumière évoque, brièvement, l’âge de la puberté des enfants et les changements, tant, comportementaux, que relationnels, qu’il impose dans la famille. La sourate Joseph, quant à elle, nous offre une histoire emplie de leçons éducatives. Elle met particulièrement en lumière la question de la fratrie, notamment, ce trouble du comportement qui menace son unité, la jalousie. Excessive, elle dégrade les liens fraternels, alors, naturellement constructeurs, en liens destructeurs.

Ainsi, le frère, ce rival si proche dans la quête de l’amour paternel, devient l’objet de complots de toutes sortes. Dans sa clairvoyance, le prophète Jacob, conseille à son fils Joseph de ne pas révéler son rêve à ses frères envieux. Animé par une jalousie destructrice, Caïn n’a-t-il pas commis un fratricide ?  « Son ego l’incita à tuer son frère. Il le tua donc et devint ainsi du nombre des perdants. » . A ce propos, préserver son enfant de cette perdition le Jour Dernier, c’est là, la visée de l’acte éducatif d’un parent croyant, que Dieu rappelle dans Sa parole : « Ô vous qui avez cru ! Préservez vos personnes et vos familles, d’un Feu dont le combustible sera les gens et les pierres » . Car un parent, qui aime son enfant, lui souhaite non seulement la richesse, la réussite dans ce bas-monde, mais encore, en bon père et en bonne mère, le salut de son âme au Jour Dernier, à l’image du père vertueux et Prophète de Dieu, le prophète Zakaria, qui commandait à sa famille la Prière et l’Aumône, comme nous en informe le verset 55 de la sourate Marie . Abdessalam Yassine parle, lui, d’une éducation qui forme les enfants à être aussi bien compétents pour gagner leur vie et agir dans la société, que vivant de la vie de la foi .

Le Coran est donc riche de récits mettant en scène la cellule sociale qu’est la famille, éclairant tout parent, pourvu qu’il en fasse un printemps pour son cœur, une délectation pour son regard et une sérénité pour son âme, pour qu’il s’élève à la hauteur de sa compréhension. Il nous cite le père vertueux, le fils vertueux , le mauvais père , le fils récalcitrant et désobéissant, l’époux vertueux, l’épouse vertueuse, le mauvais époux, la mauvaise épouse, les liens fraternels épanouis et constructeurs, les liens fraternels destructeurs, etc. « Dans le Coran, Dieu nous a rendu clairs tout savoir et toute chose », rappelait, à juste titre, le compagnon Ibn Mass’oud, que Dieu l’agrée.

Je puiserai également dans la réserve de la Tradition du Prophète, paix et salut à lui, qui a valeur d’éclaireur. « Et jusqu’à toi, Nous avons fait descendre le Rappel, pour que tu exposes clairement aux gens ce qu’on a fait descendre pour eux et afin qu’ils réfléchissent. » . Ainsi, si, par exemple, le verset 12 de la sourate Joseph fait allusion au besoin de l’enfant dans son développement pour le jeu, le Prophète, paix et salut à lui, recommande clairement au parent de badiner et de s’amuser à des choses puériles avec son enfant. Paix et salut au bien-aimé Mohamed qui a tant et plus joué avec ses petits-fils et qui nous rappelait qu’« Il n’y a pas de meilleur cadeau qu’un père puisse offrir à son enfant, que celui d’un caractère noble »

Dans cette chronique, je resterai à la quête de toute sagesse dans ce domaine, et je ne manquerai point, de ce fait, de puiser dans les réserves des sciences, tant modernes, qu’anciennes, notamment les sciences de l’éducation. Cela enrichira certainement les sujets abordés, et nous offrira une opportunité pour marcher sur les pas du Bien-aimé Mohamed, paix et salut à lui, qui a dit : « le croyant est à la recherche de la sagesse ; où qu’il la trouve, il est le plus en droit de la faire sienne ».